Le Sang d'une Créature (T2)

♾ CHAPITRE 30 ♾

Les mains fermes et tremblantes d'Ana me réveillent de mon sommeil assez perturbé. Il fait encore nuit et je ne comprends pas pourquoi elle me secoue de la sorte.

- Qu'est-ce qui se passe ? Lui demandé-je alors que je distingue des larmes sur ses joues.

- Vite ! Lève-toi, pleure-t-elle.

- Mais... Raconte-moi ce qui se passe !

- C'est Ivria ! Elle ne va pas bien du tout !

Quoi ? Oh non ! Mais qu'est-ce que ça veut dire ? Je me lève dans un élan rapide pour aller dans la direction de la chambre de Ben qui est occupée par notre sirène. Je m'approche de son corps allongé dans le lit, et je constate à sa transpiration excessive, à la pâleur grisâtre totalement anormale de son visage, aux contours bleutés, mais aussi à la rougeur de ses yeux, qu'elle va très mal.

- Iv ! Qu'est-ce qui t'arrive ?

- Je... Je ne sais pas, suffoque-t-elle. J'ai froid... J'ai... J'ai envie de vomir et j'ai mal partout, tente-t-elle de dire avec difficulté.

J'essaye de la stimuler pour qu'elle ne tombe pas dans les pommes, quand je remarque qu'il y a une dose conséquente de sang sur son oreiller.

- Tu saignes des oreilles ! Dis-je avec effrois. Il faut qu'on t'emmène à la maison de l'ombre en urgence !

- J'ai appelé Loukas et il arrive, nous prévient Ben qui nous a rejoint.

C'est à cet instant que je vois les yeux de notre ange des océans qui tournent en arrière. Elle semble partir dans un état végétatif. Je continue de l'animer pour ne pas qu'elle s'endorme.

- Iv, reste avec nous s'il-te-plaît, lancé-je en tapotant sur son visage tout en essayant de garder un semblant de calme.

- Regarde sa bouche, commence à s'affoler Ana.

Oh non, c'est de pire en pire ! Elle saigne désormais de la bouche, mais aussi du nez. Il faut vite qu'on la transporte auprès des sœurs de la pitié pour qu'elles puissent la soigner. C'est alors qu'en une fraction de seconde, notre sirène est prise de convulsions qui semblent lui faire un mal de chien.

- IVRIAAA, crié-je sans pouvoir continuer à rester sereine. CALME-TOI, ON EST LÀ ET ON VA T'AIDER !

La panique prend le contrôle de mon esprit et c'est sans avoir une seule réponse de sa part, qu'elle arrête de bouger. Je la secoue doucement, quand je vois apparaître sur ses bras, des veines d'un noir intense et inquiétant.

- Qu'est-ce que c'est ? Questionné-je Ana.

- Je ne sais pas, continue-t-elle de pleurer.

Je maintiens tant bien que mal mes gestes, afin de réveiller Ivria. Seulement, rien n'y fait, je n'arrive même plus à ressentir son pouls. Alors dans un excès de détresse, j'attrape la main d'Ana dans la mienne, puis je ferme les yeux en espérant de nouveau réussir ce que j'ai fais lors de la bataille. Et apparemment, cela fonctionne !

- Elle respire, s'écrit notre muse de la terre.

- Ok, on l'emmène à la maison de l'ombre, VITE !

C'est à la prononciation de cette phrase que Loukas, qui devait rester avec sa meute cette nuit, apparaît.

- Qu'est-ce qui se passe ? Hurle-t-il en s'approchant de sa dulcinée. Mon amour, réveille-toi je t'en prie !

Seulement, elle ne donne aucune réponse. Elle est inconsciente. Il embarque son amoureuse dans ses bras, couverte d'un plaid que j'ai chauffé grâce à mon don qui revient petit à petit, pour pouvoir l'amener auprès des sœurs de la pitié afin que l'on sache ce qui est en train d'arriver à notre soeur de coeur. Une fois installée dans une chambre individuelle, sœur Marianne, accompagnée de plusieurs autres messagères divines, viennent consulter Ivria. Cependant d'après leur dires, nous avons de quoi nous inquiéter...

- On ne peut rien faire pour elle, lance sœur Marianne impuissante.

- PARDON ? S'énerve violemment Loukas. VOUS AVEZ INTÉRÊT À LA SORTIR DE LÀ !

- Calme-toi s'il-te-plaît, essayé-je de retenir le chef des alphas.

- COMMENT VEUX-TU QUE JE ME CALME ALORS QUE LA FEMME DE MA VIE EST EN TRAIN DE MOURIR EDANA ?

Je comprends totalement son affolement que je partage. Seulement, ce n'est pas ce comportement qui va aider notre sirène préférée. Et pourtant, je dois avouer qu'il me fait peur à dire des choses pareilles...

- Qu'est-ce qui lui arrive ? Se questionne Ana qui sèche ses larmes.

- C'est un maléfice de magie noire, lance une voix féminine juste derrière nous.

Nous nous retournons, quand j'aperçois avec émotion et incertitude, le visage de sœur Emma qui a l'air anéantie et mal à l'aise.

- Un maléfice de magie noire ? S'étonne sœur Marianne. Comment pouvez-vous le savoir ?

Un blanc se fait ressentir dans la chambre individuelle. Ma psychologue plonge son regard dans le sol blanc marbré, puis elle sort le fameux grimoire des rituels que j'ai vu la dernière fois.

- Mais oui, dis-je simplement. C'est marqué dans ce bouquin, n'est-ce pas ?

- Attendez ! Comment une sœur de la pitié peut-elle être en possession d'un tel grimoire ? commence à s'énerver sœur Marianne. Mis à part sœur Alice qui était corrompue par les ténèbres, expliquez-moi cette détention mademoiselle !

- Je vous jure que je ne suis pas du côté des ténèbres, il faut me croire ! Ce livre est... Il est simplement un héritage...

J'avoue que je ne capte rien du tout à ce qui est en train de se dire. J'ai comme l'impression que sœur Marianne n'est pas très enchantée à l'idée que sœur Emma est ce livre entre ses mains.

- AU NOM DES SEPT ARCHANGES, commence à crier Ana en me tirant le bras de plus en plus rapidement.

C'est à ce moment là que ma meilleure amie s'approche de sœur Emma et l'a contemple de haut en bas à une vitesse affolante, en comprenant grâce à son intelligence, le secret que nous cache la messagère divine...