Le Sang d'une Créature (T2)

♾ CHAPITRE 33 ♾

Une fois dans ce lieu, j'observe un bâtiment qui tombe complètement en ruine. Frère Dozzen est déjà devant en train de nous attendre. Il nous fait entrer dans ce lieu sombre et sans vie, qui pourtant me donne la sensation d'être en sécurité. On s'avance ensemble vers les sous-terrains de la bâtisse qui sont accessibles par des escaliers en pierre, très serrés et très pentus. On s'enfonce de plus en plus, quand nous arrivons dans une pièce seulement éclairée par d'énormes lanternes, avec du charbon qui brûle. Il y a plus d'une vingtaine de frères voyageurs présents dans cette salle en roche, qui chantent des sons qui me sont inconnus.

- Qu'est-ce qu'ils disent ? Se questionne Ana auprès de frère Dozzen.

- Des paroles celtiques. Ce sont des chants très anciens qui appartiennent à nos ancêtres.

- C'est très jolie, avoué-je en écoutant.

Frère Dozzen, qui est le plus âgé des frères voyageurs, nous invite à nous installer au milieu du cercle créer par les créatures démoniaques. Nous sommes rejoins par Azollas, qui est muni d'un énorme talisman rond dont la gravure représente le Cercle Astral.

- Je n'ai jamais compris pourquoi vous étiez connectés à ce cercle ? Lui demande Ana. Ce sont nos éléments, c'est nous qui sommes rattachées à lui...

- Parce que c'est avec les énergies des éléments de la nature que nous pouvons activer notre pouvoir voyageur, nous explique Azollas. Vous voyez, on a besoin de vous pour continuer à vivre, nous apprend-il en souriant.

- Pardon. Je ne voulais pas être désobligeante.

- Tout va bien, la rassure-t-il. Vous êtes prêtes ? Nous demande-t-il d'un air bien plus sérieux.

- Je crois que oui, lancé-je incertaine en regardant ma meilleure amie.

- Bien. Frère Sadinal ? À vous.

C'est alors qu'un autre membre de cette race s'avance vers nous. Cependant, il semble bien plus terrifiant que les autres. Il retire sa capuche pour laisser apparaître un visage très long, fin et dont les traits sont tous accentuer par de l'encre noire. Son crâne est totalement démuni de cheveux, comme tous les autres. Par contre, il ne possède pas la croix au niveau du crâne. Il en a deux qui sont placées en dessous de ses yeux à la racine de ses cils du bas, qui tombent sur ses joues, ce qui lui donne un côté encore plus satanique.

- Frère Sadinal est Le Guide de notre Tribu, nous annonce Azollas. C'est pour cela que son physique est assez différent de nous-autre. C'est lui qui est au coeur de notre magie et qui guide les voyageurs, vous deux en l'occurence.  

- Vous êtes sur le point de réaliser un voyage spatio-temporel, commence Le Guide d'une vois qui fait peur. Il vous est interdit de changer quoi que ce soit à l'histoire, dans le risque de tout chambouler à notre époque, c'est compris ?

- Oui, répondons-nous en choeur.

- Que tenez-vous dans vos mains princesse de la terre ?

- Oh euh... Ce sont des gums pour nous éviter d'être malade. Tiens, ajoute-t-elle en me donnant l'une d'entre elles.

- Alors prenez-les vite, continue frère Sadinal.

On obéit à l'homme-démon qui fait au moins deux mètres cinquante de haut, puis il nous demande de nous placer au milieu du cercle réalisé par ses confrères. On s'exécute rapidement pendant que l'un d'un eux trace un pentagramme avec un liquide rouge très foncé, qui ressemble à du sang coagulé.

- Qu'est-ce que vous faites ? S'inquiète Ana.

- Nous commençons notre rituel pour ouvrir le portail spatio-temporel, répond calmement Azollas.

- C'est du sang ? Demandé-je interloquée.

- Non, c'est un mélange spécifique fait à base de sang de dragon... La plante évidemment, me fait-il un clin d'oeil. C'est pour permettre l'ouverture du portail et c'est pour cette raison que la couleur est foncée.

- Ah, grimacé-je. Désolée.

Il faut que l'on se dépêche de savoir ce qui est arrivé à Tricia. On attend impatiemment que démarre le rituel, quand frère Sadinal nous demande d'inscrire à l'aide d'une plume noire sur un bout de parchemin vieilli, la date de notre voyage. Nous avons pris le morceau de journal pour ne pas se tromper sur le jour où a disparu Tricia. Il faut aussi noter le nom de la personne que l'on souhaite rejoindre. Ana s'y colle, puis elle place le papier dans un bol en bois qui est rempli du fameux mélange rouge sang.

- Je vais vous demander de bien vouloir vous tenir par la main pour être sûr que vous ne vous perdiez pas, commence frère Sadinal. Une fois que le portail sera ouvert, il vous suffira de passer en son cœur et en quelques secondes seulement, vous serez à la date demandée.

- Surtout ne perdez jamais ces flacons, nous demande Azollas en glissant deux tubes d'un élixir transparent autour de nos cous. Quand vous aurez les réponses à vos questions, buvez-les et le portail s'ouvrira de nouveau. Ne perdez pas de temps et ne vous attardez pas là-bas !

- D'accord, merci beaucoup !

- C'est l'élixir de retour, n'est-ce pas ? Se questionne Ana.

- Exact.

- Comment tu sais ça ? Lui demandé-je.

- Je me cultive dans les livres, MOI !

- Ah ah, très drôle.

Ana lâche un sourire mesquin, puis Azollas nous prévient qu'ils vont commencer à faire leur rituel pour enfin ouvrir le passage vers l'époque que l'on désire. On se tient par la main, puis à la prononciation de la langue personnelle des frères voyageurs que l'on ne comprend pas, et qui est un mélange entre du russe et du celtique, la terre se met à légèrement trembler tandis qu'un vent phénoménal envahit le petite salle dans laquelle on se trouve. Je ferme mes yeux par réflexe puis, malgré la noirceur de mes paupières qui ont recouvert mes iris brillantes. Je distingue une lueur rouge très forte qui me traverse d'une violence désagréable, ce qui me confirme que je suis en train de faire un voyage spatio-temporel pour la toute première fois de ma vie. J'ouvre de nouveau mon regard, je tourne ma tête sur la droite, quand j'aperçois un énorme tourbillon rouge envoutant, qui est rempli d'éclairs noirs qui font assez peur.

- C'est le moment. ALLEZ-Y, crie Azollas en notre direction.

- FAITES ATTENTION, hurle Caleb.

- NE MOURREZ PAS S'IL-VOUS-PLAÎT, ajoute Gabi.

Je ne vais pas mentir, j'ai peur. Je regarde Ana avec du stress dans les yeux, puis sans trop réfléchir à ce qui pourrait se passer, nous fonçons ensemble dans le grand cercle qui tourne à une vitesse hallucinante...