Chapitre Dix - Les Vacances de la Toussaint

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Le premier lundi des vacances fut marqué par le coup de fil de ma mère au beau milieu de mon service au Cosy Bear Café. Heureusement, durant les vacances, les clients étaient moins nombreux, beaucoup d'étudiants en profitaient pour retourner voir leur famille et moi pour faire quelques heures en plus.
Clémence n'était pas présente et lorsque je vis le nom s'afficher sur l'écran, je jetai un oeil là Hyun.

— Vas-y, me confirma-t-il d'un hochement de tête.

Je m'éclipsai dans les cuisines en décrochant d'un air las.

— Oui maman...
— Milla ! Est-ce que tu peux m'expliquer le courrier que nous venons de recevoir... débuta-t-elle sans me demander comment j'allais ou si elle me dérangeait ou non.
— Oui, je sais. C'est une longue histoire...
— À peine un mois et demi que tu as déménagé à Saint-Amour et tu as un avertissement. En plus il est expliqué que tu t'es battue ! Est-ce que c'est possible d'avoir des explications ?
— Je n'ai fait que me défendre ! m'exclamai-je de mon côté.

Je lui parlai de Mélody dont ma mère se souvenait et d'une situation entre moi et un professeur que ma camarade avait mal interprétée.

— Il n'y avait pourtant rien de tendancieux ! jurai-je. Elle a simplement imaginé ce qu'elle a voulu !
— Tu te rends comptes que tu pourrais être renvoyée de l'université... continua ma mère au bord de l'hystérie et hermétique à mes explications. Qu'est-ce que tu vas faire si ton dossier stipule que tu as été virée ?
— Maman ! la coupa-je froidement. Passe-moi papa tu veux...

Sûrement que mon père était à côté en train d'écouter ce que je disais car je ne ne dus pas répéter ma requête à ma mère.

— Oui ma puce, comment te sens-tu ? s'enquit la voix profondément empathique de mon père.
— Ça va... je te jure que je ne suis pas en tord.
— Je te crois mais on est inquiet pour toi. On a peu de nouvelles depuis que tu es là-bas.
— Il n'y a rien à dire, tout allait bien avant ça et je fais en sorte de me concentrer sur mes études. Tu sais que je donne tout pour réussir.
— Je sais. Mais prends soin de toi ma puce.
— Merci papa, toi aussi.
— On t'aime tu sais...

J'avais les lèvres pincées, je lui répondis un marmonnement avant de raccrocher. Mon visage dans mes mains, j'étais au bord des larmes. Lire la déception et l'inquiétude dans la voix de mes parents, je m'étais préparée et pourtant, je les avais pris en pleine figure. Une larme s'échappa de ma paupière mais l'arrivée de Hyun au même moment me força à me ressaisir et je l'essuyai d'un geste rapide.

— Oh, je suis désolé, je tombe mal.

Je relevai la tête en haussant les sourcils pour tenter de dérider mon visage, tout en secouant furieusement la tête.

— Non, tout va bien. C'était juste mes parents...
— T'es sûre ? Tu peux prendre une pause si tu en as besoin.

Je hochai la tête pendant que mon collège sortait du frigo des sandwichs fraîchement confectionnés un peu plus tôt dans la matinée.

— Tu sais, hésita-t-il, mes parents me mettent aussi pas mal la pression pour que je réussisse mes études.
— Vraiment ? Ils ne te font pas confiance ?
— Si je pense, réfléchit Hyun. Enfin, je ne sais pas. Je suis le seul de ma famille à faire des études universitaires alors ils ont beaucoup d'attentes.
— Je pense qu'ils ont peur que je rate ma vie, lui avouai-je en faisant référence aux miens. Ou bien qu'ils imaginent que c'est de leur faute.
— Il faut qu'on se serre les coudes contre la pression de nos parents ! proposa Hyun avec un sourire.
— Oui, ils ne vaincront pas !

J'émis un petit rire, à nouveau requinquée par les mots de Hyun. Puis la cloche retentit et nous reprîmes notre chemin vers la salle principale.

Le reste de la semaine fut rythmée par le Cosy Bear Café et le travail à la BU principalement.
Le soir du 31 octobre, Halloween oblige, le cinéma diffusait d'anciens films d'horreur des années 90 et Chani et Priya ne furent pas difficiles à convaincre pour y aller à trois. Durant ces quelques heures, j'oubliai Mélody, la fac, mes parents et toutes les sources de stress qui m'accablaient.

Je profitai également de mon temps libre de la semaine pour aller à la salle de sport, discuter avec Kim mais aussi évacuer la pression sur un tapis de course. Il n'y avait rien de mieux.

Ce jeudi-là, je courais à un rythme régulier en me concentrant sur ma respiration. A la fin de la musique, j'arrêtai la machine et, en soufflant, je retirai mes écouteurs. Ma voisine, sur un vélo elliptique, m'adressa un sourire que je lui rendis.

— C'est la première fois que tu viens ? lui demandai-je.

Je n'avais jamais vu son visage à la salle, contrairement à quelques habitués que je commençais à cerner. C'était une petite blonde plantureuse qui, par sa tenue moulante et sa brassière, devait attirer les regards. Toutefois, son regard noisette et son sourire facile étaient affables.

— Oui, mais j'envisage de m'inscrire. Mon mec m'a dit qu'il venait régulièrement ici, m'expliqua-t-elle en faisant du sport. J'aimerais bien me renseigner sur les cours de fitness.
— Va voir Kim, elle est sympa et elle saura te conseiller.

Je lui montrai mon amie du doigt alors que cette dernière était en train de régler une machine avec un autre client.

— Super, je te remercie.

Je pris mes affaires et décidai d'aller me doucher puisque, dans la foulée, j'enchaînai avec mon service au Cosy Bear Café. En sortant, je recroisai la nouvelle qui sortait en même temps que moi de la salle.

— Merci au fait, reprit-elle. Kim m'a donné les horaires et les tarifs.
— C'est cool !

On s'arrêta à l'extérieur pour discuter un peu lorsqu'elle leva la main pour interpeller quelqu'un derrière moi, tout sourire. Je me retournai pour voir approcher Nathaniel qui, lorsqu'il me reconnut, s'arrêta au milieu du trottoir.

— Salut, à la prochaine p't-être.

Puis la jeune femme courut en direction de mon ex-petit-ami et l'entoura de ses bras pour l'embrasser sur la joue à défaut qu'il ne lui offre ses lèvres. C'était donc lui, le fameux « mec » qui venait à la salle. J'aurais dû m'en douter. Nathaniel prit la fille par le bras et ils firent demi-tour, sans cesser de me jeter des coups d'oeil agacés.

Je n'étais, bien sûr, pas indifférente de les voir ensemble, mais le Nathaniel d'aujourd'hui était tellement à l'opposé du Nathaniel de l'époque que j'avais l'impression que c'était deux garçons différents.
Après m'être remise du choc, je pris la direction du café dans un état second. En arrivant, Hyun était en train d'encaisser un client et Clémence regardait l'heure sur sa montre. Je n'étais pourtant pas du tout en retard.

— Ne compte pas sur moi pour te payer des heures supp', me fit-elle comme réflexion désagréable.
— Pas de souci...

Je passai près d'elle et enfilai mon uniforme dans les vestiaires avant d'aller prendre la commande de clients en terrasse.
Le service de Hyun prit fin vers 18 heures et la patronne des lieux quitta peu après son établissement, me laissant la charge de fermer.
Il n'y eut quasiment aucun client durant la dernière heure, décidément, c'était bien calme pendant les vacances et je pus même prendre mes cours pour les relire derrière le bar.

Puis la cloche annonça l'arrivée d'un client et en levant le regard, je tombai sur M. Zaïdi qui me renvoya son sourire hésitant.

— Pardon, je vous dérange, vous alliez peut-être fermer ?
— Non, pas tout de suite, le rassurai-je. Qu'est-ce que je peux vous servir ?
— Qu'est-ce que vous avez à me proposer ?
— Alors, en salé, il nous reste de la soupe de lentilles corail et lait de coco, des sandwichs végétariens et des salades de poulet je crois. En sucré, quelques donuts et des cookies aux pépites de chocolat blanc.
— Alors une soupe et un sandwich, commanda-t-il.

Je lui adressai un hochement de tête et M. Zaïdi s'installa près du comptoir, de façon à ne pas être vu de la rue.

— Prenez quelque chose et joignez-vous à moi, proposa-t-il. A moins que vous ayez déjà mangé.
— Non, je n'ai pas le droit de me servir dans les restes, ma patronne vérifie les stocks et même ce qu'on jette... répondis-je désabusée par cette situation.
— Alors je vous le paie !
— Ne vous sentez pas obligé, je...
— S'il vous plaît, c'est ma façon de me faire pardonner de ce qu'il s'est passé la semaine dernière.

Résignée mais aussi affamée, je pris une simple soupe et m'installai en face de Rayan. Il avisa sur le comptoir mes feuilles de cours étalées et reprit :

— Comment se passent vos révisions ?
— Mon programme avance, mais je ne sais pas si j'arriverais à tout apprendre dans les temps.
— Ne perdez pas votre temps à apprendre par coeur toutes vos dates et le nom des oeuvres. En Master, on cherche surtout à évaluer votre analyse critique et je suis sûr que vous réussirez.

On discuta des partiels, sans pour autant qu'il m'informe sur le contenu de son examen. Il avoua d'ailleurs qu'il n'y avait même pas encore réfléchi. La situation devint de plus en plus normale, bien que j'étais en train de dîner avec mon professeur sur mon lieu de travail. Si Clémence ou quelqu'autre étudiant arrivait à ce moment précis, je risquais gros. Heureusement, rien de tout cela ne se produisit.

— Il est 20 heures 30, j'imagine qu'il est l'heure de fermer, suggéra soudainement mon professeur en se souvenant qu'il avait une montre.

Il débarrassa la table tandis que je finissais de ranger mes feuilles de cours. Il insista encore pour payer mon repas alors que je m'apprêtai à sortir de l'argent à déposer dans la caisse. Courtois, l'enseignant m'attendit encore jusqu'à ce que je verrouille complètement le café et, comme si de rien, me raccompagna au Campus. Sur le chemin qui nous séparait de l'université, on continuait à discuter d'artistes, d'oeuvres et de critiques artistiques dans un débat bon enfant. Je n'avais pas l'impression d'être en face d'un professeur, ni même d'un homme séduisant avec lequel je m'entendais bien. Ce que je ressentais vis-à-vis de M. Zaïdi correspondait davantage à la naissance d'une amitié. Pour l'instant, et contrairement à ce qu'en pensait Mélody, il n'y avait absolument rien de romantique entre nous.

— Vous habitez dans le coin ? demandai-je alors que nous nous étions arrêtés près du Campus.
— Oui, j'ai un appartement dans le centre-ville, j'ai le loisir de pouvoir venir à pied à la fac.

Un cri jaillit à cet instant à l'autre extrémité de la grille qui marquait l'entrée du Campus. Plus qu'un cri, c'était un rire, ponctué d'exclamations stridentes d'une jeune femme face à son petit-ami qui la taquinait. Deux silhouettes approchèrent mais lorsque le regard de Nathaniel tomba sur moi et mon professeur, ils s'arrêtèrent d'avancer. Mon sentiment de béatitude s'écrasa. L'ancien délégué trainait toujours avec la jeune femme que j'avais croisée plus tôt à la salle de sport. Ils avaient passé la soirée ensemble et il la raccompagnait au Campus. C'était la deuxième fois que je le croisais aujourd'hui et je gardais pour lui une certaine forme de rejet, d'antipathie qu'il semblait entretenir à mon égard.

