CHAPITRE XXV

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Alana n'avait pas ouvert la bouche depuis que son téléphone portable s'était allumé dans sa main. Soit près d'une demi-heure auparavant. Mark avait pris le volant, malgré son interdiction de conduire, et l'avait aidé à monter jusqu'à sa chambre.

— Elle est en état de choc. Il faut l'allonger.

Alana ne les écoutait pas déblatérer sur son compte, le regard perdu dans le vide. Elle eût soudainement très froid. Elle n'avait plus aucune force actuellement, au point que la jeune femme se demande si elle serait capable de se mettre debout. Ce ne fut que quand elle entendit la porte se refermer qu'elle reprit quelque peu ses esprits et lâcha son téléphone comme s'il l'eût brûlé.

— Est-ce que tu peux bien m'expliquer comment est-ce possible ? Comment ça a pu arriver ?

Le visage tourné vers la fenêtre, Alana regardait à l'extérieur mais aucun son ne sortit de sa bouche, elle se terrait dans le silence. Sans doute qu'un sanglot de peur se ferait entendre si elle devait ouvrir la bouche.

— Réponds-moi !

La voix emplie de colère, Ethan frappa de son poing le mur derrière lui et dont les vibrations se répercutèrent contre les autres parois. Mais Alana ne répondit toujours pas, le visage tourné dans l'autre sens. L'instant d'après, il se tenait devant le lit, ses puissantes mains enserrant la mâchoire de la jeune femme et la força à lever le visage. D'ordinaire expressif, celui-ci semblait vide de toute émotion, ses yeux secs ne reflétaient rien mise à part une terreur palpable. Sans un mot, Alana le dévisagea l'espace d'un instant puis reporta son attention vers l'extérieur, le forçant à lâcher son visage. Son regard... Dérouté, Ethan s'écarta comme si elle l'eût giflé. Il se laissa tomber le long du mur et s'assit à même le sol, les genoux repliés contre lui.

De longues minutes passèrent sans qu'aucun ne prenne la parole, leur respiration comme seule et unique mélodie entre eux.

— J'ai peur.

Sa voix était roque Ce n'était qu'un murmure qu'on aurait cru rêver. Ethan ne répondit pas et porta son regard sur elle, attendant qu'elle finisse par se confier entièrement.

— J'ai peur de ce qui va arriver. J'ai peur qu'il me retrouve et... Non, il m'a déjà retrouvé. Il sait où je suis depuis le début.

— Il ne te tuera pas si c'est ce que tu crains. Il a trop besoin de toi.

— j'ai peur pour moi c'est vrai. Mais j'ai beau ne pas avoir envie de mourir, je n'ai pas envie que d'autres se fassent tuer. Par ma faute.

— C'est notre devoir.

— Ce n'est pas votre devoir, c'est un poids avec lequel chacun de nous doit vivre jusqu'à ce que tout soit terminé.

— C'est une fierté que de se battre pour le salue de notre monde.

— C'est un fardeau Ethan. James a sept ans. La plupart d'entre nous sont encore des enfants, ils ne méritent pas de terminer de cette façon. Nous ne sommes pas tous des soldats. Nous restons des êtres humains avant tout. Et les êtres humains ressentent des émotions. Mais ça, tu ne sembles pas le comprendre.

— Alana.

— Laisse-moi être faible Ethan. Juste cette fois-ci, je ne le serai plus promis. Mais laisse-moi être faible encore un peu. S'il te plaît.

Ne souhaitant pas la brusquer, Ethan se leva doucement.

— Repose-toi Alana.

Passant à côté d'elle, il posa une dernière fois les yeux sur elle avant de disparaître dans le couloir. Son portable encore déverrouillé dans le poing.

God's Shadows -Renaissance-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant