Chapitre 31

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Absentem lædit, qui cum ebrio litigat
"Celui qui se querelle avec un ivrogne frappe un absent"


L'ambiance était macabre. Nul n'osait ouvrir la bouche en premier et tous se regardaient avec un air supérieur pour montrer que chacun méritait sa place autour de la table plus qu'un autre.

Mon père et moi étions assis l'un à côté de l'autre scrutant le moindre signe des autres membres de la famille. Ils ne nous aimaient pas et nous leur rendions bien.

J'étais assez fière de moi d'avoir réussi à convaincre Keigo de rester dans la voiture le temps de la réunion. Au final, j'avais réussi à le convaincre en lui promettant une promenade en ville en amoureux après cette dernière. Il avait un peu rouspété avant d'accepter et d'enfiler son costard.

Ce dernier lui allait très bien et le noir de la veste mettait en valeur le rouge de sa cravate et de ses ailes mais il se plaignait d'être inconfortable et trop serré dedans. Ce que je pouvais parfaitement concevoir même si en mon sein j'avais espoir de le voir porter ce genre de tenue plus souvent.

Même si mon héros ne devait pas participer à la réunion, je l'avais obligé à porter cet accoutrement pour qu'il puisse pleinement se faire respecter et ne pas entacher l'image que mon père avait durement réussi à se construire au sein de cette entreprise et des domestiques de ma grand-mère.

A mon plus grand regret, les gens de ce milieu riche ne jugeaient les autres que par leur apparence et par leurs fréquentations, et je n'accepterai pas que mon père se retrouve dans une situation embarrassante par notre faute.

-N'empêche, je me demande ce qui est passé par l'esprit de notre grand-mère pour inviter une prolétaire qui est partie de la famille.

Cette remarque peu discrète fit pouffer sa sœur et glousser leur mère.

Serena et Sixtine étaient toutes deux mes cousines légèrement plus âgées que moi, respectivement de deux ans et de quatre ans. Elles étaient nées avec une cuillère en argent en bouche et étaient chouchoutées et dorlotées par leurs parents. Ces deux petites princesses avaient toujours vécu aux frais de leurs parents et espéraient bien que cela dure pour toujours.

Des jeunes filles de bonne famille qui se faisaient entretenir. Voilà la véritable identité de ces deux-là. Un jour, j'avais eu l'audace de leur tenir tête alors qu'elles m'insultaient une énième fois. La vérité était sortie de ma bouche tandis que je crachais encore et encore leurs quatre vérités à ces pestes.

Elles étaient reparties en pleurs se plaindre auprès de mon oncle, qui avait, bien entendu, sauté sur l'occasion pour m'engueuler.

Mon oncle était un homme au physique incroyablement banal. Du haut de ses un mètre quatre-vingts, il avait hérité du physique de son père à en croire les rumeurs. Des cheveux bruns, un visage rond et des petits yeux de fouine qui vous jugeaient constamment.

Ses vêtements, toujours de marques, avaient pour dessein d'exprimer sa classe sociale et son statut, mais à mes yeux cela le faisait plus ressembler à une caricature d'arnaqueur dans les vieux films.

Il avait toujours été jaloux de ma mère à cause de son caractère lumineux et joyeux qui attirait automatiquement les gens vers elle. Personne ne savait de qui elle tirait ce trait de personnalité dont je n'avais visiblement pas hérité.

Ce jour-là, il s'était adonné au plaisir de me critiquer moi et mes parents, renforçant davantage la haine et la peur que je pouvais éprouver pour lui à l'époque. Ces sentiments s'étaient bien sûr dissipés avec le temps, j'étais devenue plus forte. Seule l'indifférence maintenant était présente quand je pensais à lui ou que je devais entretenir une conversation bien malgré moi.

La Jeunesse est le professeur des fous [Hawks x OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant