18.

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Demain, c'est un jour important.

Très important car demain, c'est le concours d'écriture, celui qui désignera le représentant de Columbia. Demain c'est aussi le tout dernier jour de cours marquant la fin du semestre. Plus que préparée, je dirais que je suis prête à aller au front, à me battre contre ces blancs privilégiés, précisément contre Gianugi Politano. J'ai dit que j'allais le gagner, je ne me contenterais pas d'une deuxième place, je me suis suffisamment torturée pour ça, c'était mon année ou rien. Il fallait que je prouve, et j'allais le faire.

Il était dix neuf heures dans moins de dix minutes et j'avais la tête dans mes bouquins depuis à peu près quinze heures. Étant donné que mon téléphone était en mode avion, je n'ai eu aucune distraction, mes parents n'étaient pas à la maison et Nolan ne vivait plus ici donc, aucun moyen de faire autre chose que d'avaler des connaissances.
C'est alors que, stylo en bouche, absorbée par une phrase de George Orwell qui me faisait bloquer depuis quelques minutes, j'entends tinter la sonnerie en bas. Frustrée d'être dérangée mais surtout surprise de l'heure à laquelle mes parents reviennent, je descends à contrecœur. Mais à mon grand étonnement, ce n'était pas mes parents.

« Putain qu'est-ce que tu fais ici ? Comment t'as su où j'habitais ?! »

Je sors précipitamment de la maison et ferme la porte derrière moi, trop honteuse qu'elle voit où je vis — Oui je sais ce que vous pensez.

« — J'ai juste demandé à Alaïs parce que je m'inquiétais pour toi et elle m'a indiqué. Pourquoi tu réagis comme ça fin...

— Inquiète ? Mais pourquoi ?

— Tu réponds pas aux messages et en plus les appels renvoient directement au répondeur. S'explique la blonde en remettant une mèche derrière son oreille.

Ah oui... Le mode avion, je ne lui ai pas prévenu et en même temps je ne peux pas m'empêcher d'être touchée qu'elle se soit autant inquiétée.

— Ah ça... J'ai juste pas voulu qu'on me dérange, je révisais toute la journée, pour demain tu sais. Désolée de pas t'avoir prévenu avant de me couper du monde.

— Hmm.. Okay pour te faire pardonner tu vas te changer, me balancer tes bouquins dans un placard poussiéreux et m'accompagner au Shake Shack, on va se vider la tête avec Ja'. Et tu me connais, ce n'est pas une discussion. »

Je n'ai même pas cherché à discuter.

20h15, Shake Shack.

« Alors en gros, vous vous êtes partagé la même meuf c'est ça ? »

La personne qui venait de poser très maladroitement cette question déjà suffisamment gênante n'était d'autre que Jaden Smith. Oui, la nouvelle conquête de Mia avait exactement le même patronyme que le fils de Will Smith mais en fille et en moins connu. C'est une meuf dans la vingtaine, une brune typée d'Amérique du Sud avec un accent très prononcée, elle était grande à peu près dans le mètre quatre-vingt, avec un beau visage sans plus. Ses bouclettes et son dégradé expliquaient parfaitement l'intérêt que Mia lui porte, celle ci n'étant attirée que par les garçons manqués.

De toutes ses proies, Jaden était celle que je préférais, elle était différente, ouverte d'esprit et avec de la discussion. Elle travaillait dans un salon de tatouages en intermittence avec ses études d'acting, elle parlait souvent de ses rêves de Broadway et Hollywood, malgré tout elle avait les pieds sur terre et savait qu'être une latina lesbienne ne lui faciliterait pas la tâche sur la scène américaine.  Je me reconnaissais dans ses ambitions et c'est peut-être pour ça que je priais que ma très chère amie ne la next pas d'ici la semaine prochaine.

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