7 Septembre

867 21 0
                                    



PREMIÈRE PARTIE: Professionels 



"Monsieur?"

Quand la voix féminine, fluette et claire de la femme docteur résonna dans la pièce, il revint sur terre et lui accorda à nouveau son attention. Il haussa les sourcils, cherchant à se rappeler où la conversation s'était arrêtée, si seulement elle avait commencé. Il savait qu'il était venu là pour ça. Parler. Et pourtant il semblait qu'il n'arrivait toujours pas à rester concentré plus de deux minutes d'affilées. 

"Qu'est-ce qu'on disait déjà?" Demanda t-il, la partie gauche de son visage tordue par une grimace coupable.

Le docteur Manning, d'après le nom inscrit sur la plaque métallique à l'entrée de son cabinet, ferma son cahier à petits carreaux et souffla en retirant ses lunettes.

Elle ne portait pas beaucoup de maquillage, ou alors il était suffisamment bien fait pour passer inaperçu, ce qui la rendait peut-être un peu fausse, mais il s'en foutait royalement. Il n'y connaissait pas grand chose en cosmétique mais il pouvait deviner qu'elle avait du mal à trouver sa teinte de peau en grande surface. Son visage légèrement bronzé était parsemé de petites tâches de rousseurs et de plus près, on pouvait voir ses cils, colorés d'un roux très léger et de blond foncé.  Toutefois, il était loin d'être aveugle, et bien qu'il ne vouait pas d'intérêt particulier à la poudre colorée, il devait admettre que son teint s'accordait si bien à ses cheveux frisés, qu'elle était d'une réelle beauté. D'ailleurs, c'était l'une des premières choses qui lui avait traversé l'esprit quand il avait mis les pieds pour la première fois dans l'immeuble. Il s'était installé dans la salle d'attente et avait tendu le bras pour attraper l'une des revues qui reposait sur une table basse blanche, près d'une plante verte éclatante de santé.

Il avait ouvert le magazine et l'avait feuilleté, un air absent dans le regard. Ce n'est que quand la femme qui se tenait assise devant lui, lui fit remarquer en se levant et en ouvrant la porte du cabinet que généralement, pour comprendre un ouvrage il fallait commencer par le lire dans le bon sens, qu'il avait été frappé par la régularité de son visage. Il ne su pas si c'était son plus grand moment de honte à cet instant, mais ça devait en être très proche. Suite à ça, il ne savait plus vraiment où se mettre, ce qui s'aggrava quand il se rendit compte que cette dite femme n'était autre que son docteur.

"Quand je rencontre un nouveau patient j'aime bien l'observer dans la salle d'attente, pour voir comment il se comporte. J'ai remarqué que le seul moyen pour obtenir des résultats est de me faire passer pour une cliente moi aussi", lui avait-elle avoué quand il s'était assis. 

On lui avait conseillé, ou plus précisément on l'avait forcé, à aller consulter une psychologue pour avoir quelqu'un à qui parler de ce qu'il se passait dans sa tête. Mais il était à l'idée réticent de se retrouver confronté aux procédures peu orthodoxes du docteur Manning, au point de ruminer chaque jour et chaque nuit la même question. 

Qui étaient les psychiatres des psychiatres? 

Parce qu'un psy peut lui aussi avoir besoin d'aide, et il voyait mal comment une personne pouvait s'auto-consulter. Le docteur Manning aurait bien eu besoin d'une consultation.

"Je vous disais que vous pouviez me parler de votre journée pour commencer. Ce que vous avez fait, de quoi vous avez discuté avec vos amis..."

C'était un terme que ses deux...non, trois anciens psy aimaient utiliser avant qu'il ne soit forcé de changer de consultant.

War of MemoriesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant