Brothers in Arms

Chapitre 24

Tchet

J'échappe de justesse au canapé, elle a pris pitié de moi. Genre... Comme si je n'avais pas compris son petit manège, je sais bien qu'elle a autant envie que moi de se couler sous les draps dans mes bras. Le pire c'est que pour une fois je n'ai même pas envie de la baiser, j'ai juste envie de la sentir contre moi, que nos corps se fondent l'un contre l'autre et qu'on s'endorme comme ça. J'ai jamais eu envie de faire ça avant.

Elle m'a indiqué sa chambre mais j'ai du mal à lever mon cul de ce canapé bien trop confortable à mon goût. Je me garde bien de lui dire parce qu'elle serait capable de faire machine arrière et de m'y faire dormir. Elle a embarqué mon sweat pour le mettre à laver cette nuit et quand elle revient de la cuisine et qu'elle me voit encore assis au salon, elle m'a demandé si j'avais besoin de prendre une douche ou bien si elle pouvait y aller. Je lui ai dit que je n'avais pas la force mais elle m'a rappelé que je m'étais quand même gerbé dessus et que ça me ferait du bien pour dessouler.

—On peut la prendre ensemble si tu veux, je lui propose en connaissant d'avance sa réponse.

—Les serviettes propres sont rangées sous le lavabo, sers-toi. Et tu as des brosses à dents dans le troisième tiroir du meuble. N'hésite surtout pas ! elle me dit en guise de réponse.

Je n'insiste pas, je n'ai pas envie qu'elle me foute carrément à la porte, je suis bien dans sa cabane. On s'y sent bien, il y a de bonnes ondes. Oh merde...je suis vraiment raide. Je finis par trouver la force de traîner ma carcasse dans la salle de bain et filer me noyer sous la douche. L'eau chaude me détend et commence à me faire somnoler, je me savonne vite fait et je sors de la douche en me séchant rapidement. La serviette autour de la taille, je cherche mes fringues mais je ne vois rien. A la place j'ai trouvé un short et un t-shirt floqués du sigle des Marines. Comment elle a fait pour que je ne m'aperçoive même pas qu'elle était entrée pendant que je me douchais ? J'enfile seulement le short, je dors en calbute d'habitude, et je me faxe dans les draps. Ils sont frais, sentent bon et son lit est putain de confortable par rapport à celui de ma piaule au MC. J'en soupire de bonheur d'être enfin allongé et je laisse ma tête lourde s'enfoncer dans son oreiller ultra moelleux jusqu'à ce que je sombre dans le sommeil sans m'en rendre compte.

Un rai de lumière traverse la piaule dans laquelle j'ai dormi, et je mets quelques secondes à remettre mes idées en place et me souvenir où je suis. Eleanor. J'ouvre à nouveau les yeux et regarde à côté de moi. L'oreiller ne porte pas de trace de quelqu'un qui aurait dormi dessus et l'autre côté du lit est encore fait. J'ai dormi tout seul. J'émerge difficilement et me retourne sur le dos. Les rideaux ont été tirés, la lumière est tamisée dans la chambre mais elle reste trop forte pour ma gueule de bois. Je prends le temps de me réveiller et je commence à entendre des bruits dans la pièce d'à côté. Eleanor doit déjà être debout.

Quand j'arrive dans la cuisine, elle a des écouteurs vissés dans les oreilles et je ne sais pas ce qu'elle écoute mais ça la fait bouger. J'enfile le t-shirt qu'elle m'a prêté et je me pose contre le mur du frigo en la regardant se dandiner sous mes yeux. Vraiment, je pourrais m'habituer à ce genre de scène le matin en me levant, avec elle à mes côtés. Si seulement elle arrêtait de se voiler la face et qu'elle nous laissait au moins essayer. Mais je suis sûr qu'elle a peur que ça lui plaise et d'y prendre goût. Elle se cache derrière son job et la réserve militaire, mais je suis prêt à parier qu'il y a autre chose. Elle se retient et j'aimerai bien comprendre pourquoi.

Elle pivote pour déposer des œufs au plat dans une assiette qui attend sur le plan de travail à côté d'elle et c'est là qu'elle m'aperçoit enfin. Elle n'a pas crié mais j'ai vu sa surprise en me voyant et la poêle s'est posée violemment sur le meuble. Elle me souri et rougit en enlevant ses écouteurs.