Chapitre 18

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Ellie

En ce 4 avril, jour bénit qui a vu naître notre cher Henry il y a de ça 32 ans, on est rassemblés dans la salle de pause du service pour lui faire souffler ses bougies. On aime faire ces petits goûters d'anniversaire entre collègues, mais la vraie fête c'est ce soir. On a réservé un salon dans une boîte en ville où passe un super DJ, et des cousins d'Henry doivent nous y rejoindre pour l'occasion.

Henry collectionne les Lego depuis qu'il est gamin et on lui a trouvé une édition collector du film « Retour vers le futur », avec Marty, Doc et la fameuse Delorean. Il était comme un dingue en ouvrant son paquet. Mais je ne peux malheureusement pas m'attarder, je suis attendue pour des consultations générales dans cinq minutes. Le gâteau est tellement délicieux que je ne résiste pas d'en prendre une deuxième part avec quelques bonbons, avant d'embrasser mon ami qui nous a remercié en nous sautant dans les bras, et de filer pour ne pas être en retard.

— Alors comme ça tu embrasses d'autres mecs ? j'entends sa voix me demander dans mon dos.

Tchet est venu me voir, encore. Depuis la Saint-Patrick, on s'est revus plusieurs fois au club ou chez Anita pour le petit déjeuner, on a couché ensemble plusieurs fois aussi. Je suis faible je sais, mais je ne résiste pas à l'appel de son corps, je suis comme possédée et il n'y a que le contact de Connor qui peut me sortir de cet état second. Parfois il est vorace, possessif, je sens quand il a envie d'être bestial, comme s'il voulait se prouver quelque chose. Ou me montrer quelque chose. Et dernièrement il est d'une douceur limite romantique, il prend son temps en admirant et caressant la moindre parcelle de mon corps. Il ferait chavirer mon cœur en moins de deux si je m'écoutais. Jamais on ne m'a fait ressentir ce qu'il est capable de m'offrir et je n'arrive pas à m'en passer. Je suis une vraie junkie de son corps et de ses caresses.

— T'as la bouche tellement pleine que tu ne peux même pas me répondre ? Je ne savais pas que tu étais cochonne comme ça.

Je sors de ma rêverie et j'avale le morceau de gâteau que j'ai dans la bouche en manquant presque de faire une fausse route.

— Tchet ? Qu'est-ce que tu fais ici ? T'es venu voir Doc ? Il n'est pas là.

— Non, je suis avec le bleu, il s'est éclaté les doigts de la main gauche en voulant démonter un moteur. On est venus passer des radios et j'en ai profité pour passer te voir avant de retourner au garage. Tu as fini ?

— Non pas encore, mon service termine à 18h00 aujourd'hui. D'ailleurs il faut que j'y aille, je suis à la bourre ! On m'attend en consultation. A plus !

— Tu passes au club ce soir ?

— Nope, on sort pour l'anniversaire d'Henry. Je dois filer, je suis désolée. Salut !

Je l'ai juste entendu dire « OK » en montant les escaliers quatre à quatre. Je me fais certainement des idées mais je l'ai senti déçu quand je lui ai dit que j'avais des choses de prévues ce soir.


La soirée bat son plein dans la boîte qu'Henry a choisie, l'ambiance est folle et la musique nous fait danser sans nous arrêter. Un remix de la chanson « Glorious » de Macklemore nous fait sauter dans tous les sens et l'euphorie me gagne. Je n'ai pas été aussi détendue depuis un bail et me défouler comme ça, ça me fait un bien fou. Entre le boulot, ma rencontre avec les Brothers in Arms et tout ce que ça impliquait désormais, j'ai parfois l'impression d'être dépassée. Je ne coule pas comme une pierre au fond de l'eau, mais c'est parfois limite.

Henry prend mes mains pour l'accompagner et on se déhanche comme des cinglés. Le morceau ralenti et on retombe en pression. J'adore Henry, on est sur la même longueur d'ondes tous les deux et faire la fête avec lui c'est toujours un plaisir parce qu'on ne se prend jamais la tête. J'enlace mon meilleur ami pour le remercier de cette danse endiablée quand un mec attire mon regard au balcon au-dessus de nous. Henry m'embrasse sur la joue et me demande ce que je veux boire avant d'aller passer commande au bar. Je ne sais même pas ce que je lui ai répondu, je suis montée jusqu'au balcon mais il n'y avait personne. Je suis restée quelques secondes à balayer la foule du regard pour voir si je l'ai bien aperçu, ou bien si je l'ai rêvé. Henry me hèle pour me dire que les boissons sont là et les shots ne se faisant pas attendre sous peine de tous disparaître à la vitesse de l'éclair, je suis redescendue retrouver la bande.

