Flash-Back Onze - Nathaniel - La Chute des Horses - Novembre 2018

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Nathaniel s'observa dans le miroir et réajusta une mèche blonde qui s'échappait de son bonnet

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Nathaniel s'observa dans le miroir et réajusta une mèche blonde qui s'échappait de son bonnet. Il avait caché ses cheveux, avait laissé pousser sa barbe, l'avait teinte en brun foncé et s'était équipé de grosses montures de lunettes. Il fit quelques pas en arrière et s'admira. Même lui ne se serait pas reconnu dans le reflet. Il avait aussi modifié sa silhouette en rajoutant plusieurs couches de vêtements qui l'élargissaient. Nathaniel quitta son appartement et rejoignit Chris qui l'attendait dans le parc près de chez lui. L'étudiant en lettres classiques marcha mais son collègue ne le reconnut qu'au moment où il se posa devant lui. Le regard de Chris courut de haut en bas et un sourire amusé fendit son visage ingrat.

— Tu lis trop de livres policiers toi, se moqua-t-il.
— Tu crois que c'est trop ? hésita Nathaniel.
— J'men fous. C'est toi qui gère.
— Tu l'as ?

Chris se retourna et prit un sac à dos qu'il confia à Nathaniel.

— Il y a trois kilos de coke, de la meth et un peu d'héro.
— Tu crois que je dois tout mettre ?
— Plus t'en mets, mieux c'est.
— OK.

Nathaniel enfila le sac avec beaucoup de précaution. Il avait la désagréable impression qu'il portait une bombe prête à exploser.

— Bon courage.
— Merci.

L'étudiant en lettres quitta son complice et rejoignit sa voiture garée à une place qui lui était attribuée. En conduisant jusqu'à sa destination, il réfléchit au plan qu'il avait proposé à Chris pour faire tomber les Horses : déposer de la drogue dans le repaire et les dénoncer ensuite à la police. Jason, par l'intermédiaire de son second, l'avait alors défié de réussir et il avait accepté. En cas de succès, il intégrerait les Argonautes et pourrait récupérer des informations sur les revendeurs, les transporteurs, les clients et toutes les informations pour un jour les faire tomber. Mais s'il échouait... il risquait gros. Il pourrait se faire prendre en train de planquer la came et, là, son sort serait beaucoup moins enviable, mais il prenait le risque. Le risque, c'était la seule chose qui provoquait une émotion chez lui, la peur, l'excitation, cette envie irraisonnée de se prouver quelque chose, de se prouver qu'il était capable de le faire. Depuis qu'il avait rompu avec Milla, depuis qu'il la savait avec quelque d'autre, il se sentait incapable de revivre, seul le danger lui donnait l'élan de continuer.

À la tombée de la nuit, dans la zone commerciale de Saint-Amour, il y avait une épicerie ouverte 24h/24, c'était une bonne couverture pour un stand. Les Horses avaient été chassés du Centre-ville par les Argonautes mais ils continuaient à vendre à une minorité de clients. Jason voulait le monopole des ventes pour pouvoir faire flamber les prix... Les Horses devaient entièrement disparaître.
Entre la grande enseigne de bricolage, les magasins de vêtements, de chaussures et une pizzeria, la supérette était le seul commerce éclairé. Il était 22 heures, encore trop tôt pour intervenir. Nathaniel ouvrit le sac, découvrit la marchandise et la cacha sous ses vêtements, les pavés à sa taille, quelques sachets dans ses chaussettes et il attendit. Une heure passa mais la notion subjective du temps s'étira et le stress de Nathaniel s'accrut en parallèle. Il ferma les yeux, revit Mila embrasser ce type et ses tripes se nouèrent. Il n'avait rien à perdre, tout à prouver. Ces pensées, récitées comme des mantras, lui insufflèrent le courage nécessaire pour passer à l'action. Il sortit de sa voiture garée un peu plus loin et avança vers le magasin, les mains dans les poches. Aux abords de l'épicerie, il leva les yeux, remarqua une caméra et toucha par réflexe son bonnet et remonta les lunettes sur son nez. Un homme quitta la supérette au moment où il allait rentrer, il reniflait, c'était un client. Nathaniel bloqua la porte avec son pied et entra. Il voulait laisser le moins d'empreintes possibles ; peut-être que Chris avait raison, il lisait trop de thrillers.
À l'intérieur, il n'y avait pas d'autre client à part lui mais trois Horses : un près de l'entrée, un au comptoir et un dernier qui jouait sur son téléphone. Celui de l'entrée l'arrêta en levant la main et dégaina un détecteur de métaux portatif qu'il fit courir sur sa silhouette. Nathaniel sentit une bouffée de chaleur induite par une vague de stress. Il sentit une goutte de sueur perler le long de ses tempes et fit rapidement l'inventaire. Il n'avait rien de métallique sur lui à part sa clé de voiture qu'il tenait dans sa main levée, ni ceinture, ni téléphone mais si le guetteur venait à le fouiller, il était foutu. Il imaginait déjà devoir se battre et déguerpir mais heureusement, le type se recula.

— Tu peux y aller...

Nathaniel hésita, il lança un regard exorbité au type et, enfin, il avança maladroitement jusqu'au comptoir où le dealer qui lui faisait face lui adressa un signe de tête. D'une voix peu assurée, Nathaniel passa sa commande et sortit de sa poche l'argent d'une main tremblante.
Il était agité, une nausée menaçait de lui faire rendre ce qu'il avait dans l'estomac vide parce qu'il avait été incapable d'avaler quoique ce soit de la jounrée. Il regardait partout et réfléchissait pour savoir où il allait planquer la drogue alors qu'il y avait trois personnes pour le surveiller.

— Ça va ? T'es en manque ? se moqua à moitié le dealer en face de lui.

Nathaniel était interloqué, oui il transpirait, devait être blême, agité, ses mains tremblaient et il n'imaginait même pas à quoi devait ressembler son regard paniqué.

— Ouais ouais, simula-t-il en serrant et desserrant les points et en dansant d'un pied sur l'autre.
— Si t'as besoin tu peux monter pour prendre ta dose, mais tu fais vite... proposa le Horse en pointant un escalier qui menait à un étage.

Nathaniel profita de l'occasion et monta les marches. Il y avait des bureaux où d'autres Horses jouaient à la playstation dans un canapé déformé. Ils lui jetèrent un regard en biais mais ne bougèrent pas le petit doigt. L'infiltré avisa une petite salle de bain et s'y enferma. Il souffla et examina les lieux. Il y avait une douche, sans rideau, un lavabo sale et une poubelle avec des seringues. Il commença à sortir deux blocs qu'il cacha dans la chasse d'eau des toilettes, quelques doses éparpillées au sol. C'était inutile d'en faire trop... Après deux minutes il fit couler de l'eau dans le lavabo et sortit. Il rejoignit le sous sol, échangea un regard reconnaissant avec celui derrière le comptoir et se dirigea vers la sortie.
Les mains dans les poches, le regard bas, il franchit les portes de la superette et jamais il n'avait été aussi soulagé d'être accueilli par une rafale de vent frais. Il marcha rapidement vers sa voiture et une fois le moteur démarré, il appela Chris.

— C'est réglé.
— Bien joué ! Je m'occupe du reste. Tu l'as caché où ?
— Dans une salle de bain à l'étage.
— Ok, je te recontacte...

[Terminé][Amour Sucré][Nathaniel]TraumaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant