Prologue

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Une nouvelle ville, de nouveaux amis, un nouveau départ... J'ai appris énormément ces dernières années auprès des êtres qui m'ont été chers. On a tous, à un moment l'envie de s'enfuir, loin, d'échapper à tous nos problèmes. Malheureusement, il y a toujours un moment où la vérité vous rattrape. Je me suis battue, j'ai vraiment essayé de continuer à avancer malgré tout, mais il n'en est rien. Je repense sans cesse au passé, je me demande comment aurait pu être ma vie si tout ça n'avait pas eu lieu. On a tous un ennemi, moi c'est le cancer. Il embarque tour à tour ceux pour qui j'avais énormément d'affection. Ma mère s'est battue durant beaucoup d'années contre son cancer. Elle a eu le cancer du sein, après une opération et un dur traitement, elle a été dite « soignée ». Mais, on ne guérit jamais véritablement de cette maladie. Un an plus tard, c'est son cerveau qui a pris. Quand le cerveau est touché c'est difficile de ne pas perdre la tête. Ces dernières années, ça a été horrible de voir son état se dégrader de jour en jour. Puis, surtout de la voir perdre la raison. Quand je venais la voir, parfois elle ne se souvenait plus de moi, sa fille. Ça fait mal quand ça vous arrive. Terriblement. Vous vous demandez « Et son père alors ? » Je n'ai pas vraiment connu mon père donc... Mon père est parti quand j'avais 8 ans mais, je ne me souviens pas de son visage, ni de sa voix. On m'a dit que je m'étais protégé en effaçant certains souvenirs de lui. J'en reviens à me dire que je suis orpheline, enfin... Puis-je vraiment utiliser ce terme ? Sachant que j'ai 19 ans. Ma mamie devient âgée et elle n'a plus vraiment le temps de s'occuper de moi. C'est pour cela qu'elle m'envoie chez l'une de ses amies que je ne connais que de nom : Nathalie. Même si ma mamie m'a raconté quelques histoires sur elle, Nathalie restera une inconnue jusqu'à que ce je sois arrivé chez elle. Elle habite une maison, près d'un lac, le rêve. C'est dans la compagne, isolé de tout. Elle est sûre de ne jamais être dérangée par ses voisins au moins.
Mes cartons sont fin prêts. Comme ma mamie ne peut pas faire de longs trajets en voiture, je suis partie en train. C'est le fils de Nathalie qui est censé venir me chercher. Pendant mon trajet en train, les cartons voyageront en camionnette louée auprès d'une société de déménagement. Étant donné la façon dont l'homme, aux bras musclés a balancé certains cartons j'espère qu'ils arriveront vraiment en bon état et à bon port.
Dans le train, pas d'autres solutions que d'écouter de la musique en utilisant mes écouteurs pour éviter d'entendre les cris perçants du bébé qui se trouve à quelques sièges de moi. Soyons positive, il aurait pu se retrouver sur la même banquette que moi. J'ai horreur des cris d'enfants. Ça donne mal au crâne. Pour le moment, je veux juste être dans le calme et malgré mes écouteurs je parviens tout de même à percevoir certains hurlements plus forts que les autres. Satané bébé. Je décide de prendre mon sac à dos avec de quoi m'occuper à l'intérieur et rejoindre l'espace valise. Dans le TGV, il y a des banquettes près des toilettes, au moins il n'y aura seulement les passagers qui feront des va et viens qui me dérangeront et non des cris aussi pesants qu'incessants. Le reste du trajet s'effectue dans un silence agréable qui me permet de réfléchir et de rêver à ma nouvelle vie. Je m'imagine devenir la meilleure amie du fils de la dame, être une fille modèle pour que ma mamie n'entende que du bien de moi et surtout que j'arrive à me faire des amis ! Ce n'est pas gagné vu mon caractère. Je suis assez renfermée au premier abord, je mets du temps à me lâcher et me sentir à l'aise avec les personnes. En revanche après, c'est une toute autre histoire ! J'aime bien dire ce que je pense, le problème c'est que je n'ai pas ma langue dans ma poche. Pourtant, je sais qu'à certains moments, il vaut mieux garder ce qu'on pense pour soi pour éviter de se prendre une claque ou bien perdre un ami. Ça m'arrive assez souvent de perdre les personnes auxquelles je suis attachée à cause de ce défaut. J'espère donc que ce nouveau départ puisse réellement m'aider à devenir une toute autre personne, bien meilleure. Mon objectif : ne pas me faire remarquer et surtout ne pas dire tout haut ce que pensent les gens tout bas. C'est désormais ma règle d'or de survie. Le conducteur du train annonce que nous arrivons à la gare où je dois descendre, cela me fait sortir de ma rêverie et je me rends compte que suis totalement stressée à l'idée d'aller vivre chez des inconnus, bien que ma mamie m'ait assuré qu'ils soient exceptionnellement gentils et des personnes en or. J'aurais aimé qu'elle m'accompagne... Pour descendre du train je décide d'attendre que la vague d'inconnus ait fini de se ruer dehors, comme des bœufs qu'on envoie à l'abattoir! Le fait d'être collée à pleins de personnes me rend hors de moi surtout quand ça pousse pour aucune raison. Je crois bien que je suis allergique aux contacts physiques. Une fois mon sac à dos sur les épaules et ma veste accrochée à ma taille je me dirige vers l'extérieur de la gare. Pendant ce court trajet, j'appelle ma mamie en espérant qu'elle réponde :

