Chapitre 13

10.6K 504 22
                                    

Tchet

Ce soir, c'est le gala de charité de la clinique pour la levée de fonds annuelle. Mon Prés m'a demandé d'y assister pour garder un œil sur Ellie. Alors me voilà habillé comme un putain de pingouin ! Je déteste ça. Même si apparemment je suis le seul, vu les regards appuyés que me lance certaines femmes parmi la foule d'invités. Faut dire que j'ai mis le paquet pour me fondre dans la masse ; le Doc m'a demandé de ne pas faire de vagues, alors je suis allé chez le barbier pour me tailler une belle barbe et raccourcir un peu mes cheveux. Ma mère m'a dit que j'étais méconnaissable. Je lui ai dit d'en profiter parce que ce serait la dernière fois qu'elle me verrait habillé comme ça.

Je suis resté dans mon coin une bonne partie de la soirée à descendre des verres de whisky, en épiant les moindres faits et gestes d'Eleanor, jusqu'à ce que les investisseurs prennent la parole pour remercier les donateurs, et notamment un certain M. Connor Mitchell. Moi. Je lève mon verre en direction de la scène et je vois Eleanor, dont le regard balayait la foule pour applaudir avec les autres ce généreux donateur, se figer quand elle comprend que c'est moi. Henry est avec elle, comme d'habitude, et ils échangent quelques mots en regardant dans ma direction. Je lui fais un clin d'œil, elle rougit et ça me fait sourire. Je suis certain qu'elle repense à la soirée au club, la fois où je l'ai faite grimper au rideau quand j'avais la tête entre ses cuisses.

Le discours s'est terminé sur quelques mots de la part du Doc qui remerciait chaleureusement tout le monde présent ce soir. Pendant ce temps-là je suis retourné près du bar me commander un autre whisky.

Le smoking vous va à ravir, vous êtes très beau.

Même si je lui tourne le dos, je sais que c'est elle qui vient de me parler. Son parfum fleuri m'envahît les narines et je me surprends à presque humer l'air pour le sentir encore avant de me tourner vers elle. Elle m'a dit ça d'un air très sérieux en me détaillant des pieds à la tête.

— Je peux me foutre à poil si tu veux en voir plus, je lui réponds avec un sourire en coin.

— Euh...on verra ça en temps et en heure, tu veux.

— Donc tu ne dis pas non... Je me disais bien que la façon dont tu me mates à chaque fois cache un certain désir pour moi.

Elle plisse les yeux en me regardant de travers, puis elle fait finalement demi-tour en me plantant dans mon coin.

Un DJ a été engagé pour l'animation du gala qui a continué en mode soirée dansante. Eleanor est en train de danser avec Henry et Cecilia, si j'en crois les sms que Henry lui a envoyé. Quand on la surveillait de près au début, ça incluait aussi le contenu de son téléphone. Et ces deux-là se voient depuis quelques mois maintenant. Ils ne faisaient que coucher ensemble puis un jour je les ai surpris tous les deux, main dans la main en train de s'embrasser plutôt amoureusement en repartant de chez Eleanor, un soir où j'étais de surveillance.

En parlant du loup ; Eleanor n'arrête pas de jeter des coups d'œil dans ma direction dès qu'une femme m'approche. Surtout des femmes d'un certain âge. Les « cougars », j'ai jamais donné dans ce genre de délire mais ça pourrait venir. Certaines seraient prêtes à me suivre jusque dans les toilettes pour un peu de sexe contre un mur. Ce serait grisant pour elles. Parfois, j'entre dans leur jeu et j'enclenche le mode charmeur désintégrateur de petites culottes, en gardant toujours un œil sur ma mission, qui pour l'instant se fait peloter sur la piste de danse par une espèce de Ken en chaleur. Ses mains qui se baladent sur elle me hérissent le poil et mes poings se serrent instinctivement. En la rencontrant la première fois, j'étais certain que cette nana allait me compliquer l'existence.

Et je ne comprends toujours pas comment cette rouquine écossaise a pu me retourner le cerveau. C'est un de ces bordel ! Avant je ne me serais pas posé de questions ; je vois Monica mais c'est pas exclusif, de temps en temps je m'envoie en l'air avec d'autres nanas lors de soirées quand Madame est d'humeur à faire ménage à trois, ou alors quand je fais un déplacement pour une « mission annexe ». Mais jamais je n'aurais imaginé vouloir être avec elle. Passer du temps avec elle autrement que pour baiser quoi.

Brothers in ArmsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant