L'apprenti - partie 1(VERSION 2)

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IXEN


Dahlia.

Cité prestigieuse et capitale du royaume Nord de l'imposante île que les humanoïdes nommaient Dorsük. Avec sa haute altitude et la chaîne montagneuse qui l'entourait, ses hivers gelaient cœurs et terres, tandis que ses saisons estivales portaient mal leur nom. Mon nouveau corps grelottait malgré la chaude pelisse qu'Arnaud, le chevalier au visage masqué, m'avait gentiment offerte. Le printemps pointait le bout de son nez, mais guère suffisamment pour rendre les températures de cette fin de journée un brin agréable.

Glacé jusqu'aux os, je m'enroulai dans le manteau de peau, ne laissant apparaître que mes joues frigorifiées et mes yeux rougis, et ignorai les ruelles de maisonnettes en bois et pierres que nous traversâmes au trot en direction du château. Ce fut avec une joie immense que j'en aperçus le parvis.

Deux griffons de pierre, plus imposants que trois chevaux, en gardaient fièrement l'entrée. Ils étaient le symbole du royaume des Velt, invaincu depuis trois cents ans. Pour un peuple dont l'espérance de vie excédait rarement les soixante hivers, cela restait un sacré exploit.

Je devrais d'ailleurs trouver mon fragment d'âme manquant avant que les années défilent de trop et deviennent dangereuses pour ce corps.

Arnaud sauta de son cheval et m'attrapa par les hanches. Avec l'aisance d'un homme plein de force, il me souleva et me déposa à terre. Mes semelles foulèrent de larges dalles au beige pastel qui pavaient la place et s'étiraient en quatre rues autour d'une troisième statue, cette fois-ci à l'effigie d'un homme. Une lourde armure sur le dos, un bouclier dans une main et une lance dans l'autre, il me rappelait ces légendaires guerriers que les humains vénéraient tels les héroïques conquérants de leurs terres.

J'abandonnai du regard cette statue plus haute que trois étages alors qu'Arnaud m'invitait à le suivre. Les chevaliers m'encadrèrent et nous grimpâmes sans plus attendre les escaliers menant à la double porte qui scellait le château, veillée par le duo de griffons. Entièrement coulée dans le fer et ornée de sculptures d'or et d'argent, sa mise en place avait dû être des plus ardues. Aujourd'hui, un mécanisme complexe permettait son ouverture et sa fermeture au rythme du moulinet de deux larges roues.

Derrière elle s'étendait un vaste hall, carrelé d'étranges dalles polies au ton ocre. Malgré ma vie antérieure, jamais je n'avais vu de pierres qui reflétaient les alentours tels des miroirs. Un tapis au bleu céruléen du royaume longeait l'allée centrale, amortissant le cliquetis des pas des chevaliers en armure. Des colonnes, au double fût aussi lisse que leur chapiteau était complexe, le séparaient des courtines éclairées par d'imposants vitraux. Chacun représentait une scène de chasse ou bien un paysage idyllique. Je les perdis du regard, tandis que deux gardes nous ouvrirent une nouvelle porte aux doubles battants aussi imposants que les précédents. Seul le bois brut de leur corps détonnait d'avec la douce finition des lieux.

Nous continuâmes notre route au travers de couloirs de largeurs moindres, mais aux plafonds tout aussi vertigineux. Ils s'incurvaient en une voûte pointue que des arceaux de pierre venaient renforcer tous les dix mètres. Des lustres en pendaient, leurs chaînes solidement ancrées dans la nervure de la pierre. Heureusement pour les domestiques que nous croisions quelques fois, nulle bougie n'ornait les cercles de fer de ces luminaires. Seule la magie permettait de les allumer une fois le soleil couché. Je restai tout de même curieux de leur fonctionnement, car les humains étaient bien connus pour être pauvres en magie. Il était extrêmement rare que l'un d'eux naisse avec ce don.

Probablement qu'ils comptent d'autres races au sein du personnel, pensai-je malgré la gent féminine exclusivement humaine des domestiques que nous croisâmes.

Prince et Dragon - Tome 1 : Ixen [TERMINE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant