Le Sang d'une Créature (T2)

♾ CHAPITRE 5 ♾

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C'est trop dur, je n'arrive plus à tenir. Je ne peux plus continuer à faire souffrir les gens qui sont autour de moi. Je dois en finir une bonne fois pour toute. C'est la seule solution pour sauver tout le monde, car je suis le véritable problème de ce monde magique. Certes, je n'ai pas choisi de recevoir cette malédiction, mais c'est ainsi. Je n'ai plus la force de vivre avec, donc il ne me reste plus qu'une seule chose à faire... Plus qu'une seule chose à penser avant de quitter cet endroit que je suis en train de détruire. Je suis totalement consciente que je vais faire du mal aux gens qui m'aiment, mais ils s'en remettrons. Gabi n'est même plus là pour me soutenir, Will a rejoint le côté démoniaque et ma petite... Oh oui... Mon petit ange perdu. Elle m'attend déjà au paradis. Je veux être auprès d'elle, c'est tout ce que je demande.

Alors j'actionne le robinet de la baignoire qui se trouve dans la salle de bain de Ben et d'Ivria. Je suis toute seule dans cet appartement gigantesque, c'est le moment idéal pour réaliser ce qui me brûle le cerveau depuis la nuit meurtrière. Mes meilleures amies sont avec leur mentor. Cinq jours se sont écoulés depuis cette terrible tuerie et elles doivent s'entraîner durement pour assurer la protection de l'école. Seulement moi, je suis complètement vidée. Je ne contrôle plus mes pouvoirs, ils ne répondent plus à mes appels. Ils se manifestent quand je ne le demande pas. Je n'en peux plus, je suis à bout. Le bouchon d'eau froide est enclenché, je plonge ma main dans la bassine en marbre dont la source transparente est d'un glacial à couper le souffle. Je sais que ce que je m'apprête à faire est certainement immoral pour certaine personne, mais je n'ai plus le goût de vivre, de me battre. Je veux partir. Je veux en finir. C'est le moment... Mon visage est trempé par les larmes qui l'envahissent. Je suffoque en même temps que j'avale tout le contenu de la boîte de somnifère qui m'a été prescrite, il y a deux jours. Ils sont forts et très dangereux s'ils sont pris en trop grande quantité. Je bois un peu pour faire passer les cachets qui sont dans ma bouche et qui raclent ma gorge. Je m'assois sur le rebord de la baignoire, puis j'enlève délicatement ma soie pour me retrouver complètement nue, avant de me jeter à corps perdu dans cette eau beaucoup trop froide pour être appréciée. Ma tête commence à tourner, je sens que je commence à partir... Mes paupières sont lourdes, quand je m'allonge délicatement dans la froideur qui entoure mon corps frissonnant de mal-être.

J'ai mal. Ma peau tire et ma tête semble réagir au choc thermique que je lui inflige sans permission. Je tremble, quand mes yeux se ferment pour me laisser couler dans le fond de ce bain qui devient mortel. Et pourtant, j'entends des voix... Ça résonne, c'est imprécis. Cependant, même dans l'état second dans lequel je me trouve depuis maintenant plusieurs minutes, je reconnais les voix de mes deux meilleures amies qui font face à une image terrifiante.

- EDANAAA NOOOON, hurle Ivria qui vient me récupérer.

- ELLE A AVALÉ DES SOMNIFÈRES, crie Ana dans un état d'inquiétude intense avec la boîte dans ses main.

- DANIE, me gifle Iv afin de me stimuler. RÉVEILLE-TOI, JE T'EN PRIE !

Je sens la sensation de chaleur de la grande couverture qu'elles installent tout autour de mon corps qui est, selon Ana, bleuté par le froid. J'entends les garçons qui paniquent complètement à la scène qu'ils sont en train d'assister malgré eux. Je reconnais la force de Chris qui me prend dans ses bras. Je distingue leurs voix, ils disent qu'il faut m'emmener de toute urgence à la maison de l'ombre. Mais honnêtement, je n'arrive pas réellement à calculer leurs paroles. Je ressens de l'air frais, cependant, il est impossible pour moi d'ouvrir les yeux. Je perçois les draps du lit dans lequel me pose délicatement mon mentor de substitution. C'est alors que la panique arrive tout autour de mon corps paralysé par les cachets.

Il y a mon père, mais aussi marraine. Ils tentent de me réveiller, mais rien. Aucune réponse ne vient. J'aimerai pourtant leur dire que je suis là, mais cela ne fonctionne pas.

- Son pouls est très faible, dit sœur Marianne, enfin je crois.

- SAUVEZ-LÀ BON SANG, hurle papa.

Je n'y arrive pas. J'essaye d'ouvrir mon regard, mais rien ne fonctionne. C'est alors que j'ai comme la sensation que mon corps bouge tout seul. J'ai mal partout et l'envie de vomir est plus forte que tout. Ce qui se produit. Je ne comprends pas, je ne réalise pas. Je ne suis pas consciente de ce qui est en train de m'arriver. Je capte simplement que je vomie de la mousse blanche dans une douleur abominable.

- ELLE CONVULSE ! IL FAUT LUI FAIRE RECRACHER LES SOMNIFÈRES ET VITE, gueule sœur Marianne.

Et puis plus rien. C'est le trou noir jusqu'à ce que j'ouvre enfin les yeux, alors que le jour éclatant rayonne dans ma chambre privée de la maison de l'ombre. Les souffrances se sont apaisées, mon corps est de nouveau chaud tandis que mon sang circule normalement dans ce corps toujours vivant...

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