CHAPITRE XXXIV

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15.08.2019

Centre de la Maison Blanche, New York

— Je peux m'asseoir ici ?

Il ne sursauta même pas : leur ouïe était aussi claire que celle d'un prédateur, il devait savoir qu'elle arrivait avant même qu'elle n'ouvre la porte du grenier.

— Le toit est assez grand pour nous deux. Mais je ne compte pas partir, j'étais là le premier.

Alana sourit d'amusement et le rassura d'un signe de la tête.

— A vrai dire, c'est toi que je venais voir.

Cette fois-ci elle avait capté sa pleine et entière attention. Mark la dévisagea, l'invitant à continuer. Il est surpris, c'était un euphémisme.

— Tu es quelqu'un de très franc, honnête. Et c'est ce dont j'ai besoin.

— Tu n'es pas en reste toi non plus. Le fait que tu prônes ton indépendance malgré que tu vives ici, s'en est presque admirable. Mais tu devrais faire attention à ne pas ébruiter avec trop de volonté ton désir de faire régner la justice. Les murs ont des oreilles, et les gens à qui elles appartiennent ne sont pas tous aussi compréhensifs.

Mark ne semblait pas avoir une once de jugement envers elle, cela lui donna une légère boule de chaleur de la poitrine. Cela lui faisait tellement de bien.

— Alors qu'attends-tu de moi ?

Le brésilien planta son regard doré dans le sien, la déstabilisant quelques instants. Il était jeune, la quinzaine environ et on savait pertinemment que sa beauté ne cesserait de croître au fil des années.

— Ce soir. Pour ma soirée de Renaissance, je... je ne suis pas certaine d'être prête. D'en avoir envie.

De ses yeux, il l'invita à continuer.

— Je n'ai pas envie de... me lier complètement à son âme. A Athéna.

— Cela ne lui fera pas prendre le dessus sur toi si c'est ce qui t'inquiète. Vos liens seront renforcés mais en aucun cas cela assure la prédominance de ta déesse sur ton propre corps.

— Qui sera présent ?

— Tous ceux pouvant l'être afin que tu te lies au maximum d'entre nous. Mais nous ne t'approcherons pas. Tu seras en contact avec le maître de cérémonie et celui ou celle qui sera choisi pour être ton guide.

— J'en ai entendu parler hier. As-tu une idée de son identité ?

— Beaucoup d'entre nous le sont déjà. Ben est le mien et je me suis proposé d'être celui de Cloé Graizoft, réincarnation de la déesse Niké. Il se peut que quelqu'un se propose ou bien que l'on t'ait déjà attribué quelqu'un. Tu le sauras ce soir.

— J'ai croisé Emilie avant de venir ici. Elle m'a déposé une robe que je suis soi-disant dans l'obligation de mettre pour la cérémonie.

Mark eût un léger sourire moqueur. C'était quelque chose qu'il faisait très souvent en sa présence à vrai dire. Il ricana légèrement de dépit.

— Cette décision est d'une idiotie sans fond. Cela nous fait davantage ressembler à une secte qu'à autre chose. C'est seulement pour la forme mais ne l'oublie pas, tu es déjà suffisamment dans le viseur de certains pour ne pas avoir besoin de te faire davantage d'ennemis avec une simple histoire de tenue.

— Ça paraissait vraiment sérieux pour elle. Si Emilie avait pu me menacer elle l'aurait certainement fait. Elle me déteste.

— Elle est jalouse, la corrigea Mark après une petite seconde de réflexion.

— Pour le serait-elle ? Je n'hésiterai pas un instant si il était possible d'échanger nos places. Ou même de revenir en arrière.

— Les gens ont toujours tendance à envier les autres sans connaître véritablement ce qu'ils veulent et ce que ça engendre. Emilie, il continua, vient d'une vieille famille française où être le premier est le plus important. En l'occurrence, tu es la numéro un, que tu l'ais choisi ou non. Tu es un obstacle qu'elle ne peut franchir puisqu'elle ne peut échanger avec toi. Et puis...

— Et puis quoi ? Tu ne vas pas me faire croire que tu comptes t'arrêter au dernier moment ?

— Je pense... mais ça ne regarde que moi, qu'Emilie te voit également comme une menace pour sa relation avec Ethan. Il ne fait confiance qu'à très peu de gens, à vrai dire il n'y a que trois personnes à ma connaissance à qui il confierait sa vie : Eleonore, Lettia et Matthew. Emilie et lui entretiennent une très bonne relation déjà mais ta venue pourrait l'écarter de la « course ».

— Pourquoi chercher à se rapprocher de lui ? Il n'y a pas de quoi s'inquiéter me concernant.

— Ethan et Zeus ne font qu'un. Il représente le pouvoir, un allié de choix. Et représente un modèle à suivre pour beaucoup.

— Pourtant c'est le Conseil qui prend les décisions.

— C'est ce qu'ils laissent penser mais je le soupçonne de tirer les fils dans l'ombre à certaines occasions. Il est celui de la prophétie.

— Tout comme moi.

— Mais très peu te font et te feront confiance temps que tu n'auras pas fait tes preuves. Et même après cela certains seront encore réfractaires.

— Ce sera sans fin. J'aurai toujours davantage d'ennemis que d'amis.

Mark se mit debout sur le toit, face au soleil couchant. Sa peau dorée paraissait plus brune à la lumière. A cet instant, il faisait bien plus vieux que ses quinze années et bien trop beau malgré ses traits encore enfantins.

— Ne cesse jamais d'avancer. Que tu sois seule ou non, suis ton chemin. Et surtout, il plongea ses yeux dans les siens, ne regarde jamais en arrière.

God's Shadows -Renaissance-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant