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Il s'est passé tellement de choses en deux semaines que j'ai eu l'impression d'avoir fait plusieurs mois sans remettre les pieds à l'école. C'est la rentrée des cours aujourd'hui et en a peine une heure je souhaite déjà que la journée se termine. En cumulant ma rupture avec Dallas, la maladie de Mia qui l'empêchera de venir en cours pendant au moins une semaine et les résultats du concours qui seront annoncés en fin de journée, je crois que j'ai toutes les raisons du monde de kiffer ma vie actuellement ; notez le sarcasme.

Pendant la grande pause de midi, le pas hésitant et traînard, je me dirige vers la salle de réunion du Columbia Register. Déjà que je n'étais pas dans mes baskets, il fallait encore que je me tape la tête de Dallas pendant une heure entière où j'étais normalement censé me reposer des séries de cours de la matinée. Je fut la dernière à passer la porte du club pour mon plus grand désarroi ; tous les yeux étaient sur moi, y compris les siens. Pour ne rien arranger, étant la co-redac' je devais prendre place sur le siège juste près d'elle, immédiatement torturée par les effluves de son parfum.

« Bien... Je pense que la, on peut commencer. »

S'enchaîne alors des minutes d'échanges diverses sur les projets et les rénovations du Columbia Register pour la nouvelle année. L'administration a finalement augmenté le budget annuel du club, de nouvelles recrues nous ont rejoint et le nombre de lecteurs a augmenté. Certains membres avaient des préoccupations alors nous avons dû rester encore un instant après la fin pour les consulter les uns après les autres. Deux personnes plus tard il ne manquait que Pretty, la brune aux yeux bleus qui venait juste d'intégrer le groupe, un sourire narquois sur les lèvres, elle prenait place face à nous.

« — Qu'est-ce que tu veux savoir ? L'agresse Dallas, usée.

— C'est vrai que Nalini se tapait Alaïs Warner puis s'est rabattu sur toi ? Apparemment vous vous êtes battu à cause d'elle ! Tout le monde en parle depuis le matin.

J'avais beau essayer mais le choc se lisait sur mes  lèvres entrouvertes, j'étais outré, assommé par ce qu'elle venait de débiter. Ça ne peut pas être entrain de m'arriver, putain de merde.

— Eh bah dis donc tu t'es pas fait chier, te taper les deux meufs les plus hype du bahut, alors là coup de maître. » Elle termine en feignant une révérence.

Envahie par une bouffée de chaleur insupportable, c'en était trop, je me suis levée et me suis mise à marcher vers une destination inconnue. Je faisais clairement pitié à voir, j'aurais pu la remettre à sa place mais c'était trop d'un coup, une rumeur de cette ampleur traînait dans toute la fac, si mes parents l'apprennent ma vie est fichue, heureusement que mon frère n'étudie plus ici, en espérant que cette histoire se calme sans conséquences. Mais qui aurait bien pu la répandre ? Et moi qui croyait vivre tout ça en secret. À quoi est-ce que je m'attendais en sortant avec elles ? Il fallait bien que ça arrive un jour ou l'autre.

Le reste de la journée, j'avais l'impression que chaque regard, rire ou chuchotement m'était destiné. Par conséquent je n'étais plus très concentré, je n'avais qu'une hâte c'était de rentrer chez moi et m'enterrer sous mes draps. Malheureusement je devais encore rester, les participants du concours d'écriture ont été tous convoqués dans une salle pour l'annonce des résultats ; à vraie dire plus rien ne m'importait, ni même cette victoire. J'avais l'impression que ma vie avait perdu de ses couleurs, j'étais comme essorée et vide.

En chemin vers la fameuse salle, je tombe sur Alaïs, je lui parle des bruits qui courent dans les couloirs, elle m'assure qu'elle n'a rien à y voir et qu'elle n'avait rien entendu de tel depuis le matin.
Je la crois sans sourciller, ce n'est pas son genre, elle est la dernière personne qui aurait voulu que ce qu'on a eu devienne publique. On change de sujets car elle me dit de ne pas m'inquiéter, elle me propose de m'accompagner pour découvrir les résultats, sa présence ne me dérange pas alors je ne refuse pas. Une fois sur place, on prend place comme les trente autres étudiants déjà présents, pendus aux lèvres du chargé. Alaïs me sert la main furtivement avant de m'offrir un sourire auquel je réponds.

Dernier Souffle Où les histoires vivent. Découvrez maintenant