Plumes divines - partie 4 (VERSION 2)

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Alors que nous sortions de la demeure d'Ennris, le prince hésita à élever Syla dans le secret lors des premiers mois. Mais il se rendit rapidement compte de sa stupidité aux vues des nombreux badauds que nous croisâmes. Il était impossible d'héberger Syla dans l'écurie sans que personne ne remonte l'information au roi. D'autant plus que le jeune animal ne semblait pas un cador en obéissance. Assis devant l'une des hautes statues à son image qui gardaient l'entrée du château, Erich dut se résigner à le porter sur ses épaules pour l'en déloger. Syla piailla, mécontent d'être confondu avec un sac à patates, avant d'apprécier le service et de s'étendre tel un chat sur les épaules du jeune homme. Sa longue queue, aux poils ras et au bout pourvu d'une large touffe blanche, venait de temps à autre tambouriner contre la poitrine d'Erich. La décoration des couloirs du château semblait lui plaire.

— Je suis désolé, prince Erich, s'excusa un garde alors que nous attendions devant la salle du conseil. Votre père ne peut vous recevoir.

Erich ne fut guère surpris. Depuis ces dernières années, Rian ne lui portait guère d'intérêt. Il n'allait certainement pas interrompre son conseil pour lui.

— Allons voir Alan, décida-t-il en tournant les talons.

Je coulai un dernier regard à la large porte de bois qui scellait la salle du conseil et suivis le prince. Je ne comprenais toujours pas comment cette tension, entre Rian et son fils aîné, était née. Le roi avait fait montre de mépris à l'encontre d'Erich l'année suivant mon arrivée. Je prenais d'abord sa froideur pour de l'intransigeance, mais au fil des mois, ses décisions et opinions vis-à-vis d'Erich devenaient malsaines. Il ordonna d'abord aux instructeurs de guerres de l'entraîner jusqu'à tomber de fatigue, puis de lui porter des coups solides, quitte à le blesser. Les mois suivants, il commença à le juger sévèrement puis, ces derniers temps, à le rabaisser sans une once d'hésitation devant leurs alliés ou leurs serviteurs. Irait-il jusqu'à tenter de le tuer, tout comme Valéria ? Je n'en avais que trop peur. Comme le disait Erich à sa sœur, sa seule chance de survie semblait d'évincer son paternel...

Mais comment en était-on arrivé là ? Et pourquoi ? La question me taraudait sans que je n'ai les moyens de l'élucider.

— Où vas-tu Ixen ? s'enquit soudain le prince.

Je hoquetai de surprise... et me rendis compte que je filai tout droit vers la maison d'Ennris, plutôt que de suivre Erich vers les écuries.

— J'avais la tête ailleurs ! soufflai-je en rebroussant chemin.

Le prince me coula un regard en biais, mais ne dit mot. Il s'élança vers l'écurie, en prenant soin de vérifier de temps à autre que je le suivais toujours.

 Il s'élança vers l'écurie, en prenant soin de vérifier de temps à autre que je le suivais toujours

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— Erich ! s'exclama Alan tandis que nous le dénichâmes au fond du bâtiment.

Les bras croisés sur le torse, il surveillait de son regard de faucon une jeune recrue qui ferrait un cheval.

Prince et Dragon - Tome 1 : Ixen [TERMINE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant