Chapitre 26

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Je crois que je n'avais jamais eu une discussion aussi catastrophique. Je me suis prise des horreurs dans la gueule, elle m'a descendue comme une merde en l'espace de cinq minutes. Et ça ne s'est pas arrangé quand je lui ai annoncé que Duchesse est morte. Je l'ai vu se décomposer sous mes yeux, j'ai vu tant de peine dans les siens. Cela n'a duré qu'une seconde, une très courte seconde. Ensuite, elle a totalement changé, son regard est devenu hargneux, haineux. J'ai bien cru qu'elle allait m'en mettre une. J'ai essayé de couper court mais elle n'a jamais rien voulu entendre. C'est finalement Gabriel qui est venu l'écarter. Antoine est resté avec moi pour vérifier que je ne face pas de crise ou quelque chose de stupide.

- Je ne comprends pas, lâchais-je, on s'entendait bien, et du jour au lendemain elle est devenue distante et limite elle me déteste.

- Quand je te disais, attend qu'elle comprenne ce qu'il se passe avec Gabriel, je parlais de ça.

- Oui, mais jusqu'à preuve du contraire, c'est pas moi qui l'embrasse et qui couche avec. Je ne vois pas en quoi elle peut se sentir menacer.

- Genre il ne t'a rien dit.

- Il m'avait dit qu'il ne se passerait rien avec elle. On peut dire que c'est réussi, ironisais-je.

Il ne répond rien, il se contente de soupirer, surement las de notre, ou du moins de mon attitude. Je finis par enfin rentrer le petit poney au pré et je récupère le deuxième que je dois monter au passage. Lorsque je reviens à l'air de pansage, j'y trouve Gabriel, sur son téléphone.

- J'ai réussi à la calmer, commence-t-il sèchement.

Sympa l'ambiance ça promet. Je ne réponds rien et panse le poney cette fois-ci bai, avant de le seller. J'allais pour partir mais il me retient le bras.

- Pourquoi tu as couché avec Fabio ?

- Pourquoi ça te dérange ?

Il baisse la tête et lâche mon bras. Je continue d'avancer; je n'aurais pas de réponse. Je refais une séance comme avec Elstar et je le rentre avant d'aller manger. Il est seulement onze heures et demi donc personne n'est encore là pour manger et pour une fois j'en suis contente. J'ai vraiment besoin de faire le point avec moi même. Danaë est désormais au courant pour Duchesse; c'est officiel : elle me déteste et elle me reproche beaucoup de choses que je ne suis pas certaine que comprendre totalement.

Lorsque je sors de la maison pour aller chercher mon dernier cheval de la journée, je suis alpaguée par un bras sauvage. Je me retrouve derrière un grand mur avec Gabriel en face de moi. Qu'est-ce qu'il me veut encore ?

- Ça me fait chier.

Je le dévisage.

- Ça me fait chier que tu couches avec Fabio.

Je rire jaune devant ces aveux.

- À ce que je sache je fais encore ce que je veux non ?

- Oui, mais tu voulais la raison, alors voilà. Je suis grave emmerdé que tu sois proche d'un mec de cette façon tu vois ? J'arrive pas à ignorer ce sentiment.

- Serais-tu jaloux ?

- Non, je veux juste pas que tu te fasses soulever par tous les cavaliers de mon entourage.

- Classe.

Il baisse la tête vers ses pieds sen soufflant.

- Je viens de merder encore une fois. Écoute, on n'a pas une relation hyper stable ou hyper commune tu trouves pas, demande-t-il.

Je hoche la tête, c'est sûr que notre relation est loin d'être anodine. Au début on se faisait clairement du rentre dedans, limite du flirt, mais à côté on agissait comme des potes et parfois on est à la limite de s'engueuler, voire on s'engueule vraiment.

- Cette tension, j'arrive pas à l'ignorer depuis qu'on s'est rencontré.

- Et que suggères-tu, demandais-je à mon tours avec une pointe d'espoir en moi.

- Je ne sais pas. Ce que je sais par contre, c'est que je ne veux pas te perdre, je ressens continuellement ce besoin de t'avoir auprès de moi. Quand j'ai débarqué à l'improviste chez toi, j'ai même pas réfléchis alors que c'était à une heure de route de là où j'étais de base et-

Tout le long de son mini-monologue il s'état rapproché de moi. Mais ces mots me donnaient trop d'espoir en plus de cette proximité pour que ce soit vrai. Alors j'ai simplement posé mes mains sur son torse pour le retenir d'avancer plus, et peut-être que j'espérais qu'il s'arrête ainsi de parler. C'est ce qu'il a fait. Je me suis raclée la gorge avant de relever la tête vers lui et de noué mon regard au sien.

- S'il te plaît, ne continue pas, le suppliais-je la voix tremblante, je te l'ai déjà dit l'autre jour, je commence vraiment à m'attacher à toi et tu m'as clairement mis un premier stop, alors ne dit pas de choses qui pourrait laissé penser le contraire.

- Tu commences à t'attacher ?

- Je n'ai pas de réels sentiments pour toi, mais si ça continue je risque d'en avoir des vrais. Alors s'il te plaît, ne dis pas de chose qui pourraient laisser croire à mon coeur le contraire.

- Je-

- Non s'il te plaît.

J'arrive à me glisser entre le mur et lui pour m'enfuir. Cette proximité bien que voulue, n'était pas agréable. Elle me rappelle trop que je m'attache à lui sans espoir d'avoir plus. J'ai déjà commencé à lui mentir là dessus à l'instant et je vais devoir créer un mur pour ne pas continuer à lui mentir. S'il veut que nous continuons à être amis, je ne vais pas avoir le choix.

Mais d'un côté, je n'arrive pas à le comprendre, je n'arrive surtout plus à comprendre ses agissements. Son discours ne concorde plus avec les gestes de tout à l'heure. Que suis-je censée faire avec lui ?

Je suis dans mes pensés tout le chemin pour aller chercher mon dernier cheval. Tout tourne en boucle dans ma tête, du début à la fin. Quand il était proche, quand il était distant ou même quand il se comportait comme il voudrait qu'on soit maintenant : amicalement. J'essuie la seule larme qui roulait sur ma joue. J'en souffre peut-être un peu plus que ce que je ne l'aurais cru.

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