Nouvelle vie - partie 1 (VERSION 2)

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ERICH


Intérieurement, Erich était hilare, mais il se retint et afficha un air de façade des plus calmes. Ses années en tant que prince héritier de la famille Velt restaient un apprentissage bien ancré en lui pour maîtriser ses émotions... bien qu'elles n'étaient désormais plus qu'un souvenir d'une période inexistante. Cette simple pensée coupa sa gaieté, malgré l'embarras du seigneur des cieux qui tentait de rassurer ses convives de la présence de Garm. Malgré sa stature de roi, égale à celle de Rian ou Domenic, l'atmosphère qui régnait dans la salle commune était différente de celle des banquets à Dahlia. Ahédan inspirait le respect de ses hommes, mais Erich ne discernait aucune crainte dans leurs regards quand ils conversaient avec leur seigneur. Il ne surprenait non plus de regards calculateurs ni malveillants qui jalousaient la position de leur maître.

Je ne suis plus Erich, mais Ryrn désormais, se remémora-t-il alors que Markhar s'approchait de lui.

Le colosse était d'autant plus impressionnant maintenant que le garçon ne dépassait pas un mètre de haut.

— Tu vas le faire pleurer ! s'inquiéta une femme à l'arrière.

Elle se fraya un passage à travers les guerriers qui encerclaient toujours l'enfant et son barghest. Ryrn tomba sous son charme dès qu'elle apparut d'entre les hommes. Ses cheveux blonds reflétaient la lumière des braseros telle une cascade d'or, tandis que ses prunelles couleur lagon illuminaient son visage à la peau mate.

— Si ce gamin n'a pas peur d'un vieux barghest, je ne vois pas pourquoi il pleurerait en me voyant, lâcha le colosse.

— Ce gamin, comme tu dis, est désormais mon fils, Ryrn, siffla la femme qui se posta à sa droite, les mains sur les hanches. Ton nïrsslya.

Malgré sa taille digne d'une douce biche et son minois angélique, une aura de meneuse émanait de cette jolie blonde. Markhar préféra battre en retraite et rejoignit Ahédan. L'homme s'inquiétait encore pour le dragon.

— As-tu un moyen de contacter Ixen ? s'enquit-il auprès de Garm. Il doit se faire un sang d'encre pour son protégé.

Mais le barghest secoua sa tête brumeuse en signe de négation.

Ma magie ne peut gagner ses cieux.

Ixen devait être fou.

Un large sourire étira les lèvres de Ryrn, alors qu'il riait intérieurement de cette douce vengeance. Il lui avait menti durant des années... Ce concours de circonstances n'était qu'une punition du destin. Il méritait bien un peu de tension, même si le jeune garçon ne pouvait se résoudre à le détester.



La soirée s'écoula doucement, laissant le temps à Ryrn de s'adapter à sa nouvelle demeure. Comme dans ses souvenirs, les Askaziens étaient des hommes et des femmes bien plus bruts de coffre que les nobles dorsükiens. D'autant plus alors que les convives le considéraient comme un simple enfant encore loin de comprendre les manœuvres politiques.

Le garçon profita de cette situation pour sonder Ahédan. L'homme échangeait avec son bras droit sur sa vision de l'avenir. Il lui avoua sans détours son désir de reconquérir les anciennes terres de son peuple, d'autant plus que son nouveau fils était l'occasion unique pour se mettre en marche.

— Tant que Ryrn sera là, Ixen nous soutiendra sans hésitation, affirmait-il sans honte alors qu'il croisait le regard de suie de l'enfant assis à ses côtés.

— Tu comptes le marier aux Velt ?

Ryrn frissonna au souvenir de sa sœur, Nessa. Si l'histoire suivait son cours, elle serait la seule fille que Rian proposerait en mariage. Et quand bien même son père biologique aurait une autre fille, Ryrn se sentait nauséeux à l'idée de fonder une famille avec une sœur de sang...

— Non, déclara Ahédan à son grand soulagement. Nous avons conclu que nous ne lierons pas nos héritiers. Ce fardeau reposera sur les épaules de ma fille.

— Tu... réserves Ryrn pour une autre alliance ?

Le seigneur des cieux resta muet. Ryrn l'avait assez côtoyé par le passé pour sentir qu'il cachait quelque chose, tout comme Markhar qui plissa les sourcils, mais n'insista pas davantage sur le sujet.

— Nous verrons. Les mariages arrangés ne sont pas vraiment ancrés dans nos mœurs. En organiser déjà un avec Ailla provoquera assez de mécontentement... et il se fait tard ! trancha Ahédan. Ixen ne reviendra probablement pas avant demain.

Markhar rit alors qu'il se levait.

— Nous l'entendrons vite s'il revient durant la nuit, plaisanta le colosse.

Ahédan grommela. Cette perspective ne semblait guère l'amuser.

 Cette perspective ne semblait guère l'amuser

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IXEN


Je n'arrivais pas à y croire !

Comment l'histoire avait-elle pu changer ainsi ? L'alliance de Rian avec les Askaziens avait-elle poussé un ennemi à enlever l'héritier de la famille Velt ?

Bien que sceptique, je préférais ne mettre aucune piste de côté et survolai les routes qui reliaient les royaumes nord et sud de Dorsük. Aucun voleur ne m'échapperait ! Je ne pouvais demander à Lazrie de remonter le temps à nouveau si Erich venait à se faire tuer... Notre père risquerait de s'en rendre compte et les années à attendre la naissance du garçon seraient bien trop longues à mon goût. Sans compter qu'Ahédan aurait lui-aussi beaucoup à refaire avec les souvenirs d'un homme d'âge mûr.

Les premiers rayons inondaient l'horizon de leur lumière dorée, tandis que je rebroussai chemin pour la énième fois aux frontières sud de Margus. La vue de cette ville de pierre, bien qu'encore entre les mains d'Ahédan, me hérissaient les écailles. J'hésitais à pousser mes recherches plus bas encore, mais aucun humain n'était capable de rallier Dahlia et Margus en une simple nuit, alors à quoi bon chercher plus loin. Tant de kilomètres étaient déjà bien assez rudes pour mes ailes draconiques... elles me tiraillaient au point que je décidai de faire une halte.

Exténué, physiquement comme mentalement, je me posai sur un maigre plateau des sommets bordant Margus. J'inspirai profondément, l'espoir fou de sentir le doux parfum d'Erich flotter dans l'air... mais rien.

Le garçon était introuvable !

Le destin s'acharnait-il sur lui ou bien sur moi ? Lui refusait-il une vie plus paisible ?

Non! pensai-je en secouant la tête.

Je ne croyais pas au destin. La vie n'était qu'une série d'évènements aussi imprévisibles que la mort. La malchance avait simplement décidé de nous poursuivre...

Bien que mes ailes encore endolories, je repris mon envol. Je ne pouvais quitter Dorsük avant d'avoir retrouvé Erich !


***

On a pommé le dragon ! ;p

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Illustration carte : moi-même / wonderdraft. Tousdroits réservés sur cette image.




Prince et Dragon - Tome 1 : Ixen [TERMINE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant