Prince et Dragon - Tome 1 : Ixen [TERMINE]

Œuf symbolique - partie 2 (VERSION 2)

Hutte de l'herboriste - illustration réalisée par PierreSocasau

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Juchée sur une maigre colline, coincée entre les champs de Margus et la lisière d'une épaisse forêt, elle était la seule demeure à compter de petits plants dont les feuillages se trouvaient bien loin des habituels légumineux. Je repérai sur son aile droite les doux fumets de plantes aromatiques, tandis que des fleurs poussaient en rangs ordonnés sur la gauche. J'inspectai d'un œil curieux l'étrange lavande rosée qui se dressait devant l'entrée ensoleillée quand Erich frappa trois coups contre la porte. Le bois paraissait si fin que je craignis un instant que ma brute de maître le brise à cogner les planches tel un bretteur ivre. Je le fixai d'un regard en coin, tandis qu'il attendait d'un air renfrogné.

Une minute s'écoula, mais personne ne vint. Le prince toqua à nouveau et héla le propriétaire. Mais en vain.

— Il doit être sorti, m'avançai-je alors qu'Erich semblait perdre patience. C'est une période propice pour repérer les pousses en forêt.

— Alors, allons le dénicher dans les bois.

Je fronçai les sourcils, inquiet de son idée, mais le prince contournait déjà la cabane de l'herboriste sans se soucier de mon avis. Au coin du bâtiment, il me héla avant que je ne disparaisse de son champ de vision.

— Et comment comptez-vous retrouver un homme dans les bois ? m'enquis-je en le rattrapant d'un petit trot.

— Un amoureux des plantes ne doit pas être plus dur à pister qu'un cerf.

Certes, ces années auprès de son oncle Alan avaient finalement fait du prince un redoutable traqueur, mais nous étions loin de Dahlia. La faune et la flore seraient bien différentes. Nous risquions de suivre une mauvaise piste. Et de finir traqués plus que traqueurs.

— Ne fais pas cette tête, sourit-il alors qu'il s'agenouillait à la lisière des bois pour examiner de premières traces, imperceptibles à mes yeux de novice. Je sais que je marche en terres inconnues. Si je sens la présence d'un prédateur, je dégainerai mon arme.

— Sauf que vous portez une vulgaire rapière et non votre hache de combat.

Erich se releva et s'élança à travers les bois.

— Prétends-tu que je suis mauvais bretteur ?

— Avec une épée ? Plutôt oui d'après votre oncle.

Une mimique, coincée entre l'amusement et l'étonnement du toupet dont je faisais preuve, déforma le visage d'Erich.

— Moi qui pensais que tu étais la seule personne de mon entourage à apprécier mes talents.

— Mais je les apprécie, lui assurai-je alors qu'il bifurquait à gauche. Mais à la hache de guerre, pas à l'épée. Et quand allez-vous enfin me dire pourquoi vous souhaitez rencontrer un herboriste si ce n'est pour connaître la composition du poison qui a manqué de vous tuer ?