— Cadeau de la maison m'a dit la barmaid ! me dit Henry en me préparant une tequila paf.

Je vide mon verre, mords dans mon citron aussitôt et lèche le sel au creux de mon pouce. Je ne grimace même plus. J'étais prête à m'asseoir pour souffler un peu quand la merveilleuse musique de Petit Biscuit résonne dans les enceintes du DJ. J'adore ce morceau, « Sunset Lovers », et je retourne sur la piste danser encore un peu. Je sais que demain je vais le regretter, je vais avoir mal partout d'avoir sauté comme une adolescente décérébrée à un concert de Justin Bieber, et l'alcool n'arrangera certainement rien mais j'avais besoin de faire la fête comme ça.

Mon corps ondule au rythme de la musique, j'en profite pour me vider la tête, que l'alcool a déjà bien commencé à vider d'ailleurs. Un frisson me parcourt l'échine et s'insinue dans les moindres cellules de ma peau, m'arrachant un sourire. Je sens alors des mains venir se poser sur mes hanches, enlacer ma taille, et un corps vient se coller dans mon dos. Je n'ai pas besoin de me retourner pour savoir que c'est lui, je l'ai senti dans tout mon être ; tout à l'heure c'était bien lui que j'ai aperçu de l'autre côté de la salle. Son parfum m'enveloppe, tout comme ses bras, et ses baisers dans mon cou me déclenchent des frissons de la tête aux pieds. Quand je sens soudain ses dents sur mon épaule, je ne peux pas retenir le gémissement qui monte dans ma gorge depuis qu'il a posé les mains sur moi.

— Tu me rends dingue. Continue comme ça et je te fais crier pour de bon, il me murmure au creux de l'oreille.

Il m'a fait pivoter face à lui, caresse mon dos jusque mes fesses. Quand il me caresse comme il le fait et que son corps vient presser le mien, c'est comme s'il voulait se fondre en moi. Ce dont je ne doute pas lorsque je sens la bosse dure que fait son sexe en-dessous de sa ceinture. Je prends son visage en coupe entre mes mains et mes yeux sont accrochés aux siens quand nos fronts se posent l'un contre l'autre. Le courant passe vraiment, il y a une alchimie évidente, et le contact de ses lèvres lorsqu'il dépose un baiser avec douceur, puis un deuxième, puis un troisième ne fait que me confirmer ce que je m'évertue à fuir.

A chaque fois que nos lèvres entrent en contact, le baiser s'intensifie. Tchet caresse mes lèvres de la pointe de sa langue et je lui offre la mienne. Notre baiser devient vorace au point de nous couper le souffle. Il me prend dans ses bras, je noue mes jambes autour de sa taille, mes bras autour de son cou pour me fondre toujours plus contre lui.

— Si on était au club, je t'aurai emmenée dans ma piaule et je t'aurai dévorée...

— Mon appart est à dix minutes d'ici.

— Je ne suis pas sûr de pouvoir tenir jusque-là.

— Dommage..., je lui réponds simplement en me frottant contre son bas-ventre.

— T'as raison, dix minutes ce n'est pas très long en fait. Je suis sûr que je peux faire un effort.

Je souris. Bêtement je le sais, mais de savoir qu'il a envie de rentrer avec moi, et que je vais monter derrière lui sur sa moto jusqu'à mon appartement pour qu'on termine la soirée dans mon lit me donne envie de sourire. Je suis tellement dans ma bulle de coton en partant que je fonce dans quelqu'un, trop absorbée par mes pensées excitées qui éclipsent tout le reste autour de moi. Je ne vois que lui, n'entends plus que mon cœur battre à tout rompre dans ma poitrine, et ne sens plus que la main de Tchet dont les doigts sont entrelacés aux miens depuis qu'il m'a posée à terre. Je me confonds en excuses, tout sourire et le gars ne m'en tient pas rigueur. Il lève les mains en l'air pour signifier qu'il n'y a pas de soucis en me décochant un sourire radieux. Il vient d'apercevoir Tchet, qui lui par contre ne sourit pas du tout et ne le lâche pas du regard.

— T'as changé de projets pour cette nuit, chéri ? je lui demande en lui donnant le même surnom que celui qu'il prend toujours plaisir à me donner pour me faire sortir de mes gonds.

Je ne sais pas ce que ceregard entre eux signifie, mais même ivre, je sens qu'il y a quelque chose quicloche. Tchet ne baisse pas les yeux et à quelques mètres de nous, je vois letype se retourner, toujours avec ce même sourire. Un groupe de nanas en pleinenterrement de vie de jeune fille nous passe devant et on perd le contactvisuel. Il a disparu dans la foule.

Brothers in ArmsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant