Prince et Dragon - Tome 1 : Ixen [TERMINE]

Jeu temporel - partie 1 (VERSION 2)

ARANIR

Encore une fois, son maigre échange avec son fils se soldait par une discorde. Un éternel recommencement dont il ne savait comment s'extirper.

Néanmoins, contrairement aux fois précédentes, son fils cadet semblait différent. Aranir ne parvenait pas à mettre le doigt sur ce changement qui le chagrina durant leur mésentente, la raison qui poussait son fils à venir quérir son aide le perturbant davantage. Depuis quand cet impulsif, doublé d'une puissance trop grande, se souciait-il tant d'un être terrestre ?

Cette faible créature avait-elle corrompu l'âme de son fils ?

Aranir ne voyait guère comment cela restait envisageable. Un dragon aussi redoutable qu'Ixen ne pouvait voir son âme entachée par la présence d'un être terrestre...

Du moins, il le pensait.

Devait-il jeter un œil dans le bas monde pour s'en assurer ?

Non. Aranir refusait de s'abaisser à espionner son fils cadet. Mais peut-être était-il judicieux de passer outre un petit principe pour s'assurer que cet impulsif ne propulserait pas sa race au-devant de trop lourds problèmes ?

Aranir hésitait.

La puissance d'Ixen était grande. Trop grande. Il ne comprenait toujours pas la raison qui l'avait jadis poussé à créer une pareille machine de destruction.

Ma soif d'expérience avait surpassé ma raison.

Même lui, le créateur de sa famille, n'était pas exempt de commettre des fautes. À cette simple pensée, il se décida. Le comportement d'Ixen était de sa responsabilité. Il devait s'assurer qu'il ne commettrait pas l'irréparable.

Bien qu'un brin de honte voilant son cœur, il usa de sa magie pour sonder le bas monde. Tout semblait calme, hormis les guerres et les destructions causées par les peuples terrestres eux-mêmes. Ces créatures ne parvenaient jamais à vivre en paix avec leurs voisins... La moindre différence entre eux était susceptible de devenir une raison pour causer de grands maux. Quand ils ne s'entretuaient pas pour une simple envie de conquête ou de grandeur futile.

Dans un soupir, Aranir se concentra sur la recherche de son fils. Il survolait la chaîne de montagnes, tournoyant au-dessus de pics sans sembler se décider sur le cap à tenir.

Mon refus lui pèse.

Mais plus que cette réalité, le vieux créateur ne comprenait pas ce qui le dérangeait en son fils. Sa réincarnation semblait couronnée de succès. Trop à son goût d'après la puissance écrasante qui émanait de son corps, plus grand encore que dans sa première existence.

Elle croîtra à chaque renaissance....Est-ce cela qui le rend si différent ? Aurait-elle modifié son âme ?

Aranir hésitait encore quand son fils piqua brusquement vers les terres. Il dévala les flancs des montagnes et s'élança à travers le ciel, au-dessus d'une ville humaine. Le corps de l'être terrestre qu'il souhaite faire revivre devait se trouver en son sein.

Impatient, Aranir espérait que son fils daigne se poser, mais l'arrivée de Lazrie changea ses plans. Sa fille n'avait pas volé son surnom de vipère ailée, affublé par son cadet, mais elle était aussi assez intelligente pour le convaincre de rester au calme.

Aranir n'avait plus raison de s'inquiéter. Elle aurait tôt fait de le remettre dans le droit chemin.

Convaincu, il ferma les yeux et se rallongea. Un long sommeil de quiétude l'attendait pour encore quelques années.

***

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