Brothers in Arms

Chapitre 25

Tchet

Vendredi ! ENFIN ! Je n'ai jamais trouvé une semaine aussi longue que celle qui vient de passer. Il me reste une voiture sur le pont à finir pour ce soir et je suis en train de remonter les dernières pièces. Benny, le mécano en chef, et notre Road Captain, nous parle déjà du planning de la semaine prochaine que je n'écoute que d'une oreille, pensant plutôt à cette bière que je vais aller me siffler en attendant qu'Eleanor me rejoigne, et à la soirée qui se profile.

Le vendredi est un des trois jours où le bar du MC est ouvert aux civils. Ça nous permet de remplir les caisses d'un côté, et de blanchir l'argent de nos activités annexes de l'autre. Tout le monde y trouve son compte, même les nanas qui viennent se payer un peu de frissons en venant allumer tout ce qui bouge parmi les mauvais garçons qui s'y retrouvent à chaque fois. J'adorais ces soirées, c'était l'occasion pour moi de faire de nouvelles rencontres charnelles et de m'éclater avec des nanas qui ne venaient chercher que ça. Le parfait compromis.

Mais maintenant j'ai tourné la page sur cette partie de ma vie, j'ai bien été obligé parce que sur le plan cul, je ne vois plus qu'elle. Depuis la soirée de son déménagement où elle a enfin lâché prise et qu'elle a ouvert les yeux sur le fait qu'elle non plus ne pouvait plus se passer de moi, on a convenu d'un commun accord qu'on passerait nos temps libres respectifs ensembles. Avec nos jobs particuliers, enfin surtout le mien et mes missions annexes qui peuvent tomber n'importe quand, on sait que certaines semaines on ne fera que se croiser. Mais je m'en fous j'ai trop besoin d'elle, je ne peux pas me passer de la voir, et justement mon premier temps libre de la semaine c'est ce soir.

Je suis parti en mission quatre jours à San Francisco pour le MC et je ne suis rentré que cette nuit. Pendant mes déplacements, je dois rester concentré à 100% et Eleanor sait que je ne peux pas lui répondre. Si je la laisse s'immiscer dans mes pensées, c'est mort je ne suis plus bon à rien. Et mes frangins comptent sur moi. Jolene m'a dit qu'elle ne travaillait pas ce weekend en plus, elles doivent d'ailleurs se voir.

Je ne sais pas comment elle fait pour supporter ma sœur comme ça, ses histoires de filles me pourrissent la vie à chaque fois que je me rends chez mes parents. Mon père fuit souvent la maison quand le chaos s'annonce et je ne peux pas le blâmer, moi aussi je la trouve chiante par moments. En revanche, depuis qu'elle avait fait la connaissance d'Eleanor, quand elle venait refaire les pansements de mon père, ma sœur avait perdu un peu de son arrogance et savait se taire quand il le fallait. Ce que mon père n'avait pas réussi à lui faire comprendre pendant des années était rentré dans son crâne en quelques semaines passées auprès de l'infirmière du Doc. Je ne sais pas comment elle s'y était prise, mais ça fonctionnait.

Benny continue de nous présenter le planning de la semaine prochaine quand on entend des pneus crisser, une voiture tourner à l'angle de la rue et disparaître rapidement deux rues plus loin. On s'est tous arrêtés une seconde pour regarder la scène avant de reprendre comme si rien ne s'était passé.

Mais il y a de l'animation de l'autre côté de l'enceinte du garage, on entend des voix qui s'élèvent de plus en plus avant que des cris hystériques ne résonnent carrément. Un des gars a balancé une connerie qui a fait rire l'atelier mais je n'ai pas entendu ce que c'était. Je suis focalisé sur la rue parce que j'ai cru entendre mon nom, puis plus rien. J'ai à peine remis les mains dans le cambouis que cette fois mon nom résonne dans la cour et j'ai vois ma sœur débouler comme une furie en courant.

— Connor ! Connor amène-toi vite j'ai besoin de toi. Il ne peut pas la lâcher elle va finir par se blesser, elle est complètement folle, je ne sais pas de quoi elle parle mais il lui est arrivé quelque chose, elle est pleine de sang et de bleus...