— Bon, je vais vous laisser... reprit l'enseignant qui ne comprenait pas mon soudain changement d'humeur.
— Merci de m'avoir raccompagnée M. Zaïdi, lui répondis-je en retrouvant un demi-sourire.
— Appellez-moi Rayan, si nous sommes en dehors de l'enceinte de l'université.
— D'accord, bonne soirée Rayan.
— Bonne soirée Milla, à bientôt.

Je lui offris un hochement de tête et je marchai vers l'entrée de la grille, en tâchant d'ignorer parfaitement les exclamations grivoises de la jeune femme plus loin.
Un sentiment mélancolique m'envahit. Je me sentais bien seule alors que je venais de quitter Rayan. J'avais l'impression qu'il me manquait quelque chose et je savais bien de quoi il s'agissait. Je rêvais de réconfort, de quelqu'un qui me prenait dans ses bras et qui me disait des mots doux. Je rêvais d'un amoureux par pur égoïsme...
Je savais que je pouvais trouver quelqu'un et il suffisait d'en parler avec Rosalya, ou même de faire une simple allusion, et elle s'engouffrerait dans la brèche. Elle et Alexy seraient alors capables d'organiser un tournoi pour me trouver un prétendant.

Finalement, je retrouvai le sourire en pensant à mes amis et, au lieu de rejoindre ma chambre, je pris la direction de celle de Morgan et d'Hyun. Je savais que mon collège du Cosy Bear Café était parti le reste de la semaine chez ses parents alors, à tous les coups, les amoureux étaient présents.
Je toquai, en espérant de pas déranger, et Alexy m'accueillit, surpris et heureux.

— Je peux venir vous embêter ? quémendai-je d'une petite voix. J'ai besoin d'amûr.
— Mais avec plaisir ! Entre !

**

Le samedi soir de cette même semaine de vacances, Priya nous invita au Snake Room pour fêter la validation de sa demande de stage auprès d'un grand cabinet d'avocats de la ville. Rosalya, Leigh Alexy et Morgan étaient aussi invités. J'avais opté pour un short noir sur des collants opaques et un pull gris aux manches amples et brodées de quelques perles blanches que j'avais trouvé dans la boutique de Leigh. Ce dernier me fit un compliment lorsqu'il me vit arriver et Rosalya me demanda, filousse, où je l'avais acheté.

On attendit à l'extérieur que la reine de la soirée n'arrive. Priya était tellement excitée qu'elle se pavana devant le club où d'autres jeunes gens attendaient d'entrer et parmi eux, une certaine blonde. Alexy, curieux, l'accosta et en profita pour lui annoncer la bonne nouvelle concernant son stage.

— Félicitations, s'enjoua Ambre. Tu commences quand ?
— La semaine prochaine, j'ai tellement hâte ! Tu viens avec nous ? proposa Priya en pointant l'intérieur du bar du doigt.
— Je sais pas, j'attends Nath pour boire un verre.
— Il n'aura qu'à venir aussi ! Plus on est de fous, plus on rit !

Je jetai un oeil à Rosalya qui fit une moue tracassée par l'idée d'inviter Nathaniel mais c'était la décision de Priya et elle ne pouvait pas la contredire. La future avocate tira Ambre par le bras et le petit groupe pénétra dans la salle déjà bien occupée. On trouva une grande table et Alexy et Morgan jouèrent au serveur en allant commander les boissons au bar. Après quelques minutes l'ancien étudiant en lettres arriva et s'étonna de voir Ambre en notre compagnie. Sa soeur lui glissa à l'oreille la proposition de Priya qui insista encore pour qu'il se joigne à nous et, finalement, il accepta. Bien qu'en retrait, il avait l'air d'apprécier la compagnie de ses anciens camarades de lycée. Il échangea quelques mots avec Priya, Alexy mettait de l'ambiance et Rosalya riait avec moi, elle semblait avoir oublié mon ex-petit-ami.

Toutefois, la présence de ce dernier me perturbait. Je sentais souvent son regard revenir vers moi et je ne pouvais m'empêcher de lui jeter des coups d'oeil réguliers. Je repensais à la fille de la salle de sport et me questionnais sur cette relation. Puis je me fis la réflexion que ce n'étaient pas mes affaires, on s'était déjà pris la tête à ce sujet et on avait décidé de vivre notre vie séparément et par conséquent ses amours ne me regardaient pas.

Après le deuxième cocktail, j'eus envie d'aller au petit coin et, au moment où je me levai, le téléphone du frère de Ambre sonna aussi. On se leva tous les deux de concert et on s'éloigna de la table, moi pour les toilettes et Nathaniel pour rejoindre l'arrière de la salle.
Lorsque j'en ressortis, il était toujours à côté et venait de raccrocher.

— Tu n'es pas venue avec ta copine, remarquai-je, un brin ironique.
— Une parmi d'autre, répondit-il en haussant les épaules, indifférent. Et toi, avec ton vieux prof ?
— Il est pas vieux ! Et ce n'est pas...

J'allais poursuivre, prête à me défendre bec et ongle, quand je vis le sourire amusé de Nathaniel se dessiner sur son visage. Sa pique n'avait pour but que de me faire réagir et j'avais mis les pieds dans le plat sans m'en rendre compte.

— Et ce n'est que mon professeur, expliquai-je, plus posée.
— Si tu l'dis. Bon, je dois y aller. Tu salueras Priya de ma part.

Je hochai la tête en le regardant partir, presque déçue de ne pas avoir l'occasion de parler davantage, alors que la seconde précédente, je me forçai à l'ignorer. Décidément, ma relation avec Nathaniel était à l'image des sentiments qu'il me faisait éprouver, une ambiguité profonde et désarmante.

De retour à la table, je transmis le message à Priya qui discutait avec Ambre. Les deux jeunes femmes échangèrent un regard désolé et la future avocate prit les mains de la mannequin dans les siennes d'un geste réconfortant.
La porte qui menait aux loges claqua et la silhouette rouge et noire de Castiel s'approcha de notre table. Il était passé par l'arrière du Snake Room et salua chaleureusement Priya, très heureuse de le voir.

— Tu as pu te libérer ! s'exclama-t-elle avec joie.
— Je n'allais pas manquer ça ! J'espère que tu es prête à entrer dans le monde des requins !
— C'est un cabinet spécialisé dans les droits de l'Homme, le contredit Priya alors que Castiel prenait place entre Ambre et moi.
— Dommage, je t'aurais bien vu dans un tailleur sexy avec des lunettes et les cheveux tirés en arrière, ricana le musicien.
— Calme tes ardeurs, le rabroua Ambre d'un ton moqueur. Ta vision de l'avocate sexy ressemble plutôt à des fantasmes de domination.

Castiel, Priya et moi éclatâmes de rire, suivis de Ambre. Jamais je n'avais vu la soeur de Nathaniel aussi détendue et faire preuve d'autant d'humour vache. En cela, elle ressemblait à la dernière version de son frère.

Pourquoi était-il parti d'ailleurs ? Était-ce en lien avec son trafic ? Un problème à régler ? Une balance à faire taire ? Sans doute que le troisième cocktail aidait mon imagination à s'emballer. J'aurais voulu croire que jamais Nathaniel ne serait assez fou pour éliminer quelqu'un mais je ne connaissais pas les nouvelles limites qu'il s'était fixées.

[Terminé][Amour Sucré][Nathaniel]TraumaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant