19 Septembre

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Eddie s'était adossé à la porte fenêtre ouverte et y était resté pendant une éternité, au point qu'une marque s'était imprimée dans son épaule. Il avait fini par boire son verre et jouait avec nerveusement, en gardant le regard rivé vers le jardin où Denny, Harry et Christopher jouaient ensemble. Il n'entendait rien de ce qu'il se disait entre eux et même s'il avait beau essayer de s'imaginer la conversation des trois enfants, il n'arrivait pas à la moindre conclusion.

A vrai dire, son attention était rivée autre part, et de temps à autre, il jetait un coup d'œil au type, assis sur le rebord de la petite fontaine en pierre blanche. Il ne bougeait presque pas, se contentant de passer ses yeux sur tout ce qui l'entourait, mais Eddie voyait bien l'insistance avec laquelle il regardait le groupe d'enfants. A la fois il les scindait, méfiant et à la fois il les surveillait, inquiet.

Et Eddie ne comprenait pas. Il ne comprenait pas ce qu'il se passait dans le cerveau d'Evan pour qu'il soit aussi obnubilé par les trois garçons.

Eddie cherchait Maddie du regard, mais elle semblait si occupée que l'idée même de la déranger pour lui demander pourquoi Evan était ainsi, le faisait culpabiliser.
Alors il ne bougeait pas, ne disait rien et prenait son mal en patience. Christopher semblait heureux et il pouvait au moins l'entendre rire.

Et s'il ne pouvait pas demander à Maddie pourquoi Evan se comportait ainsi, il pouvait peut-être demander à son fils ce que son collègue lui avait dit.

Alors il se redressa, posa son verre sur la table et défroissa son t-shirt avant d'avancer, traversant la petite terrasse pour rejoindre le terrain d'herbe. Une main le stoppa, le saisissant par l'avant-bras.

"Si tu comptes demander à ton fils ce qu'Evan lui a dit pendant qu'il était sur ce toboggan, tu ferais mieux de bien choisir tes mots, lui conseilla Bobby, l'air réprobateur. Ne le force pas à se méfier de la personne qui a été gentille avec lui, juste parce que TU te méfies de lui. Christopher s'amuse et va bien, n'est-ce pas ce que tu veux le plus actuellement?"

Eddie le dévisagea. Pendant une seconde il pris ses paroles comme une insulte et voulu se dégager de son emprise, mais quand il reposa les yeux sur Christopher, qui applaudissait, victorieux, il se sentit mal.

Bobby le pris à part et lui tendit un plateau avec des crudités. Eddie se servit sans même regarder ce qu'il prenait, tellement l'idée de perdre Christopher de vue l'effrayait.

"Eddie."

Bobby posa une main sur son épaule et attrapa son regard avant de le bloquer.

"Christopher va bien, il n'est pas traumatisé ni en pleurs. Evan n'a fait que l'aider à descendre ce toboggan, tu n'as pas de raisons de t'inquiéter."

Le pompier posa à nouveaux les yeux sur son fils, tourmenté et aperçu de biais son collègue qui était toujours aussi focus sur les enfants. Eddie se pencha, l'air grave.

"Qu'est-ce qui te fait croire que je n'ai pas de raisons de m'inquiéter? Si ça se trouve, c'est un putain de psychopathe et il attend juste le bon moment pour enlever un gamin, sans que personne ne le voit.

-Eddie, Eddie!"

Bobby le ramena sur terre en le forçant à le regarder.

"Evan est ton collègue. Tu ne peux pas dire des choses pareilles sur lui juste parce qu'il est différent, s'indigna t-il.

-Il n'est pas différent Bobby, il est flippant. C'est un connard qui ne parle jamais, qui ne sourit jamais et qui est super violent. Je te rappelle qu'il m'a frappé juste parce que je lui ai dit quelque chose qui ne lui plaisait pas.

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