2 Octobre

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DEUXIÈME PARTIE : Stratégie

Son bras était appuyé contre la carrosserie du camion échelle, et son regard, se perdait dans le néant de son reflet dans la vitre de la portière. C'était la centième fois qu'il passait au même endroit avec son chiffon, sans vraiment se rendre compte qu'il était immobile.

Il n'arrivait plus à réfléchir, ou au contraire, il réfléchissait trop, avec cette impression qu'il n'avait pas sa place ici et qu'il ferait mieux d'être autre part, loin de tout ça, de toutes ces conneries et ces manipulations.

Il avait très mal dormi la nuit dernière, ne faisant rien d'autre que de se retourner dans son lit, sa couette ne recouvrant son corps qu'à moitié, un bras sous l'oreiller, plié en deux. Il avait fixé son plafond pendant une éternité, ruminant sans cesse sa dernière journée et n'avait fait que s'impatienter, s'énerver et finir par totalement s'éveiller.

C'était devant la télé, alors qu'il était venu s'avachir dans le canapé, un pack de bières à portée de main, qu'il avait fini par fermer l'oeil, vers trois heures du matin. Il les avait rouverts à sept heures, réveillé par la publicité d'une chaîne de sport, qui n'avait pas négligé les investissements pour la musique forte et rock.

Il s'était levé, s'était préparé et avait englouti un café et un déjeuné assez solide pour tenir une bonne partie de la journée. Il avait pris ses clefs, sa veste et s'était rendu à la caserne. Sac sur l'épaule, il avait disparu dans les vestiaires l'espace d'une dizaine de minutes, avant de ressurgir, un masque sur le visage. Il arborait un air décontracté, reposé et serein, qu'il ne côtoyait pas habituellement et se dirigeait doucement vers l'escalier qui menait à l'étage.

Hen, concentrée sur la lecture d'un magasine sur la parentalité, leva un regard confus vers le nouvel arrivant, qui se pencha par dessus son épaule et arqua un sourcil.

« Vous prévoyez d'accueillir un nouvel enfant? » Fit-il, devenant soudainement enthousiaste.

Elle tourna la tête vers lui, effarée comme si elle venait de voir une licorne et papillonna des yeux. Elle n'eut pas le temps de lui répondre qu'il était déjà parti vers la cuisine.

En traversant la mezzanine, il jeta un coup d'oeil en contrebas, où étaient garés les engins et perçu Chimney de dos, qui tenait en hauteur son portable, parlant avec des gestes larges et vifs. Il s'accouda à la rambarde, les chevilles croisées et pencha la tête sur le côté, curieux. Il était persuadé que Chimney et sa soeur vivaient ensemble, pourtant, il paraissait qu'ils avaient toujours quelque chose à se raconter d'assez fascinant pour que le pompier passe l'entièreté de ses pauses à l'appeler.

« Evan? »

Il tourna la tête d'un quart de tour sur la droite et se redressa, avant de s'appuyer sur sa hanche contre la barrière, accueillant le capitaine avec un sourire sincère et apaisé.

« Bonjour Cap'! » S'exclama t-il.

Bobby fronça les sourcils, dubitatif, avant d'afficher une mine amusée et de le rejoindre, les deux mains jointes au dessus du vide, ses avant-bras reposant sur le bois peint de la rambarde.

« Tu as l'air de bonne humeur. » Fit-il remarquer, en posant les yeux sur les machines, un soupçon de fierté dans le regard.

Evan imita sa position et haussa les épaules.

« Il fait beau, je pense qu'aujourd'hui va être une journée assez calme. » Répondit-il, pensif.

Bobby approuva. A la fois il voulait être d'accord avec lui, à la fois il sentait que quelque chose n'allait pas. Il ne savait pas si ça venait de la prochaine garde qui allait peut-être être désastreuse, ou si c'était le pompier à ses côtés, qui adoptait un comportement très étrange depuis qu'il était entré.

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