Brothers in Arms

Chapitre 2

Ellie

Le Doc m'a envoyé un code rouge avec des coordonnées masquées pour une urgence. Il m'avait prévenue qu'il pourrait un jour avoir besoin de moi pour une affaire perso et délicate, quelques semaines après mon arrivée dans son service.

— Henry, faut que tu me remplaces pour une heure, deux max.

— Putain Ellie, t'abuses sérieux ! Mon service vient de finir.

— Je n'y peux rien, j'ai une urgence. Le Doc m'a envoyé un message bizarre... Alors, tu peux me remplacer ?

— Si c'est pour le Doc... Je prends ta garde, vas-y. Mais tu me revaudras ça ! Encore.

— Pas de soucis, tu sais que je paie toujours mes dettes. A toute !

On a tous une vénération pour le Doc, le Dr Philip « Phil » Morrison. Il a ouvert une clinique mutualiste pour les plus démunis, en partenariat avec la ville et un laboratoire pharmaceutique pour qui il avait travaillé au cours de sa carrière. Tous étaient plutôt réticents à l'idée de se lancer dans ce genre de projet parce que forcément, la première question avait été « qu'est-ce que j'y gagne ? » ou « combien ça va me rapporter si j'investis avec vous ? ». Je ne sais pas comment le Doc a fait pour les convaincre, en tout cas ils n'ont jamais regretté leur choix. La presse les a encensés, le laboratoire a vu son nombre d'investisseurs augmenter au fil des ans. Forcément, un labo qui ne fait pas de trafic et qui au contraire aide ceux qui en ont le plus besoin, c'est une bien meilleure image de vente ! Bref, tout le monde y a trouvé son compte et surtout les gens les plus démunis qui ont besoin de soins mais n'ont pas les moyens de se faire soigner.

Je monte en voiture en toute hâte après avoir balancé ma trousse de secours et mon matériel d'urgence à l'arrière, j'entre les coordonnées qu'il m'a indiquées dans mon GPS et je le suis jusqu'à ce qui semble être un repère de bikers. L'accueil est clair sur le panneau de l'entrée du parking : « Pas de couleurs, pas de bières. Étrangers passez votre chemin ». Mais bon sang, qu'est-ce que le Doc fout dans ce trou à rats ?!

Lorsque je m'engage dans l'allée pour rejoindre le parking, un mec me fait signe de le suivre et part en courant avant de me demander de m'arrêter devant les portes de l'entrée d'un Club House.

— Putain Doc, c'est quoi ce bordel ? D'où elle sort celle-là ? demande un des bikers du club lorsque je passe la porte.

Il règne dans la salle une forte odeur d'alcool, de cigarette et de sang.

— Rory, du calme, dit-une voix dans un souffle, à peine perceptible.

Je remarque que deux molosses ont du sang partout et une flaque de ce même liquide rouge sous un banc prouve que quelqu'un a perdu énormément de sang.

— Ellie, par ici. Je vais avoir besoin de toi.

Je sors de ma rêverie quand j'entends le Doc s'adresser à moi et je le rejoins. Ou du moins j'essaie parce qu'un type armé d'un Glock me barre le chemin et m'empêche d'avancer. Je suis focalisée sur l'arme et mon cerveau se prépare à passer à l'action pour le désarmer.

— Tchet, si tu veux que Jack s'en sorte il va falloir lui faire autant confiance à elle qu'à moi. Vous ne voulez pas qu'il aille à l'hôpital alors je vais avoir besoin d'aide si vous voulez qu'il reste en vie. Ellie a des compétences qui me seront vraiment très utiles vu la gravité des blessures de Jack.

— Mais je ne sais pas qui est cette pétasse, alors comment veux tu que je lui fasse confiance ?

Mon attention se porte à nouveau sur le gars qui me barre le passage et je le reconnais : c'était lui l'autre fois à l'hôpital qui m'avait fixé sans me lâcher. Le Doc a dû voir ma mâchoire se serrer et mes traits se durcir parce qu'il me fait signe de calmer la pression qui monte en moi avant de désigner mon assaillant du menton. Il me demande de faire les présentations.