Changement [Terminé]

Trempés

Je me relève d'un coup en regardant Kai dans les yeux, j'ai l'impression d'avoir fais la plus grosse gaffe de ma vie.

« Jess, je te rappelle. J'ai une urgence.
- Pas de soucis ! A plus tard. »

On raccroche en même temps. Je m'avance vers Kai lentement, en gardant mes distances. Quand il vient pour s'exprimer, me repousser plus précisément, le tonnerre se met à gronder puis vient la pluie qui se transforme rapidement en grêlons. En un rien de temps, on se retrouve trempés. Il me désigne un abri de bois non loin de notre position, toujours plus proche que le chalet en lui-même, on court s'y abriter. Il passe sa main dans ses cheveux une fois à l'abri pour ne plus les avoir devant le visage. Quant à moi, je passe mes bras autour de moi et je regarde le ciel.

« Je comprends pourquoi le directeur n'arrivera pas ce soir... »

Il ne répond pas et regarde dans ma direction.

« Si tu veux on peut rentrer dans le chalet, trempés pour trempés...
- Non, ça ira. Attendons que ça se calme. »

Il s'installe sur un tronc d'arbre. Je ne sais pas quoi dire, avec lui c'est compliqué de parler. Au moindre faux pas, il n'en rate pas une pour nous dire des choses insensées, comme la dernière fois dans le studio de danse. D'ailleurs depuis ce jour-là, on ne s'était plus reparlé... Sauf à la soirée, où Jess et moi étions totalement ivres, mais pour me rappeler précisément des dialogues c'est assez compliqué.

« Kai, je peux te poser une question ?
- Fais donc, je te l'avais promis de toute façon. »

Il parle du moment à l'hôpital, où j'étais dans le coma et qu'il me parlait. Il m'avait dit que quand je serais réveillée je pourrais lui poser toutes les questions que voudrais sur cette fameuse soirée.

« Il s'est passé quoi à la soirée ? Je veux tout les détails que tu pourras me donner.
- Premièrement, tu as bien picolé à ce qu'on m'a dit avant que j'arrive. Et quand le moment est arrivé, tu m'as agrippé le bras pour me dire à quel point j'étais un imbécile de penser que tu pouvais être intéressée par ma popularité, qui d'après toi serait moins haute que celle d'Henry le « mec le plus mignon de toute la planète » je te cite. »

Ouah... Ce n'est pas du tout gênant...Je n'ose même plus le regarder dans les yeux, alors mes pieds deviennent mes meilleurs amis.

« Après avoir parlé pendant trente bonne minutes de Henry Monsieur Parfait, tu as avoué que tu me trouvais gentil mais borné sur certains sujets notamment les filles. J'oubliais ! Tu m'as dit que Nate était un sale con prétentieux, il n'était pas très content d'entendre ça, donc j'ai dû te monter à l'étage. Puis c'est la où tu t'es mise à crier et à sauter de joie. »

Si je pouvais m'enterrer vivante, je le ferais. Actuellement mon état de gêne a explosé la barre, pourtant ce n'est toujours pas fini. Je sens le rouge me monter à la tête.

« Tu as enfin fini par te calmer et tu as réclamé un câlin pour t'excuser cinquante fois dans mes bras. Bref Aria tu veux vraiment que je continue ? On a compris tout les deux qu'on s'appréciait pas.
- Toi peut-être. Mais tu n'oses même pas me raconter qu'après ça, je t'ai avoué que tu étais un garçon sensible et que tu méritais de trouver l'amour. J'ai très bien compris que tu m'en voulais et qu'on ne pourra jamais être des amis, mais je n'ai jamais été attirée par ton argent ou ta cote de popularité. Je sais que l'histoire de Nate et son ex t'a blessé, que tu ne fais plus confiance aux filles mais tu l'as très bien dit à l'hôpital, je ne suis pas comme les autres. Je sais reconnaitre les qualités des autres même en étant bourrée! Maintenant continue de faire Monsieur JeHaisLesFilles et de ruminer, moi je rentre. »

Au moment de partir, il me rattrape la main et baisse les yeux en me tirant vers lui afin de m'avoir en face de lui.

« J'ai peur parce que je n'ai jamais ressenti ça auparavant... Pourquoi avec toi je me sens si bien ? A chaque fois que nous sommes ensemble, je n'ai pas envie que ce moment s'arrête. J'ai été un lâche, t'insulter c'était mon moyen de défense. Pourquoi tu te soucies autant de moi ? Pourquoi avoir demandé toutes ces informations à mon sujet auprès d'Henry ? Pourquoi ne pas me les avoir demandés à moi ?
- Tu m'aurais envoyé balader...Mais je veux connaître ta version de l'histoire. Pourquoi Nate t'en veux ?
- Elle n'était pas nette dés le début sa nana... Quand Nate a quitté les loges pendant un concert et qu'il ne restait que moi, elle est montée sur mes genoux et a voulu m'embrasser. Je lui ai dit que ça ne m'intéressait pas et qu'en plus de ça elle était déjà avec Nate, elle s'en fichait. Tout ce qu'elle voulait c'était se taper le plus de star dans sa vie. Nate a débarqué au moment où elle a retenté de m'embrasser et je n'ai pas été assez réactif pour la dégager. Si tu savais comme je m'en veux, à cause de ça, il est devenu encore plus violent qu'avant, le groupe a faillit se séparer et le pire c'est le scandale qu'il y a eu dans la presse.
- Pourquoi ne pas lui avoir dit la vérité ? Je veux bien croire qu'il est borné mais quand même tu étais son ami...
- Il n'a pas la même vision que toi. Pour lui je me suis juste servie de lui pour faire du buzz dans les médias. Même si c'était un mauvais coup de pub, au moins, j'avais ma tête sur certains journaux. J'avais volé la vedette au grand Nate. Puis son ancienne copine s'est tirée en divulguant plein d'informations privées que Nate lui avait données, elle est devenue populaire sur les réseaux grâce à ça. »

Je reste choquée des révélations que Kai vient de faire. Cette histoire est totalement folle, digne d'un film. Il faut que Kai lui raconte tout ce qu'il m'a dit et Nate doit l'écouter. Il n'a pas l'air de mentir, sa sincérité se lit sur son visage... Dans la lancée de tout ce dialogue je le prends dans mes bras, en le serrant fort.

« Je suis désolée pour tout ce que je t'ai dit.
- On oublie tout et on repart sur des bonnes bases...
- Soyons enfin amis.
- Maintenant que nous sommes amis mon cher Kai, je peux te demander pourquoi en me réveillant le lendemain de soirée j'étais en sous-vêtements avec Jess et Kris dans le même lit ? »

Une tête un peu choqué se lit sur son visage, je vois qu'il n'est pas au courant de chaque détail.

« Alors en sous-vêtements, oui c'est normal... Mais je ne savais pas que Kris vous avait rejoint, j'aurais dû rester vous surveiller.
- En quoi c'est normal de se retrouver en sous-vêtements ?! Je hausse la voix sans m'en rendre compte.
- Tu as suivi Jess qui dansait sur la table du salon. Je voulais te mettre l'un des t-shirt que Newt t'avait gentiment prêté mais tu ne voulais pas. Puis qu'est-ce que tu peux être violente quand tu t'y mets ! Une vraie sauvage, il rit. »

Je cache ma tête entre mes mains, c'est tellement embarrassant. Il me prend le poignet pour me dégager le visage, il sourit.

« Pas besoin de te cacher, c'est fait, on ne peut plus retourner en arrière. Puis y'a que Newt et moi qui sommes au courant pour ça.
- Oui enfin, tout le monde m'a vu en sous-vêtements.
- Non, y'a moi et sans doute... Kris. Jess était trop éméchée pour se rappeler de quoique ce soit.
- Y'a aussi Newt qui m'a vu. Le lendemain, je recherchais mes vêtements partout dans la maison. D'ailleurs comment mes chaussures ont pu se retrouver sur le ventilateur ?
- Ça c'est Jess, elle a un bon lancer. »

On rigole tous les deux, comme dit le vieux proverbe « Vaut mieux en rire, qu'en pleurer ». Je m'assois à côté de Kai avec de l'écart entre nous en regardant le mauvais temps. Je me plie un peu sur moi-même, pour éviter la douleur aux hanches. Vite le soleil revient, je suis en train de mourir sur place. Je déteste le mauvais temps, sûrement parce que je suis frileuse. Kai remarque que j'ai la chair de poule et enlève sa veste pour me la passer sur les épaules.

« Tu n'as pas froid ?
- Non, ça va, il me sourit. »

Son sourire est si adorable, j'ai envie de me coller contre lui pour être en contact de sa peau chaude, cependant je me reconcentre sur mes pieds. Mes chaussures sont trempées, je peux sentir l'eau qui rentre dedans, désagréable sensation au passage.

« Aria, merci d'avoir pris le temps de m'écouter.
- Ce n'est pas comme si il y avait que ça à faire, je le charrie. »

Il ouvre grand les yeux surpris et finit par sourire. C'est le début d'un nouveau départ.

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