3 Octobre

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"Est-ce que vous vous sentez coupable?"

Eddie avait du mal à rester concentré, le métal autour de ses poignets le mettant mal à l'aise et la dureté de la chaise lui faisant presque regretter le cabinet du docteur Spencer.

Coupable était un bien grand mot et il n'était pas sûr d'en connaître la signification, mais comme il devait répondre, alors il dit ce qui lui passa par la tête en premier.

"Oui. Qui ne se sent pas coupable? Demanda t-il, résolu.

-Vous avez déclaré avoir discuté avec le jeune garçon qui vous a dit qu'une centaine d'élèves était coincée dans un amphithéâtre, et pourtant, vous avez décidé de ne rien faire pour les aider. Pourquoi?"

Les fois où il avait eu la désagréable impression d'être étudié à la loupe, analysé sous tous les angles et jugé par la thérapeute, n'avaient rien de comparable avec l'instant présent.

La froideur des murs, la monotonie des couleurs et l'oppression de la caméra et de l'enregistreur, étaient comme un cauchemar éveillé. Toutes ces fois où il avait eu l'impression d'être interrogé comme s'il avait commis un meurtre. Et maintenant que c'était ce qu'il se passait, il ne savait plus trop quoi faire.

Le docteur Spencer était là, assise sur une chaise à l'écart, silencieuse mais toujours aussi captivée par la conversation. Son calepin était ouvert sur ses genoux, et son crayon était prêt à enchaîner avec la suite.

L'inspecteur Madison, du même district qu'Athena, était réputé pour être dur, intransigeant et honnête. On ne lui connaissait pas la moindre bavure ou le moindre échec avec ses suspects, et Eddie en était un désormais.

"D'après ce que je savais, les deux tueurs étaient à l'étage du réfectoire, soit deux étages plus bas. Les enfants m'ont assuré que personne n'avait été blessé dans l'amphithéâtre et que les terroristes n'y étaient même pas entrés, alors j'ai jugé préférable qu'ils y retournent et qu'ils y restent jusqu'à ce que ce soit terminé. Je les pensais plus en sécurité là-bas.

-Mais vous n'en saviez rien. Il aurait pu leur arriver quelque chose de grave, si l'un des deux tueurs était remonté pour finir le travail, des centaines d'enfants y seraient restés.

-Mais ce n'est pas le cas, insista Eddie, en tapotant du doigt sur la table en métal.

-Mais ça aurait pu, relança Madison. Et ça aurait été de votre faute.

-Sauf, intervint la psychologue, que ce n'est pas arrivé. Les enfants s'en sont tous sortis et ils ont pu retrouver leurs parents.

-Merci aux forces de police qui sont intervenues et qui ont évacué les étages supérieurs, rabâcha t-il sans se retourner vers la femme. Chose qui aurait dû être faite dès le début, indiqua t-il.

-Nous ne savions pas combien ils étaient, ni où. C'était trop risqué.

-Pourtant, feuilleta t-il un dossier fraîchement imprimé, je lis là que Henrietta Wilson, l'une de vos collègues à réussi à sortir par la porte de secours de l'autre côté du bâtiment accompagnée de douze adolescent et d'un employé administratif. Ce n'était pas risqué peut-être?"

Eddie secoua la tête, commençant à perdre patience.

Il ne savait pas quelle heure il était, juste que ça faisait une éternité qu'il était assis là, à attendre qu'on lui dise qu'il pouvait rentrer chez lui, où qu'il était en état d'arrestation pour meurtre.

"Nous étions dans une salle de classe et Barrow se trouvait de l'autre côté de la porte, avec une arme à la main. On a entendu sa radio et on a su qu'ils étaient deux car quelqu'un l'avait appelé pour qu'il le rejoigne au réfectoire. C'est là qu'on s'est dit que c'était notre meilleure chance pour sortir les enfants. Hen s'en est chargée.

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