𝟒. 𝐓𝐡𝐞 𝐀𝐥𝐭𝐫𝐮𝐢𝐬𝐭

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Labanese Blonde - Thievery Corporation.


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La fatigue, la peur, la montée d'adrénaline, c'était son quotidien depuis plus de deux mois qu'il était dans ce foutu pays. Deux mois, qu'il dormait à peine plus de deux heures par jour, son arme en constante alerte, l'œil dans le viseur pour tirer sur le moindre intrus qui passait dans son champ de vision. Il recala son oreillette, et attendit les ordres, comme chaque jour depuis deux mois.

Foutu pays, foutu désert et foutue mission, il n'en voyait plus la fin et surtout ne comptait plus le nombre d'hommes qu'il avait tué pour défendre ce restant de village à moitié détruit, qui n'appartenait pas encore à l'ennemi.

Ne pas lâcher, ne pas craquer, attendre, juste attendre qu'on vienne enfin le tirer de cette merde avec ses hommes, la totalité de ses hommes, c'était tout ce qui lui importait à partir de maintenant. Ce n'était pas sa guerre, ce n'était pas son pays, mais comme tout bon soldat, comme tout bon tireur d'élite, il avait obéi aux ordres et organisé son commandement pour venir aider les forces américaines à récupérer leur territoire, ici en terre inconnue, ici à Bagdad, en Irak.

Foutou pays et foutu désert.

En deux mois, il avait connu l'horreur, comme il ne l'avait jamais vu avant, parce que cette guerre qu'il menait contre les intégristes était injuste, sauvage et monstrueuse, mais surtout psychologique. Elle touchait les femmes, les enfants et il avait vu leurs têtes découpées avec des couteaux alors qu'ils étaient encore vivants, le tout sur les places publiques pour montrer l'exemple. Il avait alors compris qu'avec ces gens-là, il n'y avait pas de compromis, ils étaient conditionnés pour tuer, quel qu'en soit le prix. Alors il s'était conditionné, lui et ses hommes et il avait mis son masque, puis il avait tiré, encore et toujours pour sauver ce morceau de village, pour sauver sa peau et celle de son équipe. Il avait dû faire ce qu'il s'était toujours promis de ne jamais faire, tuer des femmes et des enfants, parce qu'ils étaient l'ennemi, un ennemi caché sous des gueules d'ange, qui avait failli plusieurs fois le perdre, lui et ses hommes.

Aussi dès qu'il refermait les yeux, pour essayer de trouver le sommeil, c'est leurs regards qu'il voyait dans son viseur et c'est son âme qu'il voyait disparaître. Il le savait, plus rien ne serait jamais comme avant s'il s'en sortait. Il devait tenir, résister s'accrocher à ce qu'il avait encore dans son pays, en Corée. Oui résister, ne pas lâcher, jamais.

Foutu pays, foutu conscience.

Mais maintenant il était à bout, il ne restait plus que lui et ses hommes et une poignée de soldats américains, contre une armée de monstres sanguinaires, attendant patiemment qu'ils s'épuisent pour venir leur régler leur compte, devant une putain de caméra, pour montrer au monde qu'ils étaient les plus forts. Oui, il devait tenir, pour ne pas retrouver sa tête et celle de ses hommes au bout d'un pic.

— Lieutenant, vous tenez le coup ? Lui demanda son sergent, qui était venu prendre place à côté de lui, pour lui apporter une gourde remplie d'eau.

— Ça va Hong-Jun, j'ai juste les yeux qui piquent, avec ce maudit sable. Où sont les autres ?

— En position mon lieutenant.

— Bien, toujours pas de nouvelles ?

— Rien mon lieutenant.

— Ok, remplace-moi, je vais faire un tour au poste de contrôle, et il tapota l'épaule de son soldat, amicalement, puis s'éloigna.

𝐇𝐎𝐒𝐄𝐊𝐈 ᵗᵏᵏOù les histoires vivent. Découvrez maintenant