Chapitre 9

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Tchet

— Tu plaisantes j'espère ? A ton avis, qu'est-ce que je peux bien faire avec un appareil photo ?

— Te fous pas de moi. T'arrête tout de suite ce que tu fais, je lui ordonne

Elle ne saisit pas pourquoi je lui dis ça sur le moment, et arbore ce même air arrogant que lorsqu'elle va m'envoyer me faire foutre parce que je l'emmerde royalement.

— Vous avez peur de quoi en fait ? Vous pensez que je prends des photos pour les refiler ou quoi ? Je ne suis pas débile à ce point vous savez. Je sais me tenir.

— Alors donne-moi ton appareil, je lui demande en faisant un pas vers elle la main tendue.

— Mon pauvre ami, il faudra me passer sur le corps pour ça.

Mon Dieu, si elle savait ce que j'imaginais faire à son corps... pas juste lui passer dessus en tout cas. Je suis certain qu'elle a fait exprès de me dire ça ; elle s'est trahie toute seule quand elle a dégluti avec difficulté en fixant ma bouche.

J'esquisse un sourire devant sa réaction.

— Ne me tente pas chérie, je lui réponds en faisant un pas vers elle.

Derrière nous, je vois le Doc qui porte son attention sur nous et quand il détaille la scène, je l'entends me dire de ne pas m'avancer sur ce terrain. Mais je suis fier, et je commence à fulminer de me faire provoquer devant ma famille. Mac s'écarte en levant les mains au ciel pour se dédouaner de toute responsabilité pour ce qui va suivre. L'attention de l'assemblée se porte soudain sur nous et je sens qu'on va se donner en spectacle, mais tant pis.

Je tente une première fois de saisir l'objet du délit. Elle esquive en décalant son buste sur le côté. J'essaie une seconde fois et cette fois elle repousse mon bras d'un geste vif. Je commence sérieusement à m'agacer et elle de son côté elle jubile. Je suis habitué à m'entraîner à me battre et me défendre avec les frangins. Elle sourit c'est plus fort qu'elle ça se voit, et elle commence à gesticuler. On dirait un boxeur qui entre sur le ring et qui sautille sur place, son appareil toujours dans la main.

— Je n'aime pas frapper les femmes, je lui explique.

— Parce que ça t'arrive des fois ? Ouh...vilain garçon.

J'entends des rires qui viennent de la table des filles, Jolene n'en perd pas une miette et me balance une vanne mais je suis concentré, j'entends leurs voix mais je ne comprends pas ce qu'elles disent. Je tends le bras en faisant une fente avant pour l'atteindre mais elle se décale sur le côté en passant sous mon bras. Je sens alors sa main venir taper l'arrière de mon crâne et son pied prend appui à l'arrière de mon genou pour me mettre à terre.

— Baisse pas ta garde, chéri, elle me balance en faisant rire l'assemblée.

Les sifflets retentissent autour de nous. Cette fois mon regard n'est plus amusé, je suis surtout irrité et vexé, je l'avoue. Parce que me faire malmener comme ça me fait surtout passer pour un con et je déteste ça. Mais pour ma défense, je n'ai pas envie de lui faire mal en m'attaquant à elle comme je le ferais avec un de mes frangins.

— Ecoute, je ne veux pas te faire de mal, ni me donner en spectacle. Ce combat, ou quoi que ce soit, n'est pas vraiment ce qu'il y a de plus équitable alors arrête avant que ça n'aille trop loin.

— T'as peur de te prendre une branlée. Je te comprends et je respecte. Du coup ça veut dire que je peux continuer de prendre des photos ?

Sans attendre de réponse de ma part, elle presse le déclencheur qui me mitraille. Elle me tourne le dos et lève son appareil à hauteur d'yeux pour continuer à faire ses photos. J'ai demandé à Shark d'essayer de lui attraper son appareil. Il me regarde avec ses yeux de merlan frit comme si je me foutais de lui mais je suis bien sérieux. Il s'exécute, comme un bon prospect, et quand son bras passe au-dessus de son épaule droite, tout s'est enchaîné à la vitesse de l'éclair. Eleanor retourne les doigts de son assaillant avant de lui faire une clé de bras et de lui décocher une béquille pour lui faire mettre un genou à terre. Elle est tellement à fond dans son truc qu'elle a mis quelques secondes à se rendre compte qu'il s'agissait de Shark.

— Merde ! merde ! merde ! Pardon Shark, je suis vraiment désolée. Je croyais que c'était Tchet...

— Donc si ça avait été moi, tu ne te serais pas arrêtée ?

— Non c'est clair, je n'aurais eu aucune pitié ! Shark, vraiment je suis désolée. Euh... mets de la glace ou plonge tes doigts dans de l'eau glacée, ça devrait faire l'affaire.

Le Doc a pris le prospect par le coude d'une main, une chaise dans l'autre et il le fait s'asseoir à côté d'un grand bac rempli de glace pour tenir les bières au frais, dans lequel il lui a fait plonger la main.

—Je suis vraiment désolée Shark, je te ramènerai une pommade demain pour les coups, c'est très efficace.

—T'inquiète Ellie ça va aller, j'ai connu pire, il lui répond tel un héros qui aurait fait la guerre.

Pff... ce gland est en train de se faire plaindre auprès de l'infirmière et elle, elle y court. Sérieusement ?! Avec Shark ? Putain ! Et dire qu'au début je voulais essayer une nouvelle fois de lui attraper son appareil, moi, et pas Shark. Mais ça n'aurait pas changé grand-chose, elle a clairement dit que si ça avait été moi, elle ne se serait pas arrêtée là. Alors s'occuper de moi pour me soigner...

Elle tient compagnie à Shark en s'excusant encore, et pendant ce temps-là, j'en profite pour récupérer son appareil et en retirer la pellicule que je déroule avant de la jeter dans le feu du barbecue.

Après tout on ne sait jamais qui pourrait tomber sur ces photos, on rentre chez elle comme dans un moulin.

Brothers in ArmsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant