2 Octobre

118 10 0
                                    

"Allez, levez vous et restez baissés."

Evan s'était redressé lentement, faisant tout pour ne pas faire couiner ses chaussures sur le carrelage collant ou pour ne pas attirer le regard de Jonas vers lui.

Il s'était glissé derrière l'un des chariots et s'y était adossé avant de chercher les personnes qui y étaient cachées depuis des heures maintenant. Si au début ils avaient eu peur en voyant quelqu'un arriver, ils affichèrent tous un air rassuré en reconnaissant le pompier qui leur avait sauvé la vie.

Il n'avait pas le temps de leur demander s'ils allaient bien, si personne ne s'était évanoui, ni même de les rassurer, parce qu'honnêtement, à leur place, il ne croirait pas un seul mot de ce qui sortait de sa bouche. Lui-même n'était pas sûr que tout allait bien se passer, ni si même ils allaient ressortir d'ici en vie, mais il voulait y croire. La seule chose en quoi il avait confiance à cet instant, c'était Eddie.

Il ignorait ce qu'il disait à Jonas, ni pourquoi ils parlaient depuis aussi longtemps, mais il semblait que ça marchait. Son attention était portée autre part et Evan avait décidé de saisir cette opportunité pour agir.

"Restez tous silencieux, chuchota t-il, et mettez vous en ligne. Je vais vous sortir de là, mais il va falloir que vous me fassiez confiance et que vous restiez calmes. Si vous paniquez, on va se faire voir, et là, se sera la fin. D'accord?"

Les mines déconfites du personnel de l'Université et des quelques étudiants lui laissèrent croire que la plupart d'entre eux opteraient peut-être pour rester là plus longtemps finalement. Mais ils hochèrent doucement la tête, chacun leur tour, l'un convaincant l'autre et finirent par tous accepter, près à s'en aller d'ici.

"Malheureusement, on est beaucoup trop nombreux pour que tout le monde sorte du premier coup, il va falloir qu'on fasse ça en deux fois si ça vous va."

Il perçu un petit gémissement de détresse, bien qu'il était incapable d'en trouver l'origine, mais il ne pouvait pas faire autrement.

Il n'y avait pas moins d'une vingtaine de personnes qui s'étaient réfugiées dans l'arrière cuisine, et Evan trouvait l'idée d'en faire sortir par poignées de vingt déjà beaucoup trop audacieuse, il ne pouvait pas risquer de se faire dévoiler parce que quelqu'un marche sur le pied d'un autre, ou parce que deux se bousculent sans le vouloir.

"Je sais que vous êtes épuisés et que vous voulez rentrer chez vous, mais il va falloir être encore un peu patient. Est-ce que vous y arriverez?"

Cette fois, ils secouèrent tous la tête.

"Emmenez les enfants en premier", suggéra une femme, boudinée dans un tablier blanc, ses cheveux gris frisés entortillés dans une charlotte bleue. "Ils sont plus importants".

En même temps, elle poussa une jeune fille qui tremblait encore, l'incitant à avancer, lui donnant le peu de courage qu'il lui restait. Evan la gratifia d'un regard reconnaissant et saisit l'avant-bras de l'adolescente avant de la serrer près de lui. Il consulta les dix étudiants qui se trouvaient le plus proche de lui.

"On va se mettre en ligne et on va longer le mur. Pas un mot, pas un bruit, si vous voulez éternuez, retenez vous. Ne regardez pas le réfectoire, restez concentrés sur la personne qui marche devant vous compris? Quand vous sortirez, ne vous mettez pas à courir. Mettez les mains en évidence, la police doit voir que vous n'êtes pas armés, ne leur laissez aucun doute. Avancez doucement et laissez les s'approcher. S'il le faut, laissez-les vous arrêter. Ce qui compte, c'est que vous serez dehors d'accord?"

Ils opinèrent tous du chef.

"Je vais pas vous mentir, déclara t-il, tourmenté, je ne peux pas vous promettre que tout va bien se passer, parce que je n'en sais rien. Je peux juste vous assurer que je vais tout faire pour que vous atteignez cette porte et si vous voulez y arriver, il faut que vous ayez confiance les uns en les autres et que vous teniez bon jusqu'à ce que vous soyez dehors. La porte est loin, mais on peut y arriver. Ca, j'en suis certain. Vous êtes prêts?"

War of MemoriesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant