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De Manhattan au sud d'Harlem il n'y avait même pas quinze minutes sans bouchons, et à cette heure les routes passent facilement. Elle devait sûrement venir en voiture, elle n'avait plus pour longtemps. Je regarde le troisième t-shirt que j'ai essayé dans le miroir, rien ne semble me plaire et le temps file, je stresse d'une manière inexplicable, ce n'est pas la première fois qu'on se voyait, mais je ne pouvais pas m'empêcher d'avoir cette boule décidée à résider dans mon ventre.

Finalement, un sweat accompagné d'un short en jean remporta la victoire, il n'y avait pas de quoi faire un plat, elle voulait probablement qu'on se voit juste pour passer le temps rien que toutes les deux, il n'y a vraiment pas de quoi en faire un plat...

Mon iPhone gronde sous ma poche et ma boule de stress s'est transformé en un ouragan de sensations étourdissantes. Je n'avais pas besoin de voir pour savoir qu'elle me prévenait certainement de sa présence. Et effectivement, après un coup d'œil j'avais confirmation.

Il est vingt deux heures, mes parents sont au lit depuis la fin du dîner, Nolan aussi. Alors c'est sans crainte que je dévale les marches jusqu'à la pièce de vie. J'ai la porte d'entrée sous le viseur alors je fonce tête baissée, espérant sortir le plus vite possible.

« Tu vas où comme ça ! »

Je sursaute à la voix de mon frère, il se rapproche de moi la mine sévère muni de son verre d'eau.

« — Putain tu m'as fait peur, j'ai cru que c'était les parents.

— Je me répète, où est-ce que tu t'en vas à cette heure ?

— T'es un ouf ma parole. Ça ne te regarde pas, arrêtes de vouloir jouer le rôle de mon père, non mais c'est pas croyable t'es lourd à un point.

— Nani je-

— Libre à toi de faire ce que bon te sembles, moi je sors. »

Liant la parole à l'acte, je me retrouvai déjà dans la rue pas totalement sereine, il est capable de tout balancer aux parents et j'aurais de sérieux problèmes. J'ai beau être majeure selon la loi, mais mes parents ne me considérerons jamais ainsi tant que je serais sous leurs toits, et sous leurs toits il y'a des règles, des règles comme pas de sortie après le couvre-feu en semaine, même si c'est un vendredi comme aujourd'hui. Mais mon envie de la voir était plus fort que la crainte de me faire prendre.

Je déambulais, cherchant un signal quelconque, elle m'a prévenu qu'elle était là près de la pharmacie mais aucune trace d'un canon d'un mètre quatre-vingt. Elle va me rendre folle un jour à toujours vouloir me faire attendre, quand elle se pointera je vais lui dire quelques mots.

« Hey Nani ! »

Quand on parle du chat, on voit ses yeux gris.

Je plaisante mais ses yeux dans la nuit noire d'Harlem sont brillants comme les félins de minuits, ils sont étincelants, presque effrayants. Son regard me donnent des électrochocs et de suite tout ce que j'avais prévu lui déferler, se terre bien profondément, et comme d'habitude je suis totalement hypnotisée, sous le charme.

« Désolée, j'étais là depuis un bout de temps et puis j'ai remarqué un stand de falafel, ça faisait un moment que je n'en avait pas mangé et comme il se déplaçait j'ai dû le suivre. J'espère que tu en manges parce que j'en ai aussi prit un pour toi. »

Suite à son long monologue, elle se tourne vers ce qui semblait être une bicyclette et y prit les falafels soigneusement emballés dans un mini panier accroché à son engin.

« — Attends pause t'es venue en vélo ? Parce que t'as un vélo ?

— Ouais j'en ai un, je l'utilise rarement c'est vrai mais je me suis sentie d'humeur à pédaler, surtout que la dernière fois que je l'ai fait remonte à deux ans. J'ai eu peur d'avoir oublié comment faire mais décidément ça ne s'oublie pas ! »

Dernier Souffle Où les histoires vivent. Découvrez maintenant