Chapitre 1

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Ellie

« Je sors d'un des box de consultation et c'est là que je les aperçois en train de rôder autour de l'accueil, à tourner en rond comme des lions en cage. Ce n'est pas la première fois que je vois ces gars, ils font partie de ce gang de motards qui croit diriger la ville. Henry sort à ma suite et je lui demande s'il sait ce qu'ils sont venus faire ici.

— Le Doc les connaît, ça fait longtemps que je les vois venir ici. Ils doivent avoir un rendez-vous avec lui je pense.

— Un rendez-vous ? Pour faire quoi ? Lui soutirer de l'argent en échange de leur protection ? je dis avec un rictus mauvais au coin des lèvres quand je reporte mon attention sur eux.

— Je n'en sais rien, et pour tout te dire, je m'en tape un peu. Tant qu'ils ne foutent pas la merde et qu'il n'y a pas de blessés, ils peuvent rester le temps qu'ils veulent, m'a répondu Henry en prenant ses dossiers patients avant de s'éloigner.

Je finis de remplir le compte-rendu de ma consultation, et je me sens soudain observée. En les regardant chacun leur tour, je me fige sur les yeux du troisième qui me fixent sans ciller. Il est affalé sur sa chaise, sa tête repose en arrière contre le mur derrière lui. Je le regarde à mon tour en lui faisant un signe de tête pour lui demander ce qu'il veut. Il se redresse et sur le coup j'ai cru qu'il allait se lever mais il pose seulement ses coudes sur ses genoux sans me lâcher du regard. J'ai la sensation qu'un rayon laser me scanne jusque dans les tréfonds de mon âme, comme si la moindre de mes cellules était explorée. Un frisson me parcourt et je retourne à mes occupations.

Mon bipeur sonne, je suis attendue au bloc. Je dépose le compte-rendu de ma consultation à Abby, la secrétaire médicale du service, et je prends la direction des escaliers de service pour monter au bloc. Je ne peux pas m'empêcher de me retourner pour lui jeter un dernier coup d'œil à travers la vitre de la porte. Ses yeux sont toujours braqués sur moi, un sourire accroché au coin des lèvres.



*****


Tchet

Le Doc a mentionné une certaine « Ellie » à plusieurs reprises et j'aimerai bien savoir à quoi elle ressemble. Ça tombe bien, on a rendez-vous avec lui aujourd'hui alors j'espère que je pourrai la voir. On tourne en rond dans la salle d'attente de la clinique, le Doc est en consultation d'urgence et on nous a demandé d'attendre une vingtaine de minutes. Du coup j'épie tout ce qui me passe sous les yeux et je viens de prendre pour cible une nana qui sort d'un box : c'est pas ma came d'ordinaire mais là j'avoue que je pourrais faire une exception si une occasion se présentait. J'ai jamais été avec une rousse, je ne sais pas pourquoi, les préjugés peut-être. Son corps généreux parfaitement dessiné, même sous sa tenue d'infirmière, ne me laisse pas indifférent. Heureusement que le Doc nous a demandé de patienter avant de pouvoir nous recevoir, parce que ma trique ne pourrait pas passer inaperçue aux yeux des frangins.

Je ne sais pas ce qu'elle raconte au ténébreux qui s'est rapproché d'elle mais ça la fait sourire. Je ne me vexe pas, j'ai l'habitude des gens qui jasent sur notre passage et nous lancent des regards en coin comme ils sont en train de le faire. Ça fait partie du lot quand on porte le patch d'un club de motards 1%. Je la fixe tellement qu'elle doit sentir mon regard sur elle ; elle se retourne vers nous et passe en revue les frangins avant de s'arrêter sur moi. Elle me fixe autant que moi je la scrute depuis cinq minutes. Putain, son regard... Elle a un regard perçant, et je sais de quoi je parle, on m'a souvent fait remarquer que je mets les gens mal à l'aise. Elle ne semble pas impressionnée ou même effrayée, rien. C'est comme si elle était imperméable à l'intimidation dont j'essaye de faire preuve. Elle ne baisse toujours pas les yeux, je me redresse et je pose mes coudes sur mes genoux.

Là je vois son mouvement de recul, presque imperceptible, et sa bouche se ferme pour bloquer sa respiration. Ses joues sont devenues rouges. Elle a cru quoi ? Que j'allais me lever pour lui rouler une pelle aussi ?! C'est vrai que je ne suis pas le plus pudique d'entre nous, mais de là à prendre d'assaut une inconnue dans un lieu comme cette clinique, je serai tout simplement bon à enfermer. Le temps que je finisse mon monologue intérieur, elle a tourné les talons et je la vois passer une porte de service avec un écriteau « Personnel uniquement ».

Je ne sais pas qui est cette nana, mais quand son regard à croisé le mien une dernière fois avant de disparaître dans cet escalier, je suis persuadé qu'on sera amenés à se revoir.

Brothers in ArmsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant