Chapitre 32

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Nosce te ipsum
"Connais toi toi-même !"


- Je t'en prie, dis quelque chose. Me supplia Keigo. Ça fait depuis deux heures que tu ne dis plus rien et que tu ne me regardes pas. Je suis vraiment désolé.... continua t-il d'une voix de plus en plus faible, plus cassée.

- Je ne suis pas en colère contre toi, si c'est ce que tu penses. C'était la seule phrase que j'arrivais à sortir face à la haine qui s'écoulait dans mes veines.

Pour la première fois, j'avais une rage incontrôlable qui bouillonnait dans mes veines et cela me touchait bien plus que ce que je pensais.

J'aimais Keigo, c'était une certitude, mais je ne savais pas que je pouvais me mettre dans un tel état pour une personne.

- C'est à cause de ce qu'il s'est passé, je le sais. Je t'assure que je ne voulais pas lui parler, mais elle pleurait et je ne savais pas comment réagir. Je ne pouvais pas la laisser comme ça.

- Je sais ! hurlais-je en m'en rendant compte trop tard, laissant un long silence entre nous. Écoute, je ne t'en veux pas, tu ne pouvais pas prévoir ce qui allait se passer. N'en parlons plus s'il te plait, je ne veux plus avoir cette image en tête. Disais-je pour me trouver dos à lui préférant regarder l'extérieur par la fenêtre.

Il me prit dans ses bras tendrement, me berçant au rythme de son souffle.

- Je t'aime, murmura-t-il au creux de mon oreille.

- Je t'aime aussi, lui répondis-je sur le même ton, détendue par sa présence et son toucher.

Ma colère diminuait et j'arrivais à me concentrer sur autre chose que ma cousine embrassant mon compagnon. Il y avait en ce moment une chose bien plus importante à faire que de rester à me morfondre de jalousie.

- Merci de m'avoir calmé, je vais mieux maintenant. (Je préférais me décoller de son torse pour lui annoncer la nouvelle.) Il faut qu'on parte, quelque chose de grave va se passer si on ne rentre pas chez nous maintenant.

Le blond me regarda étrangement. Il voulait que je lui donne des explications. Il semblait perturbé par tout ce qui s'était passé. Keigo avait vu à quel point mon père et moi étions tendus dans la voiture. Aucun d'entre nous n'osait parler, à ce moment-là. Ma crise de jalousie avait juste repoussé le temps des explications.

- Ma grand-mère veut que je te quitte pour prendre la tête de la famille. Rien ne lui fera changer d'avis, alors il faut qu'on parte tout de suite avant qu'elle trouve une solution machiavélique pour nous faire rester ou pour qu'on s'éloigne loin de l'autre.

- Je ne suis pas d'accord !

Sa voix avait été directe et tranchante, ce qui me fit sursauter. C'était la première fois que je l'entendais prendre un tel ton pour me répondre. Il pouvait se mettre en colère et être extrêmement directif quand il le souhaitait, mais jamais il ne s'était exprimé avec une telle froideur.

- Personne ne nous séparera et nous n'allons pas fuir. Je refuse que tu quittes ta famille, je m'en fiche qu'elle ne soit pas d'accord avec notre relation, mais c'est hors de question de partir comme ça et que tu vives dans le regret toute ta vie. Tu as la chance d'avoir une famille. Si tu prends cette décision, tu ne pourras peut-être plus jamais revenir ici voir ton père ou venir sur la tombe de ta mère. Je refuse de te séparer de tout ça.

- As-tu une idée de ce que peut faire ma grand-mère ? Elle peut manipuler et nous faire nous détester l'un l'autre. Je ne veux pas te perdre non plus ! Tu penses que je n'ai pas essayé de trouver une solution ? Tu ne la connais pas ! Elle est capable de tout pour arriver à ses fins et jamais rien ne pourra la faire changer d'avis. Je ne veux pas de la vie qu'elle m'impose et je n'en ai jamais voulu ! Je sentais ma voix devenir saccadée au rythme de mes paroles, crachant au fur et à mesure ce que j'avais sur le cœur. Je ne voulais pas qu'on me contrôle, je ne voulais pas devenir le pantin de ma famille. Etre libre était pour moi la plus grande des richesses et je refusais qu'on ne me la prenne.

La Jeunesse est le professeur des fous [Hawks x OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant