[Terminé][Amour Sucré][Nathaniel]Trauma

Flash-Back Douze - Nathaniel - Coralie - janvier 2019

Nathaniel était assis dans le canapé déformé qui traînait au milieu du Q.G. des Argonautes. Il préférait faire taire son esprit lorsque celui-ci se demandait ce qu'il y avait bien pu se passer dessus.
C'était le début de l'année, il avait réussi trop facilement ses partiels et ce malgré tous les événements qui avaient perturbé sa vie durant les derniers mois. Après son coup à la superette des Horses, le réseau en sursis était tombé et il avait rejoint officiellement le réseau des Argonautes qui devenait les maîtres du trafic dans la ville de Saint-Amour.

Une majorité du réseau était là, des petits trafiquants jusqu'au bras droit du boss pour une petite sauterie entre collègues. Nathaniel détestait ces fêtes décadentes mais il devait se montrer pour faire croire à tous qu'il était intégré.
En plus, c'était dans ce genre de fêtes qu'il aimait bien faire traîner son oreille, récolter quelques informations qu'il notait ensuite dans son carnet. Il assurait ses arrières si un jour le navire coulait, surtout qu'il n'aimait pas ce qu'il faisait, qu'on lui avait forcé la main, alors pourquoi il ne s'en servirait pas non plus ?

Généralement, il buvait une bière, discutait à droite et à gauche puis il partait. Déjà trois mois qu'il avait intégré les Argonauts mais il n'avait jamais vu le grand patron qui se faisait appeler Jason, très original.
Il ne quitterait pas le réseau sans avoir découvert son identité puis il balancerait l'info aux flics.

Chris débarqua, déjà alcoolisé, et il avait ramené avec lui plusieurs filles, des amies d'un ami d'un ami qui aimaient faire la fête. Le dealer de seconde zone acosta Nathaniel lui et présenta Coralie et Sabrina qui s'installèrent à ses côtés pendant que le jeune homme allait ramener quatre canettes de bière.
Sabrina était plus âgée et elle flashait sur Chris qui déjà avait trouvé le chemin de son cou. Coralie était plus jeune, fraîchement sortie du lycée, elle s'était laissée entraîner par sa cousine mais elle n'était pas franchement à l'aise de se retrouver là.

— Et sinon, tu connais bien Chris ? commença-t-elle à l'intention de Nathaniel.
— Je traîne avec lui depuis quelques mois...

Deux fois par semaine, il accompagnait son collègue lors de ses ventes, ils patientaient une heure ou deux dans un secteur et le défilé de voitures était presque incessant. Nathaniel ne se doutait pas de toutes les personnes qui pouvaient consommer des substances illicites, allant du simple cachet anti-douleurs, à la résine de cabanis ou à des drogues dures nettement plus dangereuses. Il avait appris que les Argonautes possédaient une gamme de marchandises plus importante que les Horses et qu'ils avaient de nombreux clients satisfaits. Nathaniel essayait de retenir des noms, des plaques d'immatriculation mais il était impossible de tout noter mentalement. Il valait mieux retenir les informations importantes comme les noms des fournisseurs et les gens impliqués...

— Sinon je suis à la fac d'Antéros, compléta Nathaniel à l'intention de Coralie.
— Ah ouais ? Je travaille dans le resto de mon père... Il avait besoin d'une serveuse et j'en avais marre des études après le bac...

Les deux jeunes discutèrent toute la soirée et Nathaniel resta bien plus longtemps que d'habitude. Coralie était pétillante, drôle, elle possédait un esprit d'analyse et elle était jolie comme un coeur.
En vérité, c'était la première fois depuis bien longtemps que Nathaniel n'avait plus regardé une fille comme ça, il détailla ses cheveux châtains lisses et soyeux dont il avait envie de perdre sa main dedans. Ses yeux noisette brillaient de malice et son visage, comme son corps, appelait le désir.

L'alcool aidant, il avait trouvé le courage de lui demander si elle voulait bouger de là, elle avait accepté. Ils s'étaient retrouvés dans le parc, il était tard et il lui avait prêté son manteau. Il avait froid mais Coralie sous son bras était reconnaissante.

— Et tu as quelqu'un ? questionna-t-elle pas très subtilement.
— Non, plus maintenant. Ça fait longtemps... évita-t-il.
— Je suis désolée que tu aies souffert...
— Merci, mais j'imagine que c'est la vie, on s'aime, on se quitte et on rebondit.

Est-ce que c'était trop direct ? En tout cas, Coralie avait bien compris ce que lui-même n'était pas prêt à entendre. Ils s'étaient dirigés vers son appartement, elle avait accepté de monter. Nathaniel lui avait servi une nouvelle bière et ça lui faisait bizarre de ramener une fille autre que Milla ou sa soeur chez lui. Il se sentait impressionné comme un adolescent et Coralie le sentit.

Elle ne semblait pas aussi embarrassée, même très à l'aise, peut-être d'avoir le dessus sur l'étudiant.
Elle avait pris des mains de Nathaniel sa bière pour la poser sur la table et elle revint vers lui. La jeune femme était montée à califourchon sur lui, ses mains encadrant son visage et son regard noisette était si compatisant.

— Tu as l'air d'être quelqu'un de bien Nath'...

Il n'avait pas trouvé quoi lui répondre, touché par des mots qu'il n'avait plus entendus depuis longtemps, des mots qui le heurtèrent profondément. Il enlaça Coralie de ses bras, enfouit son visage contre sa poitrine alors qu'elle embrassait ses cheveux tendrement.

Pour la première fois, Nathaniel comprit qu'il survivrait à la rupture avec Milla. Il avait trouvé une personne pour l'aider à surmonter son mal-être.

Ils avaient fait l'amour, leurs ébats étaient tendres, respectueux. Nathaniel, passionné, tâchait d'être endurant, il voulait procurer à sa partenaire du plaisir, partager avec elle le bonheur de sa présence, la remercier d'être avec lui.

Il avait passé une nuit agréable pour la première fois pour depuis longtemps.


Au petit matin, l'étudiant avait trouvé Coralie en sous-vêtements à quatre pattes au milieu de la chambre. Il sourit en repensant aux dernières heures.

— Si tu cherches les croissants ils sont plutôt dans la cuisine, gloussa-t-il de bonne humeur.
— Tu l'as mise où ? rétorqua Coralie plus rudement.
— De quoi ?
— Ta came ! J'ai besoin d'une dose.

Nathaniel se redressa sur ses coudes pour regarder la jeune femme, elle était toujours aussi attirante mais son visage aux sourcils froncés, à l'air grognon, était bien différent de celui généreux et souriant de la veille.

— Mais j'ai rien ici...
— Quoi ? Tu te fous de moi ? s'exclama-t-elle.

Comme une furie, Coralie prit ses affaires et se rhabilla rapidement, furieuse.

— Attends, tu croyais que... je revendais ?
— Tu traînes avec Chris, je sais qu'il deale, je pensais que toi aussi !
— Tout ça, c'était pour...
— Pourquoi tu crois que j'ai supporté de t'avoir écouté pleurnicher toute la soirée ! s'emporta-t-elle. Je rêve !

Nathaniel la regarda, effaré, et, encore une fois, il se sentit idiot de ne rien avoir à lui répondre. Il pensait fermer une blessure quand une autre venait de lui éventrer le coeur. Coralie s'était servie de lui pour obtenir de la drogue gratuitement. Elle s'était offerte à lui dans ce but et il n'y avait vu que du feu... Elle quitta l'appartement et Nathaniel ajouta une nouvelle brique à la carapace que les derniers événements l'avaient forcé à construire pour se protéger.