Prince et Dragon - Tome 1 : Ixen [TERMINE]

Complot - partie 2 (VERSION 2)

Le lendemain matin, Erich ne dormait pas quand j'entrais

Le lendemain matin, Erich ne dormait pas quand j'entrais dans sa chambre. Allongé sur le dos, le regard rivé sur le plafond peint de son lit à baldaquin, il émit un bref grommellement pour m'informer de son éveil. Je m'approchai et l'observai, perplexe. La peinture du plafond était certes magnifique avec son paysage printanier et son troupeau de cerfs, mais rien qui n'aurait dû retenir l'attention du prince.

— Je n'ai pas l'habitude de toute cette lumière, soupira-t-il finalement. C'est agréable, mais ça m'a réveillé dès l'aurore.

Je glissai un sourire amusé aux hauts vitraux qui bordaient la tête du lit. De somptueuses fresques ornaient la partie haute, tandis que la basse offrait deux fenêtres au carreau simple. J'en ouvris l'une d'elles et inspirai la brise matinale.

— Il fait déjà doux à cette heure.

Curieux, Erich se leva et jeta un œil par-dessus mon épaule. Nous avions vue sur de nombreuses terrasses, au-dessus du parvis du château et de sa fontaine aux atours féminins. Je baissai le regard sur la ville qui zigzaguait le long de la falaise, tandis qu'au loin se dessinaient les champs et maigres demeures de paysans. Une légère brume voilait les plaines, leur donnant un aspect enchanteur.

— Domenic vénère un dieu humain ou bien les femmes ? plaisanta le prince en désignant d'un hochement de tête les statues aux rondeurs aguicheuses.

— Vous feriez mieux de vous vêtir avant d'aller le lui demander. À moins que vous n'espériez conquérir sa fille avec votre sous-vêtement de coton. Vous êtes bien bâti, mais je ne peux vous le conseiller.

Erich me colla une tape sur le crâne dans un sourire taquin.

— Donne-moi de quoi me vêtir alors. Je ne pourrais pas en prendre une à ta place dans cette armoire qui n'est pas la mienne.

— Les domestiques des Noithcœur ont dû y monter vos bagages.

— Tu crois réellement que j'en ai pris dans ma petite besace de cuir ?

— Vous n'avez pas pris de changes ? soufflai-je ahuri.

Erich haussa les épaules d'un air dégagé.

— Je comptai sur toi pour m'en offrir avec ta magie. La dernière fois, tu m'avais créé une tenue qui a ravi la cour.

Je me gardai de lui avouer que sa connotation de l'ancien peuple n'aurait guère le même effet sur Domenic et ses partisans. Et Rian ne manquerait pas de l'humilier devant les nobles du royaume sans une once d'hésitation. Je devrais me contenter de quelque chose de plus classique... au risque de décevoir Erich.

— Habille-moi au lieu de me fixer avec cet air pensif, grogna Erich. C'est... dérangeant.

— Vous êtes bel homme, mais je ne suis pas de ce bord, déclarai-je d'un air dégagé qui le gêna de plus belle. Videz-vous la tête de vos craintes infondées le temps que je trouve une tenue adéquate.

Les poings sur les hanches, Erich fronça les sourcils. Je me retins de rire devant son air ridicule. Croyait-il réellement m'impressionner en sous-vêtement ? Et ses pitreries involontaires ne m'aidaient guère à trouver une idée vestimentaire qui le satisferait sans choquer la cour de Domenic et leur roi plus têtu qu'une mule.

— Un mélange entre la tenue d'un guerrier et les apparats raffinés d'un sang bleu peut-être, marmonnai-je en grattant mon menton imberbe d'un pouce.

Celui du prince commençait d'ailleurs à compter quelques poils désorganisés qu'il faudrait raser avant qu'il ne ressemble à un mendiant mal entretenu.