Chapitre 22

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Tchet

En arrivant devant chez Eleanor, je suis déjà bien allumé ce soir. Ça fait dix jours que je ne l'ai pas vue et le Doc m'a dit qu'elle avait pris des congés. Mais je ne sais pas ce qu'elle a trafiqué parce que pendant ces dix jours, on n'a pas pu trouver sa trace. Et quand je dis « on », je parle de Shark bien sûr. Rien. Pas une connexion au réseau téléphonique, pas une seule utilisation de sa carte bleue, que dalle !

Les gars m'ont charrié une bonne partie de la soirée à propos d'elle et de mon agacement à ne pas savoir où elle est ou ce qu'elle fait sans me donner de nouvelles. Ils disent que je suis carrément devenu accro et je n'ai rien nié. Je sais depuis le début que je suis cuit, j'ai cette fille dans la peau, sans rien avoir demandé. Elle est venue s'immiscer dans ma vie et le problème c'est que je ne sais pas comment m'en défaire. Enfin la vraie question comme m'a dit mon père, c'est plutôt est-ce que j'ai vraiment envie qu'elle disparaisse de mon radar. Et non, la réponse est non, bien sûr. Je suis comme un con quand elle est dans les parages et quand je la vois, j'ai un putain de mal à me concentrer sur autre chose qu'elle, ses courbes généreuses et son cul sur lequel j'aimerai enfin poser mes mains quand j'en ai envie, ou son regard d'émeraude dans lequel j'adore me plonger quand on se matte. Parce que je sais qu'elle me matte autant que moi, je l'ai grillée tellement de fois ! Le pire c'est qu'elle n'en n'a rien à cirer que je la voie faire et ça me rend fou.

Jusque-là on a fait que se tourner autour, jouer au chat et à la souris. J'ai essayé de me comporter comme avant et de continuer à choper ce qui me plaisait pendant les soirées du club. Mais même Monica, avec qui j'entretenais une relation du genre plan cul attitré fut un temps, n'avait plus raison de moi. Même si j'avais eu un besoin physiologique à assouvir je m'en serais chargé tout seul sous la douche plutôt que de coucher avec elle. Parce qu'à la place de la plantureuse brune habillée en cuir de la tête aux pieds, je n'arrive plus à me sortir ma lassie à la crinière de feu du crâne.

Mes frangins m'ont capté depuis longtemps, et ces enfoirés savent bien que tant que je n'officialiserai rien avec elle, elle n'est pas encore intouchable. Alors ils font exprès de la prendre dans leurs bras pour lui dire bonjour en me narguant, de passer des bras autour de ses épaules, de la chercher pour se battre. Je me suis bien marré d'ailleurs la fois où on a dû emmener Highlander à la clinique pour faire des radios et s'assurer qu'elle ne lui avait pas pété le nez. Ils s'engueulaient dans leur langue maternelle et ça a fini qu'Eleanor s'était levée de table en lui collant une droite en plein dans le pif. Sa chaise a valsé en arrière, lui avec, et il pissait le sang.

Pour le moment je n'ai pas le choix, je serre les dents parce que j'ai pas encore eu le cran de lui dire que je ne veux plus tourner autour du pot avec elle. Ce qui est risible comme m'a fait remarquer Highlander, étant donné mon comportement habituel avec les femmes qui gravitent autour du club et ma capacité de franchise en général. Je ne fais pas dans le sentiment, je m'en fous et elles aussi, elles ne sont pas là pour ça de toute façon. D'habitude, je prends ce dont j'ai besoin, la nana que je choisis aussi et on est quittes. Je me suis rarement réveillé avec une fille dans les bras le matin, ou alors j'étais trop bourré pour lui demander de partir mais je n'ai jamais eu envie de m'attacher. Ma mère m'a toujours dit que le vent tournerait et qu'un jour ce genre de « connerie » m'arriverait aussi en me tombant dessus sans prévenir. Et je lui ai toujours ris au nez en guise de réponse. Pourtant aujourd'hui je me dis qu'elle a raison. Je suis cuit !

Y'a personne quand j'arrive chez elle, pas de lumière et pas de bruit non plus. Je ne sais pas ce qui m'a pris, j'ai forcé la serrure et je suis entré en refermant derrière moi et quand j'ai allumé la lumière, je n'ai pas compris ce qui se passait : l'appartement était vide. Plus un meuble, deux ou trois cartons dans un coin de la cuisine mais sinon plus rien. Mon sang n'a fait qu'un tour et j'attrape mon téléphone pour l'appeler. Répondeur. J'essaye encore plusieurs fois et à chaque fois je tombe sur sa boîte vocale. Putain ! Mais comment ça elle est partie ?! Non. Non, de toute façon je suis trop con, je ne sais pas pourquoi je me monte la tête comme ça, elle ne partirait pas de cette ville. Elle a son boulot et je sais que c'est toute sa vie de travailler dans cette clinique avec le Doc. Elle ne partirait pour rien au monde.

Brothers in ArmsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant