Voilà une semaine que Angelica m'avait presque chassée de chez elle et par la même occasion, interdit de remettre les pieds là-bas. Je devais désormais me débrouiller seule pour les prochains évènements internationaux puisque c'était avec eux que j'étais supposée y aller et loger sur place. J'ai encore un peu de temps pour trouver, deux semaines exactement.
Mais ça ne va pas être simple de trouver du temps pour s'en occuper car je pars mercredi pour les championnats de France poney. Comme si mon programme n'était pas assez chargé, on me l'a rajouté à la dernière minute. Mais j'ai besoin de travailler donc je ne vais pas dire non. Surtout que j'ai toujours admirer et adorer ces poneys extraordinaires. Et puis ça va me faire un entraînement avant leur championnat d'Europe.
Le monde sur le bord de la carrière est aberrant. Cela faisait plusieurs semaines que je n'avais pas était sur le bord d'une carrière et cela ne m'avait pas forcément trop manqué, enfin c'est surtout à cause des personnes qui m'entourent qui me gênent pour les photos. Je ne peux pas m'orienter comme je veux et me déplacer même un petit peu sous peine de perdre ma place de choix. J'ai bien remarquer deux autres photographes lorgner ma place avec intérêt, c'est décidé je campe là.
A la pause pour passer la herse, mon téléphone vibre dans la poche arrière de mon jean. Lorsque je vois le nom qui s'affiche sur l'écran, je fronce automatiquement les sourcils. Pourquoi m'appelle-t-il ?
- Oui ?
- Ca va beauté ?
- Oula, riais-je, qu'est-ce que tu as à me demander ?
- Je vois une meuf canon avec un appareil photo sur le bord de la carrière une pile ne face de moi.
Je fronce un peu plus les sourcils. Il est vraiment en train de parler de moi là ? Il sait très bien où je suis puisque j'ai mis une story il y a dix minutes. Mais je ne me souviens pas l'avoir vu sur le site, ni avoir vu quelqu'un de son écurie aujourd'hui.
- Tu as perdue ta langue ?
- Qu'est-ce que tu me veux ?
- Baisse la tête.
Je baisse la tête et le tourne à droite puis à gauche. Il est là. Il me sourit, adossé au mur du tunnel reliant la carrière de détente à la carrière principale.
- Tu me rejoints ?
- Je bosse là, je ne peux pas bouger.
- Ok alors j'arrive.
Je n'ai pas le temps de répliquer qu'il raccroche. Il arrive. Il agit bizarrement je trouve. Ce n'est pas dans ces habitudes d'être aussi entreprenant et à parler avec une langue aussi déliée. Je le reconnais quand il arrive puisqu'il pose ses deux mains sur mes hanches pour me coller à lui avant d'embrasser ma joue droite.
- Décidement, que t'arrive-t-il aujourd'hui ? Qu'avez-vous fait de Gabriel Bourderois-Calabresse ?
- Il est toujours là, il n'a juste plus envi de cacher ce qu'il ressent.
Ouch. Mon coeur cogne fort dans ma poitrine. Il bat fort, trop fort pour que ce soit normal. Comment une simple phrase peut me retourner comme ça ? Je sens mes joues me brûler petit à petit et son sourire s'agrandit. Il se fout de moi le con.
- Tu en as jusqu'à quand ?
- Seize heure je pense.
Il regarde sa montre.
- Ok je reste avec toi et ensuite on file.
Je secoue la tête et lui explique que s'il veut on peut se poser dans un petit bar du site s'il veut mais il ne semble pas d'accord avec ce scénario. J'ajoute alors que je dois envoyer mes photos dans l'heure qui suit la fin de l'épreuve et il semble enfin comprendre.
- Une heure pas plus.
Je souris et me reconcentre sur mon appareil photo. Je peaufine mes réglages suite au changement de luminosité avec l'arrivée du Soleil et prend le cavalier qui vient d'entrer en piste. Gab commente son parcours dans mon dos et je souris à l'entente de ces derniers, heureusement qu'il n'est pas coach, je plaindrait ses cavaliers.
Je le sens se redresser quand un poney gris arrive à la porte. Je reconnais aisément Angelica aux côtés de la cavalière.
- C'est un fils de Zéphir, je l'ai emmené jusqu'en As 1 à l'époque avant de le laissé à Sacha, c'est le poney qui l'a formée sur les hauteurs et ils ont fait leur première vrai saison en GP cette année.
Je ne réponds rien et commence à prendre en photo la jeune cavalière et son poney palomino. Il a du cooeur ce poney. Il se démène à sortir du triple sous les encouragements de sa cavalière suite à une entrée plus que médiocre. Le garçon dans mon dos se tend à chaque obstacle et je ne peux retenir un sourire moqueur.
- D'ailleurs, j'ai réussi à calmer les choses avec ma mère. Bon j'ai pas forcément pu totalement te défendre tu comprends bien, mais tu pourras au moins partir avec nous comme c'était prévu et monter Hello Boy.
- Non je ne comprends pas sur ce coups là. J'ai encaissé toutes ses crasses et la seules fois où je réplique je me fais couiller.
- Toutes ses crasses ? Répliquer ?
- Laisse tomber Gabriel, je souffle, Ce serait trop long à expliquer.
Il hoche simplement la tête et je me reconcentre totalement sur la piste. Un silence qui est presque gênant s'installe entre nous. Heureusement il est interpellé un peu plus loin et s'éloigne donc de moi. Je respire enfin normalement et ce n'est que maintenant que je me rends compte que je m'étais tendue.
Il était revenu à mes côtés quelques minutes plus tard et était resté avec moi jusqu'à la fin de l'épreuve. Nous avions ensuite bu un verre pendant que j'envoyais mes photos au magazine pour lequel je travaille.
- Tu dors où ?
- J'ai planté ma tente sur la parcelle loué par les écuries.
- Oh tu as des gamins qui font les championnats ?
- Oui, de la Poney 2 à l'As 1. Je les prends en photos en plus de mon travail, ça leur fait plaisir.
- Toujours l'âme charitable à ce que je vois.
- Uniquement pour ceux qui le mérite.
Il regarde son verre en souriant avant de simplement relever son regard vers moi. On se fixe pendant quelques secondes, avant que je ne doive détourner le regard pour le concentré sur mon téléphone, qui vibre sur la table. Justement quand on parle d'eux, c'est le coach qui m'appelle.
lagardephotographie
lagardephotographie '
📍 Saut Hermès
•
Olio d'Hostoir avant son parcours avec @gabribourderois @elevagedhostoir
VOUS LISEZ
Sous l'objectif
Teen FictionEt si on avait plus de lien qu'on ne le pensait ? Et si on en jouait ? Et si...