Changement [Terminé]

Des allies ?

La route est entourée d'arbres et il n'y a aucune lumière pour l'éclairer. Donc je marche à l'aide de la lampe torche de mon téléphone pour y voir clair, puis surtout pour prévenir que je suis ici et éviter de me faire écraser par une voiture. Il n'y a pas plus dangereux que ce que je fais, j'en suis parfaitement consciente. Ça doit faire trente minutes que je marche ainsi, mon téléphone n'a presque plus de batterie. Je commence à croire que j'aurais dû rester à cette soirée et me laisser traiter comme un objet qu'on jette par-dessus bord, sans mauvais jeu de mot. Je m'en veux de ce que j'ai dit, mais en même temps je le pensais un peu. Kai a voulu m'emmener à la soirée pour prouver quoi au juste ? Il est gentil ? Méchant ? Je n'en ai aucune idée. Je ne le comprends pas. Et voilà, mon téléphone finit par rendre l'âme. Plus pourrie comme soirée, y'a pas. Je continue d'avancer avec la chair de poule. Même avec le plaid sur les épaules je suis frigorifiée.En même temps il doit être aussi trempé que moi à présent. Je suis vraiment pathétique. Je m'assois sur le bas-côté de la route à même le sol. Les larmes me montent aux yeux. Seule dans le noir, en pleine forêt et dans une ville inconnue là c'est trop. J'aurais voulu appeler ma mamie mais mon téléphone est éteint et de toute manière vu l'heure qu'il est-elle doit être en train de dormir. Inspire, expire Aria. Je ne vais tout de même pas pleurer à cause d'abrutis dans leur genre. Ce n'est pas mon style. Pendant mon monologue intérieur, des pleins phares m'éblouissaient. Ah non, non, je veux que ce soit n'importe qui mais pas un pervers. Je croise les doigts cachés derrière le plaide mouillé. Je dois avoir l'air d'une biche apeurée. Je reconnais la voiture, c'est celle de Kai. Par pitié, non. Il ouvre la portière en tendant son bras, « monte » m'ordonne-t-il à moitié. J'ai presque envie de refuser mais j'ai beaucoup trop froid et surtout je suis totalement paniquée parce que je ne reconnais pas le chemin. Je n'ose pas le regarder dans les yeux ou dire quoique ce soit. Il monte le chauffage avant de me donner sa veste, qu'il me met sur les jambes.

« Kai..Je suis-
- Je crois que tu as assez parlé pour la soirée tu ne penses pas ? »

Il m'en veut. Bien-sûr qu'il t'en veut andouille ! Je voudrais m'excuser, mais les mots ne sortent pas. Il a le regard concentré sur la route. Je me recouvre de sa veste sans un bruit. La chaleur me fait un bien fou, j'ai juste envie de dormir maintenant. Bien sûr, je ne me le permettrais pas. L'autoradio émet un son sourd, je me permets d'augmenter le volume, il me regarde faire mais ne bronche pas. Je reconnais la chanson, c'est celle que Henry chantait toute à l'heure. En parlant d'Henry, il est où ? J'ai envie de lui demander, mais il n'a visiblement pas envie que je parle. Toute à l'heure quand Henry la chantait, Kai paraissait si joyeux. Maintenant c'est loin d'être le cas... Je prends mon courage à deux mains et coupe la musique. Interloqué, il lève un sourcil en ma direction.

« Ecoute, je sais que tu n'en a pas envie, mais tu n'as pas le choix. »

Ce n'était sans doute pas la meilleure idée de commencer la discussion comme ça, mais je n'ai pas trouvé d'autres mots.

« Je suis vraiment désolée pour tout ce que j'ai dit à la soirée, j'aurais dû me taire ou trouver des mots plus doux. Mais je ne sais pas ce qui m'a pris. Je ne vais pas te dire que je ne pensais pas ce que j'ai dit car ce serait faux. Mais dès mon arrivé, Nate a été un véritable...
- Con, souffle Kai.
- Exactement... Je me suis retenue de lui dire toutes ces choses. »

Kai rabat la voiture sur le bas côté, même si en vrai il aurait pu rester planté en milieu de route étant donné qu il n'y a personne. Il me scrute.
« Tu trouves vraiment que je suis son chien ? Tu sais pourquoi je t'ai jeté à l'eau au moins ? »
Je hoche de la tête pour dire que non je ne le pensais pas, pas ça du moins. Son regard est si intense, je me perds dans ses yeux verts qui pourraient m'exterminer en un seul clignotement.

« J'avais le choix.
- Alors tu aurais dû dire que tu n'en avais pas envie.
- Non pas ce choix-là. Sois je te foutais à la flotte, soit je devais te mettre une drogue que Nate m'a donné dans ton verre pour que tu sois moins chiante. »