Brothers in Arms

Chapitre 16

Pour accompagner votre lecture, une playlist Spotify "Brothers in Arms" par Mi_Gall est disponible ;)

Ellie

Poppy m'a raconté que chaque année, la Saint-Patrick donne l'occasion au club de faire une grande fête, et comme chaque année la foule afflue au bar du MC.

— Tu seras là bien sûr, me dit-elle comme une affirmation.

— Je passerai oui, mais je ne sais pas vers quelle heure. Je suis de l'après-midi et je ne finis pas avant 21h00, 21h30 en général.

— Ça ne fait rien, tu passeras quand tu auras fini. Aide-moi à ranger ça, tu veux.

Après mon service, je suis allée faire un tour du côté du club, m'arrêter prendre un verre avec les filles et profiter un peu de la soirée comme me l'avait suggéré Poppy. J'adore la musique traditionnelle irlandaise, ça me rappelle toujours mes racines écossaises. On est fait du même bois les celtes, c'est dans nos gênes. Pour l'occasion, j'ai enfilé une jupe écossaise avec des chaussettes montantes, le tout aux couleurs de mon clan et un haut vert pour être dans le thème.

Je fais partie de la bande maintenant ; dès que je passe au club pour chercher Jolene ou la ramener après les cours, ou même simplement pour dire bonjour aux filles quand c'est sur ma route, elles m'invitent à se joindre à elles. Et je trouve ça cool. Elles sont cool et quand je suis avec elles, je ressens les mêmes sentiments que quand j'étais à l'armée : elles sont là les unes pour les autres, coûte que coûte, à l'image de leurs moitiés avec leurs frangins. Elles se serrent les coudes et ça ne sert à rien de leur faire des cachoteries, elles arrivent toujours à savoir quand quelque chose ne va pas.

Quand je me gare sur le parking bondé, je remarque que malgré la fraîcheur de la nuit tombante, il y a un attroupement à l'extérieur, dans le terrain derrière le Club House. En me dirigeant vers la porte d'entrée du club, je remarque que deux types que je ne connais pas sont en train de se mettre sur la gueule devant des mecs regroupés en cercle autour d'eux, limite en transe face à cette violence. Ça crie, ça jure et ça se tape dessus... Ça se tape dessus ?! Mon Dieu, mais dites-moi que je rêve ! De vrais primates....

Je vois Highlander en train de prendre les paris sur les deux gorilles torses nus. Je continue de scruter l'assistance pour essayer d'apercevoir Tchet, je suis certaine que ce mec est du genre à se battre pour des paris complètement cons comme ceux-là. Mais la nuit étant tombée, je n'y vois rien et je lâche l'affaire pour enfin passer les portes derrière lesquelles la musique fait rage.

La bière coule à flot et les filles, regroupées dans le coin de la salle qu'elles se sont approprié pour leurs soirées, sont déjà bien éméchées. Quand je traverse la salle commune pour les rejoindre, je vois la barmaid qui vient de leur déposer un nouveau plateau de pintes d'un liquide ambré et je lui en commande une au passage avant de m'installer sur le tabouret du piano, seule place libre. Je me suis d'ailleurs demandé qu'est-ce que cet instrument pouvait bien faire dans un endroit pareil...

La soirée était bien animée, surtout depuis que des gars avaient apparemment débarqué avec des instruments pour mettre une ambiance 100% traditionnelle. Ils étaient à une autre fête avant et se sont arrêtés en voyant des copains. Ils jouent des classiques de la musique folklore irlandaise et je me retrouve sur la piste de danse improvisée au milieu de la salle la plupart de la soirée, à apprendre à danser à Jolene et une amie à elle, avec des partenaires tous plus gentils les uns que les autres.

Alors que j'avais capitulé à essayer d'apercevoir Tchet ce soir, et que je dansais sur presque chaque morceau avec un homme différent, je perds soudain le rythme et m'arrête de danser pour le chercher. Je sens son regard peser sur moi, un frisson me parcourt la colonne et je finis par le trouver, accoudé au zinc avec une pinte à la main, concentré sur moi. Il a ce rictus vissé au coin de la bouche ; il sait que je ressens sa présence dès qu'on est dans la même pièce, parfois c'en est même flippant, et il s'en amuse. Sauf que ce soir, son regard ne s'attarde pas seulement sur moi, mais surtout sur les gars qui s'approchent de moi pour danser, comme s'il faisait une liste mentale des personnes à éliminer après cette soirée. Et je suis certaine que c'est ce qui se passe.