« Coucou Mamie ! C'est Aria. Tu me manques déjà...
- Je sais ma puce, mais tout va bien se passer, tu as déjà retrouvé Nate ?
- Non, je viens seulement d'arriver à la gare. Je t'enverrai un message une fois que je serais arrivée en vie à bon port, si ça arrive.
- Ne soit pas pessimiste ! Tu m'as promis que tu serais plus positive. »

Elle a raison, je viens à peine d'arriver que déjà mon mauvais côté prend le dessus. Je sens que ça va être plus dur que prévu de changer.

« Bien mamie, je vais arriver en vie, avec tous mes cartons intacts !
- J'ai dit positive et non irréaliste, répond ma grand-mère en parlant des cartons jetés.
- Mamie ! Ne me dis pas des choses pareilles, mes pauvres cartons... Bon je te laisse je vais essayer de chercher le gars.
- Il s'appelle Nate ! Bisous ma grande. »

Je raccroche. Ma mamie a un don pour me faire rire.
En sortant de la gare, je me rends compte que je ne sais même pas à quoi ressemble ce Nate. Il est grand, petit ? Roux, blond ? Je n'en ai aucune idée. Comment dois-je faire pour le retrouver parmi toutes ces personnes. D'un coup, j'ai l'impression que tout le monde se ressemble. Je suis prise d'un vertige et m'agrippe à un banc. J'ai une peur bleue de la foule. Une main me saisit l'épaule, ce qui n'arrange en rien la situation. Je me retourne brusquement avant de trouver face à moi une maman qui a un doux sourire sur son visage.

« Excusez-moi mademoiselle, vous savez où est la station de bus ?
- Je suis désolée, je suis toute aussi perdue que vous, je rigole. »

Elle eut un petit rire et s'excusa avant de s'en aller demander à d'autres personnes qui avaient, j'ai bien l'impression, plus l'habitude que moi de ce coin. Je prends mon courage à deux mains et je cherche des yeux une pancarte de dépose minute. Par logique, il a dû se garer là. A moins qu'il soit venu en bus... ça m'étonnerai. Après quarante minutes d'attente, je suis en train de me demander si on ne m'a pas déjà oublié. Je suis en train de penser, que je ne suis vraiment pas la bienvenue ici. Je me dirige vers un vieux monsieur, je suis plus à l'aise pour parler avec des personnes âgées.

« Bonjour monsieur, désolée de vous déranger, je suis nouvelle dans la région. Je cherche à rejoindre le lac.
- Vous avez bien de la chance ! Le bus est là-bas près à s'en aller, si vous courrez, vous l'aurez ! Le lac est magnifique, bonne balade. »

Je le remercie avant de taper le meilleur sprint de toute ma vie. Le monsieur avait raison, je l'ai eu. Bon, le chauffeur avait déjà fermé ses portes, mais il a bien voulu me prendre quand même. Dans mon ancien chez moi, ça ne se serait pas passé comme ça. Les gens sont tous fermés et bronchent tout le temps. Le chemin en bus se fait dans un calme apaisant. Il y a peu de monde et le chauffeur m'a assuré qu'il me préviendrait quand on sera arrivés à destination. Ça ne loupe pas, après trente minutes de trajet, avec une vue magnifique, le chauffeur me fait un signe avec un large sourire. Je le remercie et descends. Waouh, c'est donc ça le fameux lac. Il y a des arbres partout, de la verdure à s'en arracher les yeux et pleins de plantes de différents types. C'est tout bonnement magnifique. Le détour en vaut le coup. Par chance, je vais habiter juste en face. L'arrêt de bus est à dix minutes de marche, pas moyen que je me perde. Je vois l'immense maison face à moi, au bout d'une énorme allée avec des arbres partout sur les deux côtés de la route. Soudain j'entends une voiture arriver à toute vitesse derrière moi, je me décale avant de me faire percuter. Je ne me peux m'en empêcher :

« ABRUTI FAIS ATTENTION ! »

Les mots sont sortis tout seul... Par chance il n'a pas l'air d'avoir entendu, pourtant il avait une décapotable rouge vif. Oups, je vois la voiture s'arrêter devant la maison. Il doit m'attendre pour me crier dessus. Même pas peur. J'arrive à sa hauteur et le gars me regarde, si ses yeux avaient pu tirer des balles, je crois que je serais déjà morte. Il a les cheveux noirs ainsi que ses yeux, ça fait flipper.
Quand il vient pour parler il est coupé par l'ouverture de la porte d'entrée de la maison.

« Oh Nate tu es rentré et tu as ramené Aria ! Fantastique, j'ai cru que tu avais oublié, vu l'heure qu'il est... »

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J'espère que le premier chapitre vous a plu !
N'hésitez pas à laisser un commentaire pour donner votre avis ☺️
Merci d'avoir lu !

Changement [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant