Voilà près d'un mois que je n'ai pas bougé sur de gros concours. Il n'y a pas forcément de grosses échéances sur lesquelles on voulait m'envoyer, j'ai simplement fait quelques concours pas loin qui cherchaient une photographe. J'en ai profité aussi pour me recentrer sur les shooting et les cessions vidéos. J'ai seulement été sur une TDA pour prendre des photos sur le Grand Prix Excellence et interviewer deux cavalières. C'était un week-end plutôt calme en terme de travail mais avec de longues journées.
Mon projet de vidéos a été plus que bien reçu par l'équipe du magazine donc je continue les immersions en concours puisque c'est qu'on nous demande le plus de faire. Je compte changer de cavalier à chaque fois et ne pas en faire tous les week-ends pour garder le côté unique et rare de la chose.
A côté je continue mes recherches d'appartements pour me rapprocher de ma famille mais c'est plus compliqué que prévu. Je n'ai pas de coup de coeur, aucun de m'inspire ou me fait envi. Je pourrais en prendre un à rénover mais je n'ai ni le temps ni l'argent pour.
Je prépare mon sac pour me rendre demain matin à la plage avec mes anciennes écuries. Ca va me changer les idées en attendant le week-end où je me rends au Mans pour les épreuves Pro de dressage. Je dors chez les Calabresse puisqu'il ne sont pas loin des Bouleries. Ca me fait une dépense en moins et avec ce mois assez creux ce n'est vraiment pas de refus.
J'allais me poser dans mon canapé après avoir terminer mon sac quand mon téléphone sonne à l'autre bout de la pièce. Je souffle et vais le chercher en traînant des pieds.
- Oui ?
- Ca va Garance ?
- Très bien et toi ?
- Il fait un peu froid par chez toi mais ça va.
- Ah oui effective-, je me coupe, attends t'es où là ?
- En bas de chez toi, il rit.
Je lui ouvre la porte d'entrée de l'immeuble et ouvre la mienne pour le voir arriver.
- Qu'est-ce que tu fous ici ?
- J'étais dans le coin donc je me suis dit pourquoi pas passer te voir.
Je me décale pour le laisser entrer et observe comment il est habillé. Il est en tenue d'équitation. J'imagine qu'il a dû essayer un cheval dans le coin. Bordel, je viens de remarquer que son pantalon lui fait un cul bien sympathique. Je détourne rapidement le regard, soudainement gênée.
- Tu pars en shooting demain ?
Il est devant la petite table ronde dans un coin de la pièce qui sert de salle à manger. Mes affaires pour la photos sont toutes sorties puisque je dois les nettoyer demain matin avant de partir.
- J'accompagne mon ancien club à la plage demain.
- En plein mois de janvier ?
- Il faut croire, au moins il n'y aura personne.
Il hoche la tête et s'assoit sur le canapé du salon où j'étais juste avant son appel.
- Et donc tu restes là ?
- C'est si gentiment proposé, sourit-il.
Quelque chose cloche. Je le regarde, bras croisés sur la poitrine et regard inquisiteur, j'attends clairement des réponses. Il plante son regard dans le miens, avant de se redresser en soufflant.
- Je me suis pris la tête avec ceux qui étaient avec moi. J'étais avec mon cousin, nos parents et Danaë. On s'est pris la tête pour de la merde et j'ai préféré aller te voir plutôt que de rentrer à l'appartement qu'ils ont loué.
Je ne sais pas si je dois bien le prendre qu'il est pensé à moi. Toujours est-il qu'il ne veut pas parler de la dispute, sinon il l'aurait déjà fait.
-Tu connais ma mère avec ses poulains, commence-t-il, bah parfois j'ai l'impression qu'elle me traite comme si j'en étais un.
- Elle s'inquiète pour toi, c'est normal.
- C'est depuis l'histoire de Sacha et Pauline, les darons de Danaë.
Il marque une longue pose. J'imagine déj le pire que ça ait affecté tout le groupe et y laissé une espèce de traumatisme.
- Pauline était enceinte presque deux ans avant ma mère. Si j'ai bien compris ils l'ont annoncé pendant les JO de l'époque. Tout se passait bien, Danaë est arrivé un an et demi après moi et encore une fois tout allait bien, il sert la machoire et baisse la tête. On s'entendait bien avec Marine, elle était bien comme gamine, mais les gosses sont cruels entre eux. Elle se faisait emmerdée au collège et ne le supportait plus ; elle a fini par se suicider.
Pauvre enfant.
- J'avais beau être en cinquième, j'ai tout de suite compris et j'ai assisté impuissant à la chute de tous les darons. C'était l'effondrement total au sein du groupe. Danaë n'a pas forcément compris, en grandissant elle a compris et même si elle en a souffert, elle est celle qui l'a le mieux supporté. Depuis les darons font gaffes à tout le monde.
- C'est compréhensible.
Je m'approche de lui et me mets face à lui. Je me penche et le prends dans les bras. Il passe ses bras autour de ma taille après quelques instants pour me rapprocher de lui. Je finis sur ces genoux, sa tête dans mon cou. Je sens ses larmes couler dans mon cou. Il pleure en silence, comme s'il avait honte de ce qu'il se passe en moment. Je me recule pour lui faire face mais il ressert sa prise pour que je reste comme lui. Aurait-il honte ?
Déjà que l'histoire qu'il m'avait racontée au salon m'avait montrer que la vie de Danaë était loin d'être simple et je pense de plus en plus que ce qu'elle nous montre n'est qu'une façade qui s'effondre en ce moment. Sa relation avec le garçon contre moi semble bien plus forte que ce que j'aurais pu imaginer. Beaucoup plus forte et fusionnelle. Ces traces restent encrées en eux et elles sont loin d'être cicatrisées.
- Je- J'ai eu des problèmes avec un garçons, commençais-je, il s'est passée beaucoup de choses avec lui et ça a fini par déraper. C'est Andréa qui m'a retrouvée après ça, je- je comprends mieux maintenant pourquoi il aussi aussi protecteur même avec quelqu'un qu'il a peu connu.
- C'était Eliot ?
Je hoche silencieusement la tête et je le sens se tendre lorsque mes larmes tombent à leur tours sur son t-shirt. On a tous des blessures, plus ou moins profondes, il faut apprendre à vivre avec pour avancer. Mais comment faire lorsqu'on nous rattache constamment à notre passé ?
- C'était ma meilleure amie, finit-il par dire en se redressant, les yeux rouges, je m'en veux de ne pas avoir fait attention elle, mais je sais qu'elle ne voudrait pas que je reste à me morfondre sur elle.
Je souris en le regardant. Cela déclenche le sien et je lui propose de commander à manger pour ce soir. Il accepte et pendant qu'il appelle, j'envoie un rapide message à Antoine pour le prévenir que son cousin est chez moi.
grncelagarde
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