Chapitre 1

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          J'arrive au point de rendez-vous avec un peu d'avance. Ce matin j'étais incapable de prendre mon temps, l'excitation était si grande que j'ai tout fait rapidement. Bien, mais rapidement. Emilie m'emmène les trois jours et c'est bien pratique puisque je n'ai pas encore de voiture. Je lui propose de conduire au retour puisque j'ai quand même mon permis, mais elle refuse. Je suis sûre que j'arriverais à la convaincre au fil du week-end de conduire même une partie de la route.

- Tu vas aller sur beaucoup de TDA cette année j'imagine.

- J'espère, j'aimerais en faire le plus possible, accréditée ou non.

- Tu as déjà pensé à te faire accréditer sur un plus gros magazine ? Pour couvrir de plus gros évènements ?

- J'aimerais, je souffle, ce n'était pas faisable l'année dernière car j'étais mineure, mais cette année je compte bien profiter.

          Elle hoche la tête et se concentre sur le rond point que nous passons avant de me jeter un rapide regard en biais.

- Tu devrais tenter, cela t'ouvrirai plus de portes comme pour les internationaux ou les championnats. Je verrai ce week-end ce que tu donnes en conditions réelles, mais tu peux compter sur moi pour te faire bosser.

          Nous continuons de discuter sur le reste du chemin et Émilie continue de faire des plans sur la comète avec son histoire de championnat d'Europe ou de France ou du monde même. Je ne m'imagine pas sur ces grandes pistes avec mon appareil photo semi-pro. Certes j'ai un aussi bon objectif qu'un professionnel comme Emilie, mais mon boîtier reste des plus basiques puisque qu'un boîtier de professionnel coûte bien trop cher pour mon petit budget. Surtout avec le peu de revenus que je peux avoir.

          Lorsque nous arrivons sur le concours, je me rends compte que ce n'est pas un petit concours, très loin de là. Je ne regrette définitivement que très peu ma TDA manquée quand je vois que même sur la piste que je vais couvrir il a y a de belles épreuves. Je commence à remercier Emilie mais elle m'arrête directement.

- Tu me remercieras dimanche soir.

          Je hoche la tête et le regarde se diriger vers les organisateurs. J'observe de loin, en prenant soin de ne pas trop me faire remarquer. Nous allons ensuite faire le tours des deux pistes. Elle m'aide à trouver la bonne place et je l'accompagne sur la sienne puisque la première épreuve de la journée ne va pas tarder à commencer. Nous avons aussi organisé la journée avec celle qui gère le stand même si sur ce genre de concours les photos sont plus achetées sur le site internet d'Emilie.

          Je finis par rejoindre ma piste et m'installe tranquillement pendant la fin de la reconnaissance. C'est une un mètre trente si j'ai bien retenu et à en juger par la hauteur des barres cela me semble cohérent. Sur cette piste je vais surtout avoir des épreuves préparatoires et des épreuves jeunes. Emilie m'a conseillée de prendre le plus de photos possibles sur les jeunes car les cavaliers ou propriétaires ont souvent l'habitude de prendre des photos pour la potentielle vente plus tard. Je me suis contentée d'acquiescer. Je n'aurais pas eu ce réflex même si cela peu sembler logique. Mais, dans un premier temps, je vais me concentrer sur prendre de bonnes photos sur ce genre d'épreuve et ensuite je verrai pour plus me déplacer sur la piste et donc prendre plus de photos.

          La matiné passe très rapidement et j'ai une bonne grosse demi-heure pour avaler mon sandwich et mes frites avant de devoir reprendre mon poste sur la piste pour l'épreuve des quatre ans. J'apporte, au passage à boire à ma boss qui elle ne semble pas encore pouvoir prendre une pause. Elle m'assure que la sienne est plus tard mais je peine à la croire; je l'ai déjà vue sauter des repas en concours. Une fois mon repas et celui de ma collègue qui gère le stand aussi, je me dirige vers le stand pour déposer mes photos au passage.

- Ah enfin te voilà, s'exclame la fille.

          Enfin ? Je suis en avance par rapport à l'heure que l'on avait donnée ce matin pourtant. Je l'interroge du regard et pour première réponse, elle penche la tête sur le côté. Mon regard se pose sur une silhouette qui était restée en retrait jusque là.

- Ce jeune homme voulait voir les photos de la cent trente de ce matin. C'est toi qui la prise n'est-ce pas ?

          Je hoche la tête et détaille le garçon qui se trouve sur ma gauche. Il est grand, chatain foncé. A peine plus vieux que moi, voire mon âge même. Dire qu'il ne me dit rien serait mentir, mais je ne sais pas où je l'ai déjà vu.

- C'est moi oui, je hoche la tête.

          Je tends ma carte SD à Léa et elle l'insert dans l'ordinateur pour pouvoir transférer les photos. Je sens son regard sur moi pendant que nous faisons les manipulations sur l'ordinateur. Je branche l'écran pour qu'il puisse voir les photos une fois que Léa aura terminé. Je m'éclipse rapidement après avoir récupérée ma carte SD. Je me trouve un coin calme au bord de la carrière principale pour manger, il ne me reste que quinze minutes.

- Tu as du talent.

          Je sursaute et me retourne lentement. Le même garçon du stand se tient derrière moi, appuyé contre le mur beige, encore en tenue de concours.

- Merci, répondais-je simplement en me reconcentrant sur la piste.

          Le cavalier devient soudainement plus intéressant que le reste. Je sens encore une nouvelle fois son regard dans mon dos. Le cheval semble totalement perdu dans ce qu'il doit faire. Le cavalier se contente de pousser en espérant que son cheval saute chaque obstacle.

- Il va s'arrêter, chuchotais-je.

          Et effectivement, c'était visible à plusieurs foulées, le cheval pile un grand coup.

- Tu t'y connais.

          Il semble surpris, mais sa réplique ne sonne absolument pas comme une question; il est sûr de ce qu'il avance. Je souris doucement, il ne le verra pas puisqu'il est dans mon dos, mais cela m'amuse.

- Avant d'être photographe, je suis avant tout cavalière, enfin j'étais.

- Tu ne montes plus ?

          Je me contente de secouer la tête de gauche à droite. Il semble comprendre que je n'ai pas envie d'en dire plus puisqu'il se contente de souffler. Je regarde ma montre et écarquille les yeux : la reconnaissance sur la piste de deux finit dans une minute.

          Je me lève précipitamment et me précipite vers la piste numéro deux. Je reste en bord de carrière puisque le premier cavalier est déjà lancé. Je prends les obstacles que je peux avoir de la où je suis puis me dirige vers le centre de la carrière à la fin du tours. Je regarde un peu autour de la carrière et le vois, il m'a suivie. Il me sourit avant de s'appuyer sur la barrière de la carrière avec ses avant-bras et de saluer le cavalier qui passe à côté de lui. ce qui est sûr, c'est qu'il n'est pas inconnu au monde du cheval, loin de là.

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