2 Octobre

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La petite télé écran plat qui occupait la majeure partie du meuble posé sous la fenêtre, diffusait les dernières informations recueillies par le groupe CNN quelques heures plus tôt. La présentatrice ne devait pas être âgée de plus de quarante ans et semblait mal à l'aise dans son tailleur bleu, comme si la seule chose à laquelle elle pensait c'était son ventre qu'elle devait empêcher de rebondir et tomber par dessus sa culotte gainante. Son maquillage était léger, bien appliqué et passe partout, alors il n'y avait pas grand chose à dire là dessus, mais de toute évidence l'équipe de maquillage de la chaîne de diffusion n'avait pas trouvé utile de cacher les cernes qui entouraient ses yeux verts. Elle était fatiguée, on l'avait sûrement prise au dépourvu alors qu'elle se préparait un pot de pop-corn dans son peignoir en coton, attendant que son mari trouve le film de la soirée. Son téléphone avait sonné et son patron lui avait ordonné de revenir sur son soir de repos pour passer à l'antenne dans moins d'une heure pour évoquer les derniers événements survenus le jour même.
C'était une course contre la montre, la compétition étant très endurante, elle avait plutôt intérêt à se presser et arriver en avance si elle voulait garder son boulot.
Le maquillage négligé du contour de ses yeux était sûrement dû à un léger retard causé par les bouchons sur l'artère principale de Los Angeles.
Si sa journée n'avait pas été aussi mouvementée elle aurait peut-être pris le temps de consulter les actualités du trafic routier et aurait emprunté un chemin plus long, mais à la fois plus rapide pour se rendre jusqu'au siège de CNN.
Maintenant qu'elle était là, le scoop du jour avait plus d'importance que sa figure peinte avec du rouge à lèvres Sephora et du fond de teint bio.

Lui, écoutait d'une oreille distraite la femme réciter son texte appris en quelques secondes, sans vraiment prêter attention à toutes les fausses informations délivrées par la concurrence que la chaîne avait avalé sans les vérifier. D'une main tremblante, il essayait de ne pas lâcher la pince qui tenait le petit fil noir et l'aiguille arrondie.
Quand il avait ouvert la bouteille de scotch qu'il avait ensuite posée sur le bord de la table, quelques gouttes avaient été projetées sur les compresses stériles et sur le parquet. Les emballages traînaient un peu partout sur le sol de son appartement, mélangés à des mouchoirs imbibés de sang séché et d'un mélange d'alcool à 90.

La méthode des hôpitaux était sûrement moins douloureuse et plus sécurisée, mais il n'avait pas les moyens de rembourser les soins médicaux qu'on lui administrerait de force peu importe son avis. Il y avait un degré selon lesquels les patients n'étaient plus en mesure de prendre des décisions par eux mêmes, c'était aux infirmières de décider. C'était bien quelque chose qu'il n'arrivait toujours pas à accepter.

Il se leva difficilement, s'aidant de l'accoudoir de son fauteuil en tissus et marcha lentement jusqu'à l'îlot central de sa cuisine, une main plaquée sur les côtes pour tenir le bandage qu'il s'était fait lui-même. Il était satisfait de constater qu'il n'avait pas oublier les petits cours que lui donnait sa soeur, dans les marches de l'escalier qui menait à l'étage de leur maison, juste après qu'il se soit écrasé en vélo, en skate ou en moto. Généralement ses parents n'étaient pas là quand ça arrivait, et parce qu'il savait pertinemment que ses voisins les préviendraient s'il leur demandait de l'emmener aux urgences, il préférait que ce soit sa grande sœur qui s'occupe de lui, avec ce qu'elle pouvait trouver dans l'armoire à pharmacie.

Bien qu'il ai retenu les procédures pour désinfecter une plaie et pour la protéger, il n'avait pas vraiment songer à investir dans une trousse de secours pour chez lui, au cas où il viendrait à se couper le doigt avec un couteau, ou faire une mauvaise chute dans l'escalier qui menait à la mezzanine. Il avait sauté sur l'occasion qui s'était offerte à lui quand l'infirmière qui l'auscultait lui tournait le dos, pour tendre le bras et voler une pochette de matériel de nécessité. Quand elle s'était retournée, elle avait découvert, un fil dans une main et un ciseau dans l'autre, que le lit était désert. La forme du corps de son patient était toujours dessinée dans le matelas, mais son odeur corporelle commençait déjà à s'évaporer dans les airs, se mélangeant avec les effluves de médicaments, de plastique et de produits chimiques.

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