Prince et Dragon - Tome 1 : Ixen [TERMINE]

Colère ardente - partie 2 (VERSION 2)

— Ahédan ! soufflai-je en reconnaissant sa voix.

Je piquai tout droit vers le sol, en direction de sa source. Je ne fis pas vingt mètres comme un trait de glace vint se briser contre les écailles de mon museau.

Le magicien d'Aimeric pense-t-il me blesser avec sa puissance ridicule ?

Sa bêtise était aussi horripilante qu'humiliante ! Comment osait-il se croire capable de se dresser contre moi ?

De rage, je rugis. Mon grondement fut si puissant qu'il fit vibrer l'atmosphère. Un court instant, l'espace se figea. Les gouttelettes d'eau s'immobilisèrent dans le ciel, un éclair se faufilant entre leur petit corps aqueux et se reflétant dans leur eau limpide. Elles se transformèrent en une constellation aveuglante au-dessus des plaines, avant de reprendre leur course vers les terres.

La colère me faisait perdre le contrôle...

Père risquait de sentir ma puissance.

— Aimeric m'a menti ! hurla un humanoïde alors que mes yeux commençaient à percevoir leur silhouette. Le prince n'a pas un magicien à ses côtés, mais un dragon !

Je me posai à terre dans un tremblement qui déséquilibra les soldats ennemis. Les premiers s'écroulèrent, tandis que les lignes arrières prenaient leurs jambes à leur cou. Les mains liées dans le dos et agenouillé dans l'herbe détrempée, Ahédan se tenait en leur centre. Je narguai de toute ma grandeur le sarpïein qui se dressait à ses côtés.

— Voilà donc le fou qui a osé me jeter de la glace au visage, grognai-je. Est-ce aussi toi qui as lâchement abandonné mon protégé dans un pentacle ?

— Mes excuses, ô grand maître des cieux ! souffla le magicien, tremblant de la tête aux pieds, qui s'agenouilla dans une flaque malgré ses habits raffinés. Aimeric de Roux prétendait que vous étiez un simple magi...

D'un coup de croc, je brisai son corps en deux.

Je me moquais de sa prose. Il méritait simplement de mourir.

Son sang gicla au visage d'Ahédan qui ferma les paupières dans une mine crispée. J'achevai de broyer les os du sarpïein d'un claquement sec, tandis que le seigneur des cieux crachait un filet rougeâtre encore chaud qui dégoulinait sur ses lèvres. Son teint me paraissait bien clair. Je jetai le corps du magicien au loin avant qu'il ne rouvre les yeux.

— Vous avez souffert, déclarai-je de ma voix rauque alors qu'il me fixait d'un air perplexe.

Le pauvre homme avait été roué de coups, sûrement dans l'espoir de lui faire avouer quelques secrets. J'arquai le cou et concentrai un peu de magie au bout de ma gueule. Une sphère lumineuse, large comme une roue de charrette apparut et soigna ses blessures tel un coup de vent chasse la poussière.

— Coupez vos liens sur mes écailles, lui conseillai-je.

Il obtempéra, bien que peu confiant de sa proximité avec ma gueule sanguinolente.

— Je vous remercie, souffla-t-il en massant ses poignets. Et j'espère que vous me pardonnerez de vous avoir appelé à l'aide.

— Je vous cherchais, lui assurai-je. Votre intervention m'a simplifié la tâche. Nessa était-elle avec vous ?

— Oui. Votre venue l'a probablement effrayée. Sans vouloir vous vexer !

Je ne pris pas affront de ses aveux et relevai le museau pour scruter les alentours. Les soldats étaient déjà loin... et je doutai que l'un d'eux ait trouvé le courage, ou la présence d'esprit, de s'occuper de la demoiselle avant de s'enfuir.