Prince et Dragon - Tome 1 : Ixen [TERMINE]

Traitre - partie 2 (VERSION 2)

Les quelques hommes présents s'étaient levés et saluaient Ahédan. Je fronçai les sourcils alors qu'il s'avançait vers nous.

Cela n'augurait rien de bon...

— Toujours aussi froid, lâcha-t-il en s'arrêtant à deux pas de moi.

Je pensais qu'il faisait référence à ma mine sombre, quand je découvris que j'étais le seul encore attablé. Erich m'agrippa l'épaule avec force alors que nos regards se croisaient et me leva d'un bras.

— Mes excuses pour l'impolitesse de mon compagnon ! souffla-t-il en cognant d'un poing contre son cœur.

— Tu sais bien depuis que tu es ici qu'il a une position spéciale. Je ne m'attends pas à le voir se comporter comme mes hommes. Mais je ne suis pas ici pour débattre de ce sujet. Suivez-moi.

Nous saluâmes Nessa, prêts à lui emboîter le pas... mais Ahédan ne bougeait pas.

— La princesse est aussi concernée, ajouta-t-il avant de tourner les talons.

Bien que surprise, elle contourna la table sans attendre et nous rejoignit. Nous traversâmes les couloirs du Darakan sans dire mot jusqu'au bureau d'Ahédan. Markhar était absent... pourtant je n'avais jamais vu le maître des lieux convoquer des soldats sans ce guerrier qui le suivait telle une ombre. Inquiet de ce changement, je fixai Ahédan qui s'installait au bout de la longue table qui comblait la pièce.

— Vous n'êtes plus des étrangers dont je dois me méfier, me lança-t-il dans un sourire malin, en écho de ma mine sombre. Bien que je ne puisse ouvrir les portes de la ville à la demoiselle. Ta seule présence, Erich, fait déjà grincer les dents.

Mes compagnons accueillirent ses mots avec honneur, tandis que j'y voyais l'attente de notre loyauté inviolable. Je croisai les bras et restai en retrait, d'un pas derrière les deux jeunes nobles.

— Aimeric de Roux est sorti de son silence, continua-t-il dans un regard dur. Il souhaite nous rencontrer pour établir les lois qui détermineront le traité de non-agression. Quand je dis nous, je vous compte aussi, demoiselle de Velt.

Ses mots jetèrent un froid. Erich me coula un coup d'œil perplexe, tandis que Nessa coupa ce silence oppressant d'un calme déroutant.

— Le traité ne peut être signé, et encore moins établi, sans que j'aille à Amira, conclut-elle.

Son frère tressaillit.

— Tu ne peux pas rejoindre ce fou ! gronda-t-il, aussi inquiet que furieux face à cette perspective.

— Maître Ahédan a été d'une générosité exemplaire en me laissant profiter de mon séjour ici, mais je reste une prisonnière qu'il peut échanger pour sauver son peuple. Comment pourrais-je encore prétendre vouloir le servir malgré mes origines dorsükiennes si je ne consens pas à me sacrifier pour sauver le peuple askazien ?

— Tu es courageuse, la complimenta Ahédan avec sincérité. Un sacrifice accueilli avec tant de détermination se doit d'être récompensé.

Un brin de malice dans le regard, il se pencha en avant et s'accouda à la table.

— Je compte bien établir le traité sur une base bien claire. Je te libère, mais ta présence ou non au côté d'Aimeric à la suite de l'échange ne sera plus de ma responsabilité.

À ces mots, les deux jeunes gens échangèrent un regard entendu. Pousser Nessa à s'enfuir une fois entre les mains d'Aimeric restait une proposition dangereuse pour le seigneur des cieux. Rien ne lui assurait qu'Aimeric ne briserait pas le traité à peine signé dans un excès de rage. Je lui fis part de mon avis, bien qu'elle m'attira la colère de mes compagnons.