« Comment voulez vous que je sois au courant de ça? »
Eddie n'arrivait pas à regarder l'officier dans les yeux, l'impatience se mélangeant de plus en plus à une sorte d'ennui inconsolable. Ses mains ne pouvaient pas s'empêcher de dessiner des images invisibles dans les airs, et il commençait à avoir mal au bas du dos.
« Evan est un adulte, il a le droit de faire ce qu'il veut de sa vie, comment voulez vous que je sache ce qu'il faisait dans la journée du 15 Septembre? S'emporta t-il.
-Parce qu'il est votre collègue. Il est bien connu que les pompiers passent le plus clair de leur temps ensemble. Vous faites des gardes de vingt-quatre heures durant lesquelles vous vivez avec vos collègues, parfois plus qu'avec votre propre famille. Vous savez tout de vos vies respectives alors oui, monsieur Diaz, je pense pouvoir légitimement dire que vous savez exactement ce que Evan faisait le 15 septembre. »
Eddie secoua la tête, dépité, et se laissa tomber dans le fond de sa chaise.
Peut être qu'il accepterait le verre d'eau et la barre chocolatée qu'on lui avait proposés au début de l'interrogatoire, quelque part au fond de lui, il savait qu'il n'était pas prêt de sortir d'ici.Il ne savait même plus quelle heure il était, il faisait peut être jour, peut être que la nuit était tombée ou peut être que le temps s'était arrêté, il en savait rien. Tout ce qu'il savait, c'était qu'il avait la rage.
Christopher lui manquait.
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Chimney n'était pas très à l'aise sous le regard épieur des inspecteurs de police. Bien qu'il avait déjà mis les pieds dans un commissariat, il n'avait jamais été de ce côté si de la table. Toutes les fois où il s'était imaginé dans une salle, à subir un interrogatoire musclé comme dans les films américains, il s'était aussi imaginé qu'il s'en sortait toujours avec un soupçon de sarcasme et des réponses précises et cinglantes.
Là, il ne la ramenait pas vraiment.
« Vous avez fait votre déposition le jour de l'attaque, contrairement à certains de vos collègues, qui ont attendu plusieurs jours avant de venir témoigner, je vous en remercie pour ça.
-J'étais à l'hôpital, ricana t-il mal à l'aise, je n'avais pas grand chose d'autre à faire que de répondre à vos questions. Si ça se trouve vous étiez prêt à m'étouffer avec mon oreiller pour que je parle. » Essaya t-il de plaisanter.
Le regard qu'il eut comme réponse n'avait rien en commun avec quelqu'un de touché par sa petite plaisanterie, à vrai dire, il ignorait qu'un regard pouvait être aussi noir et confus à la fois.
Il se racla la gorge et coinça ses mains sous ses cuisses.« Vous avez été blessé pendant l'intervention à l'Université, est-ce que vous pouvez nous exposer à nouveau la nature de vos blessures et comment elles se sont produites? »
Chimney dévisagea l'inspecteur, droit dans ses bottes et les épaules bien en arrière. Sa moustache châtain foncé se confondait avec le teint de peau marron, vérolée au niveau des joues et du nez. Il n'avait pas de cheveux, ou plus, mais Chimney ne voyait pas comment il pourrait porter l'afro ou même des dreadlocks, alors il se dit qu'il assumait peut-être plus son crâne dégarni qu'il ne le laissait penser.
La vieillesse s'était imprégnée dans le pli de son ventre qui retombait légèrement par dessus sa ceinture serrée jusqu'au troisième cran, lui donnant un air amusant de cupcake bourré de levure.
Il était grand, de forte stature et contrairement à lui, il devait être difficile de le louper dans la rue.L'autre type, était serré dans un costume trois pièces noir, le cou serré par sa cravate rouge et les poings fermés dans les poches de son pantalon parfaitement repassé.
Si Chimney y prêtait attention, il remarquerait probablement les poils de chats qui n'avaient pas cédé à la brosse collante.
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War of Memories
أدب الهواةBien que leur métier ne laisse pas de place à la rivalité, Eddie et Evan, pompiers de Los Angeles ne semblent pas pouvoir s'apprécier. Les deux hommes, hantés par les fantômes du passé sont prêts à tout pour ruiner l'existence de l'autre. Mais alors...