Chapitre 23

8.5K 462 17
                                    

Ellie

Je m'engage sur le chemin qui mène à mon nouveau chez moi. Une ancienne maison de chasseur pour laquelle j'ai eu un coup de cœur quand je l'ai visitée. Enfin c'est surtout le cadre totalement bucolique qui m'a fait rêver. Il y a eu pas mal de travaux à faire pour qu'elle soit habitable au quotidien. Elle ne servait que les weekends et il était rare que l'ancien propriétaire y dorme. En un mois et demi, l'isolation a été refaite du sol au plafond, une cuisine et une salle de bain tout confort ont été aménagées, et ce qui servait de grenier a été transformé en mezzanine où j'y ai installé un bureau et le salon télé. Je vis en Californie, le soleil régnant en maître sur la météo locale les trois quarts de l'année, j'ai fait installer des panneaux solaires pour produire et consommer ma propre électricité, et alimenter un chauffe-eau thermodynamique qui récupère les calories de l'air pour chauffer mon eau. Ça aurait été criminel de ne pas utiliser ce type d'énergie. Une cheminée a aussi été aménagée. Bien-sûr elle sert surtout de déco mais elle est fonctionnelle, au cas où. Tout est comme neuf et ce soir, je vais y passer ma première nuit.

Je m'extasie devant ma nouvelle maison quand la portière côté passager s'ouvre et Connor descend tant bien que mal en manquant de se vautrer de tout son long. Il a finalement réussi à traîner sa carcasse derrière un bosquet. La voiture l'a rendu malade avec la quantité de whisky qu'il a absorbé. Je l'entendu râler et s'auto sermonné pour avoir autant bu et ne pas avoir pu prendre sa moto. Je laisse reprendre ses esprits et prendre un bon bol d'air frais. Il s'est couché par terre et pendant ce temps je vide mes affaires de ma voiture et je rentre. C'est calme, un silence apaisant ; pas de bruit de voitures dans la rue, de voisins qui regardent la télé trop fort ou écoute la musique comme s'ils étaient seuls. Seulement le bruit d'un homme complètement rond entrain de gerber tripes et boyaux dans ma haie. Le bonheur quoi !

C'est à ce moment-là que Connor choisit de faire son entrée. Il est blafard, du vomit sur son sweat et se laisse tomber dans le canapé à côté de la porte d'entrée.

—Merde Connor, tu fais chier. Enlève tes bottes au moins.

—C'est toi qui fais chier Eleanor. Arrête de gueuler, je suis mort...

Il s'est affalé sur la longueur du canapé, prêt à dormir. Je lui ai préparé une aspirine en espérant que demain ça lui éviterait une gueule de bois d'enfer, avant de le déchausser sans ménagement. Et en repartant il a quand même trouvé la force de me mettre une fessée bien placée. Je me stoppe nette.

—Rho dans le mille, la fessée parfaite...

—Tu refais plus ça. Sinon moi aussi je vais mettre dans le mille et je ne suis pas sûre que ça te fasse rire.

—Te vexe pas chérie, c'est affectueux.

—Ce que tu peux être con quand t'es bourré. Et redresse-toi un peu, ton sweat plein de vomit va tacher mon canapé. Allez !

Il se redresse et boit le médoc que je lui ai préparé cul sec, avant de réussir à enlever son sweat. Son t-shirt se retrouve embarqué et j'ai bugge sur lui. Il n'est pas musclé façon bodybuilder, ça ne fait pas gonflette inutile mais plutôt muscle profond et puissance. Il est tatoué presque sur toute sa surface et j'ai envie d'en tracer les contours du bout des doigts. Oh mon dieu que j'aimerais le caresser, le peloter carrément. Il est trop bien foutu ! Et ce n'est pas juste, il sait que je n'arrive pas à lui résister mais de le voir comme ça, sur mon canapé, presque à disposition...je commence à avoir chaud.

—Je peux me rhabiller ou tu mates encore ?

—De quoi ?

—Je peux me foutre à poil si tu veux mieux voir, ça ne me dérange pas.

—Non merci, j'ai besoin de dormir cette nuit, j'ai répondu à regret. Non, je vais t'apporter de quoi dormir sur le canapé.

—Sérieux ? Tu vas me faire dormir sur le canapé ? T'es dure Eleanor. On a déjà baisé, tu peux bien me laisser une place dans ton lit, non ?

—Bah justement on ne fait que baiser, donc t'as pas besoin d'avoir une place dans mon lit. Le canapé suffira, je lui réponds en lui tournant le dos pour aller chercher des draps propres.

Ses doigts agrippent mon poignet et il se redresse en m'attirant à côté de lui. Il tient toujours ma main dans la sienne et en caresse le dos dans un mouvement circulaire inconscient. Il semble perdu dans ses pensées, ou du moins cherche ce qu'il va dire. J'ai pas l'habitude de le voir hésiter comme ça, si peu sûr de lui. Bon ok, il est complètement ivre, mais ça aussi c'est la première fois que je le vois comme ça.

—Et si...on disait qu'on ne fait plus que baiser ?

—C'est-à-dire ?

—Oh merde tu le fais exprès, Ellie ? Je...j'ai envie de toi, toute la putain de sainte journée. Je ne pense qu'à me rouler dans tes draps et te faire l'amour. Pas te baiser. Tu comprends ? Qu'est-ce que t'en dis ?

—Ce que j'en dis, c'est qu'on en reparlera demain quand t'auras décuvé, ivrogne.

—Non, je déconne pas Eleanor. S'il te plaît, réponds-moi.

Je me tourne vers lui en prenant son visage en coupe dans mes mains. Je veux capter toute son attention pour que, même malgré l'alcool, il puisse se rappeler de notre discussion demain. Je vois dans ses yeux qu'il a l'air perdu, je me doute que ce genre de sentiments est nouveau pour lui. Et je comprends, c'est pareil pour moi. J'ai eu des relations, mais elles ne m'ont jamais fait ressentir ce que je ressens quand je suis avec Connor. C'est intense à chaque fois et je sais que malgré notre plan cul amélioré, ça va bien au-delà que le sexe seulement.

—Connor, je passe un temps très agréable auprès de toi et j'adore ça. Mais je suis un fantôme qui traîne des squelettes dans ses placards et tu ne pourras rien construire de solide avec moi. La stabilité c'est pas pour moi, j'ai la bougeotte et je suis amenée à disparaître pendant des mois parce que je partirai en mission en tant que réserviste.

—Parce que tu vas devoir partir en mission ? Je croyais que tu avais quitté l'armée.

—Le service actif, oui. Mais je suis volontaire dans la réserve, et je sais que je devrais être déployée dans quelques temps.

—Mais moi je voudrais les rencontrer tes squelettes, t'aider à les faire sortir et m'occuper de toi.

—Je ne suis pas une fille qui pourra te donner ce que tu veux, Connor.

—Ça t'en sais rien, tu ne sais même pas ce que je veux...

—Et toi tu ne sais même pas qui je suis. Allez viens, on va se coucher t'en a bien besoin et moi aussi avec la journée que j'ai eue.

—Je dors plus sur le canapé ?

—Non, j'ai pitié de toi. Pour cette fois.

Brothers in ArmsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant