Chapitre 11

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Tchet

Putain ! Cette peste m'a bien eu. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle me plante comme ça, avec une trique d'enfer. Tellement d'enfer que c'en est presque douloureux. Les gars se marrent en la regardant traverser la foule et quand elle se retourne je vois son petit sourire en coin. Elle jubile. Après les crasses que je lui ai faites, on va dire que c'est de bonne guerre.

—Tchet, mon pote, je dois t'avouer que je suis scotché, me dit Highlander. Je ne t'ai jamais vu aussi calme après une scène pareille.

—J'avoue, confesse Benny. Et ça n'augure rien de bon si vous voulez mon avis. Aller, venez les gars. Je crois que t'as besoin d'un petit remontant Tchet.

Je vais en prendre plein la tronche avec cette connerie, les gars ne vont pas me lâcher. Je venais de leur payer une nouvelle tournée quand on a entendu des sifflets derrière nous. Quand je me retourne, je vois Monica fendre la foule sous des regards affamés. Elle s'avance vers moi en roulant les hanches avec un sourire aguicheur aux lèvres.

—Tu vas pouvoir tirer ta crampe ce soir finalement, me dit Highlander en me collant une claque dans le dos. Veinard...

Monica. Elle est arrivée dans le coin depuis quelques mois et a fait sensation dès son premier jour au club. Elle est très appréciée des gars ici, et elle aime bien s'occuper de moi. Si d'habitude je suis son chouchou, ce soir j'ai comme un goût d'amertume qui me reste en travers de la gorge et je fais à moitié la gueule. Arrivée à ma hauteur, elle me saute dessus directement.

—Salut les gars, leur dit-elle avec un air faussement timide. Ça vous dérange si je vous emprunte votre copain pour le reste de la nuit ?

—Il est tout à toi, il n'attend que ça, lui répond Benny en déclenchant les rires des deux autres, l'enfoiré.

Monica m'attrape par la main et m'emmène derrière elle en direction des piaules sauf que je n'ai pas envie de la voir sur mon lit. Je prétexte une envie soudaine en la pelotant en chemin et l'entraîne vers les toilettes où je l'attrape contre le mur en lui roulant une pelle à m'en couper le souffle.

Mon empressement lui fait plaisir et elle joue le jeu de la surexcitation en nous enfermant dans une cabine le temps qu'on prenne chacun ce qu'on veut de l'autre.

— Y a quelque chose qui va pas ? me demande-elle en redescendant sa jupe.

Je me suis contenté d'expirer lourdement en remontant ma braguette et je suis sorti sans rien ajouter.

—Tchet, tu sais que si tu as besoin de parler je suis là.

—Je suis désolé Monica, c'est vraiment pas contre toi. J'ai une affaire en ce moment qui me préoccupe pas mal et j'ai pas la tête à ça.

—Pas de soucis mon chou, tu sais où me trouver, me répond-elle en m'embrassant avant de sortir.

Je suis sorti prendre l'air en passant par la porte de derrière, celle qui se trouve au bout du couloir des piaules. J'allume une clope en m'asseyant sur une caisse qui traînait là, je n'arrête pas de repenser à Monica lorsqu'elle m'a embrassé, et ça n'avait absolument rien de comparable avec ce que j'ai ressenti en embrassant Eleanor.

D'habitude, quand Monica débarque comme elle l'a fait ce soir, les premiers baisers et sa façon de se frotter contre moi m'excitent direct. Mais ce soir, j'ai dû penser à Eleanor en train de jouir en criant mon nom pour me faire bander avec Monica.

Putain ça craint...


Et ça craint d'autant plus quand je la croise chez Anita en allant prendre mon déjeuner la semaine suivante.

Eleanor est installée à sa table habituelle. Ani s'apprête à lui servir sa commande et je lui propose de la remplacer.

—Avec les compliments de la maison, je lui annonce en déposant son assiette devant elle.

Sa crinière rousse flotte en bouclettes autour d'elle et elle la ramasse en un chignon sur le sommet de son crâne. Jamie a raison, elle ressemble vraiment à cette princesse Mérida. Ses yeux verts s'illuminent en me voyant et un sourire malicieux se visse sur ses lèvres.

—Merci bien. Comment tu vas ?

—Ça roule. Tu t'es remise de ta soirée de vendredi, je lui demande un sourire narquois aux lèvres en m'asseyant en face d'elle.

Elle rougit légèrement et garde le nez dans son assiette en mangeant un morceau. Elle sourit toujours.

—Et toi ? Pas trop dur de finir sur la béquille ? Elle me demande, joueuse.

—Oh je te rassure, je ne l'ai pas gardée longtemps.

Son regard change soudain, il est moins rieur.

—D'ailleurs si tu veux que je finisse ce j'ai commencé, je suis partant.

—Oh je te rassure, y a quelqu'un qui s'en est occupé à ta place. Il a bien comblé ce vide au plus profond de moi, si tu vois ce que je veux dire...touuuute la nuit, elle me répond à voix basse en se penchant vers moi.

Je la fixe quelques secondes et je sens le sourire en coin que j'affichais se faner. Elle a passé la nuit avec un autre. Un mec a posé ses mains sur elle et lui a procuré du plaisir. Je ne comprends pas ce qui se passe dans ma tête mais au fond de moi, je m'aperçois de la présence d'un nouveau sentiment : la jalousie.

L'idée qu'elle se soit faite tripotée par un autre homme et qu'il ait pu tremper son pinceau en elle ne me plait pas et je sens la colère me gagner légèrement. Je fais de mon mieux pour essayer de ne pas le montrer et quand Ani m'appelle pour me dire que ma commande est prête, je me lève pour la récupérer au comptoir. Je sors ensuite sans un regard vers Eleanor, qui m'observe quand je passe devant sa table.

J'ai enfourché ma bécane et je suis parti en trombe. Il fallait que je roule pour faire redescendre la pression. Je suis jaloux. Je suis putain de jaloux à l'idée qu'elle ait pu passer la nuit avec un autre homme ! Je crois que je suis foutu... ma mère avait raison.

Et il y a pire encore : je me comporte parfois comme un ado avec son premier béguin. Comme la fois où je suis rentré d'une affaire pour le club. J'étais descendu jusque San Diego pour une semaine et lorsque je suis rentré le vendredi soir, Elijah qui tenait le bar m'annonce que je viens de louper Eleanor qui est venue prendre un verre.

— Tu sais où elle est ? je lui ai demandé en essayant de garder au maximum un air détaché.

— Je l'ai vu sortir, avec un gars qui l'a rejoint au bar. Celui de la dernière fois, tu te souviens, tu l'avais éjecté de son tabouret ce soir-là.

Riley, c'est le type qui avait commencé à emballer Eleanor à la première fête du MC où je l'avais invitée. Je suis sorti pour fumer ma clope et j'ai fait le tour du parking. Son pick-up était toujours là mais pas d'Eleanor. Elle avait dû quitter le Club House avec son rencard.

— Fais chier !

Et là, j'ai fait le truc le plus con qui m'est passé par la tête : j'ai ouvert le capot de sa voiture et fait en sorte qu'elle ne puisse pas démarrer. J'étais certain qu'elle m'appellerait pour la ramener chez elle comme ça.

Sauf que j'ai attendu pour rien. Mon téléphone n'a pas sonné et le lendemain matin, une dépanneuse était venue la récupérer.

Et merde !

Brothers in ArmsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant