God's Shadows -Renaissance-

CHAPITRE XXXXIII

18.08.2019

Centre de la Maison Blanche, New York

Couchée dans un lit de l'infirmerie, Alana ouvrit doucement les yeux. La lumière éclatante du blanc de la pièce lui fit mal aux yeux qui papillonnèrent afin de s'adapter. Sa tête la faisait souffrir, comme une forte migraine que l'on n'arrive pas à faire partir. Tout son corps ne semblait que douleur malgré l'absence de blessures physiques. Elle se redressa dans son lit et bailla avec bruit sans pouvoir se contenir. Entendant un bruissement à sa droite, elle tourna la tête. Une silhouette se tenait à l'embrasure de la porte, une tasse de café fumante à la main.

— Bonjour, combien de temps ais-je dormi ?

— Bonjour.

Lettia but une gorgée de sa boisson et s'approcha de l'un des tiroirs dans lequel elle commença à fouiller. Elle en ressortit un tensiomètre et s'approcha de l'alitée qui se redressa dans son lit.

— Donne-moi ton bras. Tu as dormi plus de une journée. Il est environ neuf heure du matin, nous sommes dimanche. C'est la première fois que tu utilisais autant tes pouvoirs, ta réaction est totalement normale.

— Est-ce que je peux...

— Partir ? Je t'ai gardé en observation jusqu'à ton réveil afin de résoudre une possible rechute de ton corps. Il me reste encore quelques petits examens à te faire et tu pourras rejoindre ta chambre.

Lettia rangea le tensiomètre et déposa l'embout métallique du stéthoscope sur sa poitrine.

— Est-ce que tu es toujours ici ? Je veux dire à l'infirmerie.

— Je suis infirmière à l'hôpital Weill Corner. Le véritable médecin du Centre est Aaron. Il est en voyage humanitaire depuis le début du mois de juillet et ne rentre que la semaine prochaine. Aaron est en réalité bibliothécaire mais part chaque année dans un pays étranger afin d'aider et de se sentir, utile. Suis mon doigt.

— Est-ce qu'on pourrait discuter ?

Stoppant son examen, Lettia s'écarta légèrement et dévisagea l'américaine. Si elle hésita pendant quelques instants, elle finit par accepter sa demande et s'installa contre le mur, sa tasse à la main.

— Est-ce que...est-ce que Ethan t'a parlé de ce qui s'était passé ? Je veux dire de notre...dispute.

— Il m'en a touché deux mots mais j'ai vite compris. Tes bleus n'étaient pas très saillants avant qu'ils ne disparaissent. Mais comme je te l'ai dit, le pouvoir t'es monté à la tête. Tu n'as pas à t'en vouloir, si ce n'est t'excuser auprès d'Ethan pour ce que tu lui a fait. Son nez formait un angle bizarre sur son visage lorsqu'il t'a porté jusqu'ici. Mais cela ne me concerne pas.

— Est-ce que je dois avoir peur que cela me prenne à nouveau ?

— Je ne suis pas Pythie ni voyante Alana, je ne peux pas prédire ce qui va se passer. Mais je peux te dire une chose : c'est que le plus dur est à venir.

.        .        .        .         .        .

Alana referma la porte de la salle de bain derrière elle. Elle enleva ses vêtements uns à uns et resta immobile devant son reflet dans le miroir. En face d'elle se tenait une jeune fille de dix-sept ans à l'air triste, de légères cicatrices sur le ventre, la commissure des lèvres droites gonflés. Elle faisait peine à voir avec son teint pâle et les bleus sur les bras, les jambes. Lettia avait fait disparaître la grosse marque sur sa joue mais avait laissé les autres qui étaient moins importantes. Alana alluma l'eau chaude et s'assit sous le jet, laissant l'eau couler sur son corps nu. Sans qu'elle ne sache quand cela avait commencé et elle sentit des larmes tomber sur ses joues. Silencieusement, laissant parfois échapper un léger sanglot, elle pleura. La bataille de la veille lui revint en mémoire et ses pleurs redoublèrent. Tout s'était passé tellement vite : elle s'était réveillée dans son lit, en présence d'Ethan, puis Luka l'avait kidnappé et elle s'était retrouvée en plein milieu d'une bataille. Son corps ayant été guéri majoritairement à l'énergie divine, elle ne portait que très peu de séquelles mais une partie d'elle semblait fissurée par cette violence dont elle avait été témoin.