Dernier Souffle

19. A L A Ï S

« — Pourquoi tu fais souffrir cette pauvre freshman ? Tu vois bien qu'elle a des sentiments pour toi.

— Souffrir ? Tu utilises des mots un peu fort la non ? C'est vrai que c'est pas cool, mais voilà, c'est pas comme si je lui promettais des choses, elle est suffisamment grande pour prendre ses décisions tu crois pas ?

— Ce que je crois c'est que depuis ton ex tu t'es fermée à une nouvelle relation, tu vis dans le passé cupcake, Salva c'est le passé arrêtes de croire au miracle, elle viendra jamais. »

Une colère noire jumelée à de la tristesse m'envahit après ces mots, je suis en colère contre ma meilleure amie de me confronter si durement à la vérité, et c'est triste car finalement, il n'y a que la vérité qui blesse. Les larmes me montent rapidement aux yeux, je suis très vite dans cet état quand il s'agit d'elle, de Salva. C'est peut sembler ronique d'être aussi triste pourtant c'est moi qui l' ai quitté, mais je n'ai juste jamais pu trouver le moyen de retourner en Italie pour la rejoindre, et depuis le temps, depuis ce jour, on ne s'était plus jamais parlé. Alors merde, putain que je me déteste de toujours autant être amoureuse, de pas vouloir lâcher, de toujours y croire malgré les faits, je me dis qu'un jour on finira par se retrouver, parce que les âmes sœurs c'est fait pour être ensemble.

Cette femme, cette italienne, je ne la remplacerai pour rien au monde, je ne toucherais jamais personne comme je l'ai touché, je ne dirais plus je t'aime à personne d'autre, je ne pourrais pleurer pour une autre personne comme je l'ai fait pour elle, comme je le fais pour elle.

« — Tu te trompes.

— Ala-

— Écoutes Malika... J'te l'ai jamais dit mais j'ai l'intention d'y retourner, là-bas, à Genoa. L'été prochain, je prends le premier avion. Je suis maintenant presque à termes de mes projets, plus rien ne me retiens ici, je vais aller la voir, je vais aller tout réparer. »

Mon amie me communiquait énormément de tristesse à travers son regard, pas celle qui compatit et qui nous accompagne, non, cette tristesse qu'on ressent pour quelqu'un qui est en phase terminale, quelqu'un dont on a pitié, pour qui tout est finit. Malika me regardait avec cette tristesse la, l'air de me dire que je perdais complètement la tête, mais elle ne pouvait pas comprendre.

« — C'est peine perdue, tu veux mener une quête inexistante. Tu vas retourner là-bas et la trouver heureuse avec une autre personne, ayant déjà refait sa vie, tu vas aller te faire du mal, parce que je suis certaine qu'elle au moins a su tourner la page. Tu-

— Mais tu la fermes Malika ! Qu'est-ce que tu sais toi de l'amour ? T'as jamais eu de vrai relations, tu réussis même pas à garder un mec plus de deux semaines, tu sais pas ce que ça fait d'aimer et d'être aimé en retour. T'es vachement mal placée pour me donner des conseils. »

Je marche jusqu'à la cuisine et me sers un grand verre d'eau, elle me talonne de près ce qui me fait soupirer d'exaspération.

« Je sais que tu me dis tout ça juste pour que je te laisse mais je ne le ferais pas, et je vais encore moins me disputer avec toi. Alaïs je veux juste éviter que tu souffres encore plus. Tu as vu ce qui t'étais arrivée avec Jules, maintenant Salva, comprends que je m'inquiètes... »

Elle parlait mais ses mots m'importaient peu, j'observais ce plan de travail qui est la copie parfaite de celui que nous avions en Italie, je m'étais démenée à ce qu'il ressemble le plus possible à notre cuisine, à sa cuisine. Mes yeux s'embuent de larmes, et ma gorge tire légèrement, j'arrive pas à y croire que je parle de nous au passé.

« — Tu sais, souriais-je, je me rappelle encore du soir où elle allait recevoir son prix, avant de partir elle m'avait dit que si elle était devenu ce chef d'exception, c'est parce qu'elle avait eu la chance que je sois à ses côtés. Le soir même, elle m'avait dédié son prix devant tous ces hauts gradés de la cuisine italienne, notre amour il était profond, pure et véritable, je refuse de croire que je suis devenu un souvenir pour elle, on a trop vécu pour ça.