28.07.2019
Centre de la Maison Blanche, New York
Lorsque Cléria se leva ce matin-là, le lit de sa colocataire était déjà défait. Il était surprenant qu'Alana soit levée avant elle : ne dormant que très peu à cause de multiples cauchemars, elle rattrapait ses nuits jusqu'à tard dans la matinée. Cléria ne s'était jamais plainte de ses terreurs nocturnes et ce n'est pas aujourd'hui que ça allait commencer. Aujourd'hui elle fêtait son dix-septième anniversaire, c'était le second qu'elle passait loin de sa famille. Cette pensée l'attrista. Sa tante, celle qui l'avait élevé pratiquement toute son enfance, était toujours au pays de Galles avec sa sœur aînée et être loin d'elles... ses doigts se mirent à trembler. Elle essuya ses yeux avant que la première larme ne tombe.
— Bonjour petite nymphe. Joyeux anniversaire. Ben lui passa la main sur son crâne bien petit sous sa large paume et lui ébouriffa les cheveux. Cléria s'assit à la place que lui avait attribué ses amis et les remercia tous d'un grand sourire, les joues rougies d'être le centre de l'attention. Elle n'avait jamais été quelqu'un de démonstratif ou de bien bavard, préférant agir dans l'ombre qu'en pleine lumière. Son regard tomba devant elle, à la place habituellement occupée par le blond qui hantait ses rêves depuis qu'elle le connaissait. Aujourd'hui elle était vide.
— Joshua n'est pas là ?
— Hé bien... Ben grimaça de gêne et on pouvait voir Lula et Matthew détourner les yeux de gêne. Il s'est levé très tôt, expliqua son colocataire, et m'a dit prendre une journée de libre. Il avait envie de s'évader un peu. Je ne sais pas quand il rentrera.
Cléria hocha la tête, gardant une expression qui se voulait, du moins elle l'espérait, d'une neutralité presque irréprochable. Mais tous savaient ce qu'elle pensait à ce moment-là. Celui qu'elle aimait avait oublié son anniversaire.
A quoi t'attendais tu ? Il est Apollon et tu n'es qu'une petite nymphe. L'amitié est la seule chose pouvant exister entre vous. Cachant sa tristesse derrière un masque souriant, la demoiselle continua son repas dans le silence.
— Je vais payer nos consommations et j'arrive les filles.
— Tu es sûre Cléria ? Je t'ai dit que je pouvais le faire, s'enquit Eleonore en sortant son portefeuille de son sac à main. C'est ton anniversaire, tu ne vas pas payer tout de même.
— Ne t'inquiètes pas. C'est parce que c'est mon anniversaire que je veux le faire. Partez devant, je vous rejoins.
Eleonore et Lula acquiescèrent et disparurent au coin de la rue, les bras chargés de sac de magasins de toutes les couleurs et toutes les marques. Elles s'étaient fait plaisir et ce n'était pas euphémisme.
Cléria s'approcha du comptoir du bar rustique à l'allure vieillot mais classe, laissant par la même occasion un pourboire pour le serveur et en ressortit quelques instants plus tard. La jeune nymphe arpentait les rues, esquivant les nombreux passant qui marchaient à toute vitesse sans se soucier des autres et les bousculaient. Par les dieux, que cette ville était désagréable. Sa superficie qui lui avait autrefois mit des étoiles dans les yeux la hantait désormais par sa population bien trop grande. Les gens étaient toujours pressés, scotchés sur leur téléphone et inconscients du monde qui les entourait. Aujourd'hui les rues pouvaient être considérées comme calmes contrairement au bazar ambiant de la circulation habituelle. Heureusement pour elle !
Cléria se faufila dans une ruelle un peu à l'écart de la population, le chemin étant plus court afin de rejoindre la voiture. Passant devant un pub branché la porte s'ouvrit brusquement, la faisant sursauter. Deux hommes en sortirent et firent quelques pas sans se soucier d'un client énervé qui fermait la porte derrière eux et se collèrent contre le mur d'à côté. Les deux hommes étaient tellement proches qu'on ne pouvait distinguer leur visage. Leurs mouvements étaient agressifs, ils se poussaient, se mettaient des coups, se mordaient. Cléria hésitait à les séparer quand leur position s'inversa, le brun se retrouvant plaqué à la bâtisse avec force et elle comprit. Les deux hommes s'embrassaient avec avidité. Leurs corps se collaient, les chemises étaient froissées et à moitié défaites, leurs respirations saccadés. Le plus grand des deux agrippa la crinière brune de l'autre avec force, l'obligeant à lui offrir son cou. Son partenaire ne put s'empêcher de laisser échapper un grognement rauque sous les baisers empressés de l'autre dont la bouche descendait à vue d'œil.
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God's Shadows -Renaissance-
Teen FictionDe nos jours, New York, 2019 Qui n'a jamais rêvé d'appartenir à une cause supérieure à ce que tout humain ne pourrait jamais imaginer? Ce n'était pas le cas d'Alana, jeune adolescente à la vie normale en tout point. Du moins jusqu'à ce qu'...